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Flambée des prix: la rue comme porte-voix
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Flambée des prix: la rue comme porte-voix
Le mercredi 18 mai, le prix des carburants a connu une troisième hausse depuis le début de l’année. Le prix de l’essence est passé de Rs 67,40 à Rs 74,10 le litre, tandis que celui du diesel est sorti de Rs 49,60 pour grimper à Rs 54,55 le litre. Une hausse qui n’a pas plu à tout le monde car moins d’une semaine plus tard, il y avait une opération «go slow», rallye mobilisant plus d’une centaine de véhicules, dans les rues de la capitale. On te raconte la chronologie des événements.
Le rallye de l’Association des consommateurs de l’île Maurice
Les premiers à avoir pris les devants pour protester contre cette hausse, ce sont les membres de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM), qui ont organisé un rallye symbolique dans les rues de la capitale, samedi 28 mai. Au programme, défilé de voitures, motos, vélos, scooters, camions pour dire «non» à la hausse des prix des carburants. Le rallye a démarré vers 14 h 30 à la rue Pagoda à Port-Louis pour rejoindre les Casernes centrales, la Place d’Armes, le Parlement, le Champ-de-Mars, la célèbre rue Desforges et remonter vers la rue Pagode. La police était présente pour parer à tout débordement et même l’hélicoptère de la police était au rendez-vous pour des vidéos et des photos des manifestants, qui étaient nombreux. Jayen Chellum de l’ACIM a qualifié le rallye de «succès», d’autant plus que l’avant-dernier rallye n’avait mobilisé que trois véhicules. Toujours est-il que le prix de l’essence n’a pas fluctué depuis.
La hausse de trop
Il faut savoir que le prix des carburants a été révisé à la hausse à trois reprises depuis février. La dernière en date est venue à la mi-mai. Dans la soirée du 18 mai, Xavier-Luc Duval, le leader de l’opposition, qui est aussi le leader du Parti mauricien social-démocrate, a averti que les autorités viendraient bientôt avec une nouvelle hausse du prix des carburants. Ayant annoncé la nouvelle avant son annonce officielle par les autorités, celle-ci a provoqué la ruée des automobilistes vers les stations essence afin de faire le plein avant minuit. La décision est venue après une réunion du Petroleum Pricing Committee où il a été décidé que le prix au litre allait connaître une nouvelle hausse et cette fois, de 10 %. Le gouvernement a justifié cette troisième hausse par les conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la guerre subséquente. Beaucoup de citoyens ont commencé à craindre l’effet domino, soit la hausse des prix d’autres produits et services liés directement à l’essence et au diesel, notamment le prix des transports en commun ou encore du pain.
Opération «go slow»
La hausse du prix de l’essence et du diesel ne sera pas sans conséquence. Depuis le lundi 23 mai, le parti extra-parlementaire Linion Pep Morisien a décidé de mener une action, la Fuel Strike, qui se déclinera en plusieurs parties. Ce jour-là, Linion Pep Morisien a distribué des affiches et des brochures aux Mauriciens pour les sensibiliser sur les futurs dangers que l’augmentation des prix des carburants pourrait représenter, notamment son lien direct avec une augmentation potentielle du prix du pain car les livreurs ont besoin d’essence pour travailler et même les autobus et donc une augmentation du prix du transport.
Le lendemain, c’était l’opération go slow. Celle-ci était simple. Des véhicules réunis à Bell-Village dès 15 heures, ont démarré et se sont dirigés vers le centre-ville à vitesse d’escargot, ne dépassant pas les 20km/heure. «Nous sommes des citoyens qui n’arrivent plus à faire face à autant d’augmentations. Celles-ci s’enchaînent quasi quotidiennement. D’où cette opération que beaucoup appellent escargot. Pour ne pas bloquer quiconque, on a attendu l’après-midi pour lancer notre mouvement car un dernier examen scolaire allait se terminer à cette heure-là. Plus de 25 voitures ont emprunté la rue Labourdonnais pour descendre vers la rue Pope Hennessy. Ces derniers ont tourné en rond près de l’Assemblée nationale car ils n’ont pu aller plus loin. Une déviation a été mise en place.» Les participants ont alors dû battre en retraite.
Opération «tank vid»
Le 21 mai, c’était au tour d’un groupe de pêcheurs et de plaisanciers d’exprimer leur mécontentement au Mahébourg Waterfront. Munis de bidons et de jerricanes vides, ces derniers se sont assis sur le front de mer. Car suite à la hausse du prix des carburants, ils peinent à travailler ou à se déplacer. Au final, la police est intervenue et a arrêté quelques personnes, notamment le porte-parole des plaisanciers et pêcheurs, à savoir Tony Apollon, ainsi que trois autres, qui ont été, par la suite, libérés sur parole. Ils ont comparu devant le tribunal de Mahébourg et ont fourni chacun une caution de Rs 1 500 et signé une reconnaissance de dette de Rs 10 000.
Réaction de la police
La réaction des policiers face à tout cela n’a pas tardé. Dès les premiers signes de réaction citoyenne, le commissaire de police a déployé ses unités à travers l’île. Tout automobiliste trouvé coupable de bloquer délibérément la route a été sanctionné. Une vingtaine de personnes ont ainsi été verbalisées mardi.
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