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La semaine décryptée
Voir les événements de la semaine autrement. Il s'agit d'une revue critique-et politique- de l’actualité comme rapportée dans les médias du lundi 16 mai 2020 au vendredi 20 mai 2022.
Lundi 16 mai
Promesses électorales
Dans l’express du lundi 16 mai, il est beaucoup question de promesses électorales faites par le MSM, mais difficiles à tenir. Par exemple, la promesse de l’abolition de la taxe municipale qui concerne au moins la moitié de la population mauricienne.
Fait indiscutable, le MSM bat largement tous les autres partis politiques quand il s’agit de tenir des promesses électorales. Ce qui pourrait lancer des spéculations sur la nature des promesses à être mises au compte du MSM pour les élections générales de 2024. Personne ne fait mieux que le MSM dans le domaine d’appâter les Senior Citizens. Évidemment dans le contexte de 2024, le MSM s’engagera à augmenter de façon spectaculaire la pension de vieillesse. Proposera-t-on le chiffre ‘rond’ de Rs 20 000 pour l’après-2024 ?
Pourquoi pas un support financier jusqu’à un certain plafond pour des procédures de chirurgie esthétique à l’intention des ‘dames’ et une distribution gratuite de Viagra pour les gran-dimounn ? Des subsides pour des pèlerinages à Lourdes, La Mecque et Vârânasî pourraient être aussi envisagés. Et pour les jeunes, pourquoi pas des subsides pour l’achat de smartphones, des prêts à faible taux d’intérêt pour l’acquisition de motos de 500cc à monter ? Reste à savoir que faire pour les propriétaires de taxi afin de réconcilier leurs intérêts avec ceux du Metro Express.
Mardi 17 mai
Immersub coule Dive Solutions
Quand il s’agit de défendre les intérêts de noubann et veiller à la prospérité de leur business, les institutions contrôlées par des nominés politiques ne lésinent pas sur les moyens, même en violant la loi.
C’est ce qu’on pourrait déduire en lisant un article paru dans l’édition du 17 mai de l’express où il est question du verdict de la Cour suprême condamnant la Mauritius Ports Authority (MPA) pour favoritisme en faveur d’une firme proche du gouvernement. En effet, la MPA avait favorisé une toute nouvelle compagnie, la Dive Solutions Ltd, appartenant à des mignons du MSM au dépens d’Immersub, une compagnie ayant une longue expérience du carénage des navires.
Immersub avait décidé de porter l’affaire en justice et elle a eu gain de cause. En principe, des firmes privées victimes de maldonnes dans l’allocation des contrats sont réticentes à faire appel à la justice, craignant d’être black-listed à titre permanent. Forte d’une victoire en justice, Immersub pourrait-elle reprendre ses activités dans le port ou sera-t-elle soumise à un règlement de comptes de la part de nou-bann ?
Mercredi 18 mai
«First-class whistleblowers at work»
Depuis quelques mois, le leader du Parti travailliste, le Dr Navin Ramgoolam, prend un grand risque de crédibilité en annonçant en avance d’éventuelles augmentations des prix des produits pétroliers. Ses informations partagées sur les réseaux sociaux s’avèrent par la suite totalement fondées. Le mercredi 18 mai, le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, s’est livré lui aussi à un exercice à la Ramgoolam en annonçant une hausse des prix.
On comprend maintenant que les scoops portés sur la place publique par ces deux leaders révèleraient l’existence au plus haut échelon de la fonction publique de lanceurs d’alerte qui, outrés par le degré de corruption prévalant dans les institutions, tentent de travailler dans l’intérêt public en déjouant les manœuvres des décideurs.
Normalement, dans les traditions mauriciennes, quand des fonctionnaires prennent position contre les décideurs politiques, on comprend par cela qu’un sentiment de write-off du gouvernement s’est installé dans cette classe et que cela pourrait entraîner des conséquences politiques et électorales désastreuses pour le pouvoir. Un tel phénomène s’était produit avant les élections de 1982 et 1995.
Jeudi 19 mai
«Muvman total loss»
L’express du 18 mai parle de malaise dans les relations entre le Muvman Liberater (ML) d’Ivan Collendavelloo et le MSM. Ainsi, lors d’un exercice de culte de la personnalité auquel se sont livrés des parlementaires du MSM à travers une standing ovation à leur leader Pravind Kumar Jugnauth (PKJ), les trois députés du ML, à savoir Collendavelloo lui-même, Zahid Nazurally et Ismaël Rawoo, sont restés assis.
PKJ s’est livré à une cost-benefit analysis quand le nom de Collendavelloo a été mentionné dans le scandale St-Louis Gate. Le leader du MSM a réalisé qu’il se voyait offrir un prétexte en or pour se débarrasser d’un allié qui lui coûtait cher bien que ne disposant pas d’un poids électoral conséquent. En effet, Collendavelloo occupait le poste de vice-Premier ministre, ce qui faisait de lui l’homme le plus puissant du pays quand PKJ se trouvait à l’étranger. La grande réussite de Collendavelloo aurait été la capture de quelques centaines de votes aux dépens du MMM. Mais PKJ devait payer un prix bien fort pour le soutien de Collendavelloo en termes de partage de pouvoir.
Compte tenu de l’efficacité opératoire du MSM et de PKJ, il est permis de parier que les trois ML sont des write-off au-delà de 2024. Mais en attendant, pour bénéficier de leurs votes au Parlement, PKJ jouerait le jeu de l’âne et la carotte.
Vendredi 20 mai
Révolution au Champ-de-Mars !
Oui, le pays a assisté à une véritable révolution en ce vendredi 20 mai 2022 quand on a signé l’arrêt de mort du Mauritius Turf Club (MTC), un établissement privé créé deux ans après l’invasion britannique de l’île de France, soit 210 années de cela.
Le MTC devint alors le symbole de la symbiose qui se développa entre les colonisateurs britanniques et les grands planteurs et usiniers d’origine française, qui exploitaient aussi le business de l’esclavage. Il ne faudrait toutefois pas voir dans la chute du MTC une manifestation du phénomène Black Lives Matter qui secoue actuellement les fondations mêmes de la société anglo-saxonne aux États-Unis et en Grande-Bretagne.
Ce vendredi 20 mai 2022, le gouvernement a décidé de confier à la société étatiqueCôte-d’Or International Racecourse and Entertainment Complex Ltd (IREC) la responsabilité de gérer le Champ-de-Mars. Avec IREC, c’est le début d’érection de tout un nouveau système.
Contrairement au renversement des grands symboles liés à l’esclavage et l’oppression des Noirs qu’on voit aux USA et au Royaume-Uni, à Maurice, la disparation du MTC est liée au phénomène paisa matters, c’est l’argent qui compte.
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