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Budget: Padayachy enfilera-t-il un faux costume de Père Noël ?

5 juin 2022, 12:00

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Budget: Padayachy enfilera-t-il un faux costume de Père Noël ?

Davantage de subventions, baisse du prix des carburants avec l’élimination des taxes et des contributions, hausse de la pension de vieillesse et du salaire minimum… Plusieurs demandes ‘pendent au cou’ du Budget 2022/2023, qui sera présenté mardi. Le ministre des Finances trouvera-t-il des moyens pour soulager les plus vulnérables et même la classe moyenne, tout aussi impactée par la cherté de la vie ? Sans compter ceux qui sont endettés jusqu’au cou. Parmi les diverses propositions, si certaines sont réalisables, d’autres sont disproportionnées, compte tenu du contexte économique actuel, dû à la crise occasionnée par la pandémie et le conflit russo-ukrainien. L’une des priorités du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, est l’inflation qui a atteint des records. 

L’économiste Azad Jeetun explique que la marge de manoeuvre du ministre est très limitée avec des dépenses déjà élevées et des revenus assez limités, en l’absence d’une bonne croissance. Il souligne que c’est difficile d’accorder d’autres subventions sur les denrées alimentaires par manque de revenus. Pour le carburant, il concède que les taxes sont très élevées, soit que presque 50 % du prix à la pompe. «C’est au ministre des Finances de décider s›il est disposé à engranger moins de ces revenus. Toutefois, dans le contexte actuel, il tente d’obtenir le maximum de revenus en puisant là où il peut…» Il soutient toutefois qu’une baisse du prix du carburant pourrait être annoncée. D’ailleurs, le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, a déclaré le 18 mai que le ministre des Finances «pense pouvoir faire sensation en rabaissant le prix à la pompe dans le discours du Budget par une soi-disant subvention artificielle». 

Par ailleurs, l’économiste soutient que présenter un Budget avec des chiffres, des revenus et des dépenses, c’est tout un art. «Parfois, on considère ce que l’on peut baisser pour un impact positif sur l’inflation et de l’autre côté, il y a les taxes qui peuvent être augmentées sans autant impacter l’inflation. N’importe quel ministre des Finances doit savoir jongler.» Il fait aussi ressortir qu’un Budget tient en compte non seulement l’aspect économique, mais aussi l’aspect psychologique et politique. Donc, il est possible d’avoir des baisses artificielles pour ‘bien se faire voir’ aux yeux de la population. 

Quant au salaire minimum et la pension de vieillesse, Azad Jeetun soutient que tout est possible. Mais il sera difficile de soutenir économiquement des hausses conséquentes. La hausse des prix des boissons alcoolisées et des cigarettes, estime-t-il, est considérée comme un favori des ministres. Ce ne sera pas étonnant que de telles mesures soient annoncées même si les taxes sur ces produits sont déjà assez élevées. 

Le secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM), Jayen Chellum, estime en tout cas que quatre hausses du prix des carburants en cinq mois, dues aux contributions inutiles et à la surtaxation, sont inacceptables. Il estime qu’«ayant recueilli beaucoup d›argent, une baisse pourrait être annoncée. (…) Il y a suffisamment de marge de manoeuvre pour accorder des soutiens aux plus vulnérables». 

Sollicité sur la pension et le salaire minimum, le président de la State and Other Employees Federation, Radhakrishna Sadien, indique qu’il y a un prix à payer pour la paix sociale. Dans ces moments difficiles, ceux au bas de l’échelle souffrent beaucoup plus que les autres. Il estime donc que le ministre des Finances n’a pas le choix. La valeur du salaire minimum comparée au moment de son introduction n’est plus la même avec la flambée des prix. 

Mais il faut aussi soulager la classe moyenne. «Le gouvernement doit faire la balance et ne pas entrer dans le jeu du patronat. Car il est payé par le peuple. Il est donc possible qu’il y ait une hausse du salaire minimum et de la pension malgré la situation économique actuelle. Il y a une reprise, par exemple, au niveau de l’export, mais le privé doit aussi faire sa part des choses.» Ceux qui souffrent, dit-il, ont besoin d’être soulagés pour pouvoir joindre des deux bouts. 

Par ailleurs, en novembre 2021, lors des négociations pour la compensation salariale, le ministre des Finances avait fait comprendre aux syndicats que toute révision de la pension serait considérée en juin. Il avait aussi répondu, au Parlement, le 5 avril, que le gouvernement irait plus loin que les mesures prises jusqu’ici et qu’il travaillait sur différentes options pour continuer à soutenir le pouvoir d’achat des Mauriciens. 

Verdict pour le caddie et le porte-monnaie mardi.