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Tortures policières: dix interrogatoires pas à pas…

6 juin 2022, 20:46

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Tortures policières: dix interrogatoires pas à pas…

Certains des tortionnaires de Terre-Rouge collaborent, d’autres font de la résistance ou disent avoir juste fait les arrestations… On ne sait quelle méthode est utilisée pour faire parler des confrères rompus aux «interrogatoires serrés» mais l’investigation promet de prendre du temps, alors que neuf jours ont passé depuis les premières diffusions des vidéos.

Les plaintes fusent depuis la diffusion des vidéos montrant des policiers torturer des suspects. Christopher Pierre Louis de Goodlands et la mère de David Jolicoeur ont porté plainte lundi et mardi respectivement. Des officiers de la CID de Terre-Rouge sont pointés du doigt dans ces cas. Sept policiers affectés dans l’unité ont été mutés à la Special Supporting Unit (SSU) et la Special Mobile Force (SMF). Le sergent Badal Reedoye et le constable Keertiwansing Gookhool, déjà muté avant la circulation de la vidéo, ont été placés en état d’arrestation dans la soirée du lundi 30 mai. L’inspecteur Kailash Derochoonee, interdit de ses fonctions après avoir été arrêté par la commission anti-corruption dans une affaire de pot-de-vin, a aussi été arrêté en fin d’après-midi. Les agents ont comparu devant le tribunal de Pamplemousses pour «torture by public officials» et ont été reconduits en cellule jusqu’à demain. Le 3 juin, d’autres vidéos troublantes ont fait surface. Une autre enquête a été ouverte aux Casernes centrales. L’une des victimes, Deepak Jeeool, un habitant de Plaine-Magnien, âgé de 45 ans, a porté plainte vendredi.

Entre vidéos en série et plaintes en cascade, faisons le point, neuf jours après la circulation des actes odieux commis par la CID de Terre-Rouge. Pour l’instant, concernant ce poste de police, il y a deux enquêtes. L’une concerne la brutalité et les actes de torture et l’autre porte sur les actions prises après que la police s’est retrouvée en possession des vidéos en 2020.

Le commissaire de police Anil Kumar Dip a institué une autre enquête après avoir appris que les vidéos de torture policière étaient déjà en possession de la police depuis 2020. Une équipe spéciale composée de plusieurs hauts gradés a été mise en place pour faire la lumière dessus. L’avocat Rama Valayden a été entendu à titre de témoin, samedi. Des officiers du CCID et l’ex-commissaire de police Khemraj Servansing devront être auditionnés.

L’interrogatoire des policiers arrêtés a démarré et des policiers affectés à la CID de Terre-Rouge, qui était dirigée par l’inspecteur Kailash Derochoonee, ont aussi été entendus. Certains collaborent pleinement alors que d’autres essaient de faire les récalcitrants par des «delaying tactics». Des policiers qui avaient participé à l’arrestation des suspects ont expliqué aux enquêteurs qu’ils ont simplement fait partie de l’opération des arrestations : «Nou’nn zis fer arest apré nou’nn kit biro nou pa ti dan intérogatwar», ont-ils dit, en substance.

La famille de Keertiwansing Gookhool a retenu les services de Mᵉ Raj Pentiah pour le défendre. Il explique que son client collabore pleinement avec la police. «Selon la Constitution, tout suspect a droit à l’assistance d’un avocat lors de son interrogatoire. En tant qu’avocat, je veille à ce que tous ses droits soient respectés. Il répond à toutes les questions des enquêteurs mais je ne peux rien dévoiler du contenu pour des raisons évidentes. Mon client agissait sous les ordres de son chef hiérarchique. Nous avons beaucoup avancé mais cet interrogatoire consiste en plusieurs volets et prendra un peu de temps. Les enquêteurs qui travaillent dans ce cas font un travail remarquable.» Le sergent Badal Reedoye est représenté par Mᵉ Neil Pillay et l’inspecteur Derochoonee par Mᵉ Avineshwar Dayal.

Le constable Purgaus refuse la confrontation

Vendredi, un exercice d’identification était prévu entre Christopher Pierre-Louis et le constable Purgaus. Christopher Pierre-Louis dit avoir été brutalisé par ce dernier. Le policier a refusé la confrontation directe et a opté pour une parade d’identification. Légalement ce refus est permis. Le constable Purgaus a aussi contesté la parade d’identification car les individus à ses côtés n’étaient pas de même corpulence et gabarit que lui. Du coup, l’exercice a été reporté, le temps que les limiers du CCID trouvent des personnes correspondant au profil physique du constable.

Quant aux vidéos qui ont circulé le 3 juin, c’est la Criminal Investigation Team Sud dirigée par l’assistant Rajaram qui est chargée de cette enquête