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Policiers tortionnaires: les plaintes se multiplient
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Policiers tortionnaires: les plaintes se multiplient
La liste des familles victimes de brutalité et de torture policières s’allonge. Après que les familles de Christopher Pierre Louis et de David Jolicoeur ont porté plainte, cette semaine, au Central Crime Investigation Department (CCID), une autre déposition a été faite au CCID hier par Manishwar Sharma Purmanund, coordinateur national de Youth for Human Rights International (Mauritius Chapter) et directeur national de United For Human Rights, au nom de quatre personnes, qui ont fait l’objet de brutalité policière. L’objectif de cette déposition est que le CCID rouvre et réexamine, en parallèle, ces quatre plaintes déjà déposées auprès de l’Independent Police Complaints Commission (IPCC), au cours des deux dernières années.
Représentant les victimes, Manishwar Purmanund a affirmé que dans les quatre cas, la police a refusé de prendre leurs dépositions. Ne trouvant aucune oreille attentive ni aucune porte où frapper, elles se sont tournées vers United For Human Rights, qui a ensuite pris en charge les affaires et porté officiellement plainte auprès de l’IPCC. Cette instance a noté les déclarations des victimes. Cependant, aucun progrès n’a été communiqué par rapport aux enquêtes menées dans le sillage de ces plaintes jusqu’à présent, a souligné Manishwar Purmanund. «Nous avons déposé quatre plaintes depuis 2020 mais United For Human Rights n’a eu aucune nouvelle de l’IPCC relativement aux enquêtes, ni les victimes d’ailleurs», a-t-il affirmé.
Une des plaintes a trait à un incident de brutalité policière présumée sur un journalier de 34 ans, habitant Roche-Bois. Incident qui a eu lieu le 30 avril 2020, lors du confinement. Ce dernier aurait été arrêté à la rue Royale, Port-Louis, parce qu’il ne possédait pas de Work Access Permit (WAP) et n’était donc pas autorisé à sortir. Selon l’habitant de Roche-Bois, bien qu’il n’ait pas de WAP, il devait travailler et être payé pour la journée afin de gagner sa vie. C’est pour cela qu’il se trouvait à Port-Louis. Vers 15 heures, la police l’a arrêté et emmené au commissariat de Trou Fanfaron. Dans une lettre détaillant les faits, envoyée à l’IPCC par Manishwar Purmanund, le 6 mai 2020, on peut lire que selon la déclaration de la victime, il a été battu avec un manche de scie, une ceinture de policier, ainsi qu’avec une torche électrique.
Puis, un sergent est intervenu et lui a permis d’aller se faire soigner à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo. Traumatisé, il raconte s’être enfui de l’hôpital pendant la nuit par peur d’être à nouveau torturé par les policiers, bien que les médecins lui aient conseillé de rester en observation pour la nuit. «Suite à cet incident, il a choisi de porter plainte au poste de police de Roche-Bois mais les policiers ont refusé de le faire. Il s’est ensuite rendu au poste de police des Line Barracks où, là également, les policiers ont refusé de prendre sa déposition. Il s’est donc tourné vers nous», a souligné Manishwar Purmanund.
Un deuxième incident concerne une arrestation brutale et des violences physiques, qui auraient eu lieu le 18 juin 2020. Un homme avait garé sa voiture sur le parking de la clinique dentaire gouvernementale, en face du poste de police de Rose-Hill. Alors qu’il s’apprêtait à aller se faire soigner dans cette clinique, plusieurs policiers l’ont arrêté brutalement en disant qu’il ne pouvait pas garer sa voiture dans un «lieu public». Selon Manishwar Purmanund, l’homme, qui était alors âgé de 41 ans, aurait été emmené au poste de police de Rose-Hill, détenu illégalement et contraint de signer des aveux dans lesquels il acceptait être responsable d’avoir provoqué les policiers à se montrer violents et à procéder à son arrestation.
Évoquant les dysfonctionnements de la police et de la justice, Manishwar Purmanund s’est demandé : «Eski tou dimounn bizin koumans vinn lor ‘social media’, lerla ki pou gagn lazistis? Kot nou pé alé?»
Hier, l’activiste Darren était également présent devant les Casernes centrales. Il a reproché au Premier ministre de ne pas avoir encore rendu visite aux victimes et aux familles affectées par ces brutalités policières. «La dernière fois, pendant les émeutes, un policier a été blessé à l’œil à Bois-Marchand et le Premier ministre lui a rendu visite en signe de solidarité. Va-t-il, un jour, rendre visite aux personnes qui ont été torturées par la police ?»
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