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Hausse du coût de la vie: l’inflation inquiète les îles, les ménages dépensent moins
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Hausse du coût de la vie: l’inflation inquiète les îles, les ménages dépensent moins
La flambée des prix affecte non seulement Maurice mais aussi nos voisins, proches ou lointains. La question que tout le monde se pose : jusqu’à quand durera cette crise qui rend malade le porte-monnaie ?
Les consommateurs ne sont pas au bout de leurs peines. Dans un récent rapport, la Banque mondiale estime que les prix des denrées alimentaires sur le marché mondial devraient augmenter de 22,9 % d’ici la fin de l’année. Une situation qui pourrait même perdurer jusqu’à fin 2024. Au grand dam des Mauriciens mais aussi de nos voisins.
Aux Seychelles, le portefeuille est en souffrance. Comme le confie Alain Lauricourt, un Mauricien qui vit au pays des Dalons. «Les Seychelles sont sévèrement impactées car nous importons beaucoup de produits», avance notre compatriote, qui travaille dans la restauration.
Dès que les prix des marchandises grimpent, c’est l’effet domino. «Le riz, l’eau, le sucre, les légumes, entre autres, tous sont importés et les prix ne pardonnent pas.» Pour essayer de limiter la casse, le gouvernement seychellois subventionne certains articles, surtout les denrées de base. «Nous avons également un supermarché qui est semi-gouvernemental. Du fait que la taxe n’est pas appliquée sur certains articles, le client peut les obtenir à meilleur marché. Cela concerne 40 produits.»
Néanmoins, la hausse du prix des carburants, a un impact sur les frais de déplacement à l’intérieur des terres. «Les tarifs sont passés de Rs 7 seychelloises à Rs 12. Comme vous le savez, qu’importe où vous allez aux Seychelles, vous payez toujours le même tarif. Le système de transport est également semigouvernemental. Mais on ne sait pas combien de temps on pourra encore compter sur les subventions.» Alain Lauricourt constate ainsi que les Dalons font attention à leur budget. «Les gens comptent leur argent et ils n’achètent que ce dont ils ont le plus besoin. Ils n’achètent plus ‘brit-brit’. S’il reste quelques roupies, alors vous pouvez voir si vous voulez faire une petite folie.»
Alain Lauricourt avance que le gouvernement essaie de trouver une solution pour que le pays soit autosuffisant, surtout en ce qui concerne les légumes. «Si les Seychellois consomment du poisson quatre à cinq fois par semaine, les autres produits sont, comme je vous l’ai dit, importés. Du coup, on demande aux fermiers et agriculteurs d’utiliser les terres arables. Mais le souci c’est que les îles sont pour la plupart éloignées et qu’il faut savoir si le coût que l’on va encourir va permettre de proposer des denrées à meilleur prix.» Le gouvernement travaille également sur un plan pour revoir les salaires des travailleurs. «Cela, afin de permettre à la population de vivre correctement.»
Avec une augmentation de 3,7 % des prix en moyenne, en un an, à La Réunion, les dépenses sont calculées au centime près. Comme le soutient le Mauricien Satyam Veeraraghoven. Il explique qu’il y a même un rationnement sur l’achat de certains produits à l’île soeur, dont l’huile. «Non seulement le prix a augmenté mais il y a aussi des ruptures de stock dans certaines grandes surfaces. On n’a droit qu’à trois bouteilles par personne.» Mais comme il évolue dans le domaine de la restauration, il peut compter sur ses «contacts» pour s’approvisionner. N’empêche que cette situation irrite les nerfs et le compte en banque. «On nous dit que c’est la guerre en Ukraine qui est la source majeure de ce problème. Idem pour le prix des carburants, même si on le paie moins cher que les Mauriciens…»
La cherté de la vie n’épargne pas nos voisins de l’île soeur. «Surtout ceux qui dépendent des allocations. Je préfère ne pas augmenter le prix de mes repas afin que tous puissent au moins s’octroyer un petit plaisir de temps en temps.» En revanche, il confie également que certaines familles, mieux loties, ne semblent pas trop se soucier de ces hausses. «Certaines n’hésitent pas à dépenser et pensent à leurs prochaines vacances. Les destinations privilégiées sont Maurice et Bangkok, qui va rouvrir ses portes aux Réunionnais bientôt.»
80 % en dessous du seuil de pauvreté
Un peu plus loin, à Madagascar, l’inflation se fait également ressentir. «Le gouvernement vient de proposer que le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) passe à 250 000 ariary (environ Rs 2 680) au lieu des 200 000 ariary (environ Rs 2 145) actuels. Le coût de la vie a augmenté depuis que la guerre en Ukraine a commencé», avance Ravin Goonmeter, administrateur de la page Expats Maurice/Madagascar.
Il soutient que le dernier sondage sur le coût de la vie effectué dans la Grande île montre que 80 % des 27 millions de Malgaches vivent en dessous du seuil de pauvreté. «C’est très dur pour eux. Une hausse du coût du carburant a été réclamée à maintes reprises par les pétroliers, mais elle n’est pas encore en vigueur. À savoir qu’un litre d’essence coûte environ Rs 41 et le diesel Rs 34. Beaucoup moins cher qu’à Maurice. Cependant, les services de santé et le gaz ménager coûtent très cher.» Le gouvernement accorde lui aussi des subventions sur plusieurs denrées de base à travers le State Procurement of Madagascar. «Malgré cela, ce n’est pas facile. Surtout pour ceux qui vivent au jour le jour, tout en se serrant la ceinture. Même si le soutien des autorités est une bouffée d’oxygène en ces temps durs.»
Grâce à une certaine autosuffisance alimentaire, le pays évite de s’étouffer. «Plusieurs produits sont disponibles sur le marché local sous le label ‘Malagasy ny antsika’. Tels que le riz, le manioc, les patates douces, les légumes, les viandes, les fruits de mer, les épices, entre autres. Madagascar peut être autosuffisante, il faudrait plus de projets pour accompagner les paysans dans ce sens.» Ravin Goonmeter avance que les Mauriciens qui habitent dans la Grande île sont en général satisfaits de leurs conditions de vie. «Même si le prix du loyer, de l’eau, de l’électricité et de l’internet sont exorbitants.»
À travers son groupe, il continue à venir en aide aux plus démunis. «Nous offrons parfois des dons, dans la mesure du possible, à travers le groupe Expats Maurice/Madagascar, les clubs Rotary/Lions/Inner Wheel/WMG et diverses ONG.»
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