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Lee Shim solidement en selle Le MTC rate le départ

5 juin 2022, 12:06

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Lee Shim solidement en selle Le MTC rate le départ

Tous les turfistes suivront les courses aujourd’hui avec une autre paire de jumelles. Il s’est passé, cette semaine, dans le monde hippique, un changement jusqu’ici impensable : la saison s’ouvre sans le mythique Mauritius Turf Club (MTC). Les loges vont rester fermées. Les belles dames au chapeau, que nos photographes aimaient photographier, ne seront plus au balcon, en train de scruter l’horizon derrière leurs lunettes noires; elles iront sans doute se faire voir ailleurs. Aujourd’hui, la piste mythique portera l’empreinte de Jean-Michel Lee Shim, dont le relooking va de pair avec les travaux en temps record au Champ-de-Mars. Lee Shim a su chasser l’autre Jean-Michel et toise du regard le reste du MTC, qu’il finira par acheter tôt ou tard, du moins ce qu’il en reste des meubles et des bâtiments. 

L’organisateur historique vieux de 210 ans doit, pour sa part, faire son introspection et s’en prendre à lui-même, à son incapacité à se réinventer, alors que la fin de son monopole se dessinait. Notre collègue Ally Mohedeen, rédacteur en chef de «l’express-Turf» et passionné des courses depuis toujours, nous dit souvent son incompréhension : Pourquoi les bookmakers, clandestins, propriétaires, écuries, entraîneurs, les «Totes» et les marchands de gâteaux se font tous de l’argent ? Sauf le MTC... Qu’on se le dise, le changement de statut de club à compagnie devait se faire depuis longtemps. Pourquoi avoir autant tardé ?» Selon lui, au fil des ans, une guerre des clans a détruit le MTC. «Cela a peut-être commencé dans les années 2000. Une frange de ses membres a demandé une commission d’enquête. Parfois dans le but d’assouvir leur désir de mettre l’un des leurs à la tête du club. Le gouvernement utilise cette arme pour lui faire mal aujourd’hui…» 

Par contraste, financièrement et politiquement, Lee Shim a les reins solides, alors que les membres du MTC, qui ont commencé à quitter le navire, sont sans le sou ou ont peur de se battre contre le régime. Les palefreniers ont compris que le magnat des jeux, hier infréquentable pour beaucoup, est devenu leur messie en ces temps de vie chère. Un genre de Robin des bois qui prend aux riches pour donner aux pauvres – et au Sun Trust. Le tout est présenté dans un emballage «solidarité maryé-piké», présenté comme une formule gagnante, un genre de trifecta parfait, bien servi par un réseau de SMS Pariaz redoutable, qui avait exploité à fond l’affaire «Katori». Grâce à Lee Shim qui relance les courses, la MRA gagne, le peuple zougader aussi, sans oublier l’industrie des paris (légaux et clandestins), et en plus, on donne l’impression de combattre le blanchiment d’argent avec une GRA peuplée de MSM pur sucre. 

Pour sortir de l’ombre et s’exposer à la lumière du jour, il faut prendre des risques et dormir très peu. Le magnat des jeux – qui a essayé en vain d’être un magnat de la presse ! – s’y connaît. Il prépare son coup depuis longtemps, alors qu’il n’était qu’un simple bookmaker, jadis méprisé par le MTC. 

2022, la roue a enfin tourné. Il est le seul patron au Champ-de-Mars, même s’il n’y est pas physiquement. Comme c’est lui qui tire toutes les ficelles, les couacs inévitables de cette première journée seront notés et sans doute grossis par ces nostalgiques qui restent accrochés à l’épave MTC. Pour eux, organiser la journée de courses en une semaine relève de l’impossible. C’est pour cela qu’ils vont bouder les courses malgré les stakes money en hausse. Pour l’instant, ils ne veulent pas de la carotte orange. Pour l’instant seulement ? 

Lee Shim, dont les affaires vont demeurer florissantes sous le soleil de Jugnauth, veut prouver sa bonne foi. Sur «Radio Plus», il a ouvert son coeur et a dit qu’il n’est pas un mafieux, mais un philanthrope. Il n’a pas l’expertise technique de race organiser mais il peut pratiquement tout acheter sur son passage : du palefrenier à l’ancien directeur du club, Kamal Taposeea. Il a gagné la bataille dans les tranchées, avec des Dirty Tricks, mais maintenant il doit revêtir une autre casaque, celle d’un businessman qui adore le cheval et le public. 

Si le public ne regrette pas le MTC aujourd’hui, il aura gagné son pari…