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Hausse des prix: sérieux impact pour les commerçants indépendants

17 mai 2022, 18:00

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Hausse des prix: sérieux impact pour les commerçants indépendants

Une semaine à peine depuis la hausse du prix du ticket d’autobus, et déjà les répercussions se font ressentir. Surtout au niveau des petits commerces. Des employés disent craindre une vague de licenciement…

«C’est une catastrophe ce que le gouvernement a fait», lâche d’emblée le président du Front commun des commerçants de Maurice. Selon Raj Appadu, il règne un ras-le-bol général au sein de la population. «On a l’impression que les autorités ne savent plus vers quelle direction elles mènent le pays. Le sentiment est que seuls le Premier ministre, ses ministres et les membres exécutifs des groupes socioculturels trouvent que le pays va sur le droit chemin.» Commentant les récentes hausses de prix, dont celle du ticket d’autobus, il soutient que ce sont surtout les personnes du privé et les petits commerçants qui vont ressentir les effets.

Il pointe le nombre d’emplacements commerciaux qui ne trouvent aucun preneur. «Au sein des villes, dans les différentes arcades, l’on ne voit que des boutiques fermées. Certains tentent leur chance. Ils ont payé de trois à six mois d’avance, mais après ils comprennent qu’ils ont davantage perdu qu’engrangé le moindre profit.» Et aucune indication n’a encore été donnée sur ce que compte faire le gouvernement au sujet des loyers en juillet. «L’État a étendu jusqu’au 30 juin 2022 le landlord and Tenant Bill. Ce qui veut dire qu’après le 1er juillet, l’on ne sait toujours pas ce qui va se passer. On nage dans le flou, d’autant que certains propriétaires ont déjà fait comprendre qu’ils comptent augmenter de 50 % à 100 % la location passée cette date.» Cela risque de peser aussi lourd que les récentes hausses dont le prix du ticket d’autobus. Raj Appadu avance que le commerce se porte mal. «Les gens achètent intelligemment et juste l’essentiel. Ce n’est qu’en période de fête qu’ils s’offrent des vêtements. Ils vivent au jour le jour.»

Situation que redoute également Stephane Maurymoothoo, président de la plateforme Ti Travayer Malheureux. «Le spectre du licenciement plane sur les gérants de snacks et petits restaurants. Déjà que certains peinent à joindre les deux bouts…» Il soutient que chaque cas de travailleur indépendant est différent. «Pour les maçons, ce sera au propriétaire de la maison ou du bâtiment d’encourir les nouveaux frais de transport. Dans d’autres situations, si un contrat a déjà été établi, le contracteur devra alors s’acquitter de cette nouvelle dépense sans qu’elle n’impacte le propriétaire.»

Avec le Budget qui approche à grand pas, le salaire minimal risque d’être un nouveau coup de massue pour les travailleurs indépendants. «Si le gouvernement dit de l’augmenter, cela va être très difficile pour notre secteur, d’autant que nous ne percevons aucune aide. Comment ne pas craindre le pire en pensant au nombre de chômeurs qui risque d’augmenter ? Trop d’augmentations au cours de ces derniers mois…»

Par ailleurs, en ce qui concerne les transports en commun, l’on ne note aucune baisse dans le nombre de voyageurs. «Ceux qui n’ont pas d’autres moyens que de prendre le bus continueront à le faire, qu’importe le prix du voyage», confie Alain Kistnen, secrétaire général de l’Union of Bus Industry Workers.

Toutefois, il vient avec une autre suggestion. Celle de la rationalisation du transport en commun. «Si les compagnies de transport en commun se trouvaient sous la tutelle du gouvernement, aujourd’hui, personne n’aurait eu à faire face à aucun problème. Nous aurions eu un meilleur moyen de transport pour servir le grand public. Il serait aligné sur celui du métro. Nous avons l’habitude de copier sur les grands pays comme Singapour, alors pourquoi ne pas essayer cette formule ?» Insuffler du nouveau à cette industrie du transport.