Publicité

Budget 2022-2023: sentiment mitigé pour le secteur indépendant ?

7 juin 2022, 11:40

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Budget 2022-2023: sentiment mitigé pour le secteur indépendant ?

Le discours du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, sera religieusement écouté cet après-midi. Les acteurs évoluant dans le secteur indépendant n’en rateront pas une miette, surtout dans un contexte économique incertain marqué par une hausse de l’inflation.

Nous avons tâté le pouls de plusieurs secteurs, à commencer par la pêche. Son représentant, Jules Virieux, espère que cette année, ils ne seront pas oubliés. «Cela fait trois ans que des mesures entourant la pêche n’ont pas été annoncées», soutient le président de l’Association des pêcheurs de Roches-Noires, de Poudre-d’Or et de Bain-de-Rosnay. Ce dernier fait état de la détérioration des mers entourant l’île. «Le niveau de la population n’a cessé d’augmenter. Du coup, avec les grosses pluies, le nombre de détritus qui atteint les mers est extraordinaire.» À cause de ces dégâts causés, les pêcheurs se retrouvent à aller encore plus loin en mer, mais, souvent, dit notre interlocuteur, «il nous arrive de devoir rebrousser chemin car les conditions ne sont malheureusement pas favorables»

Et avec la hausse du carburant, cela devient encore plus dur d’exercer ce métier, affirme-t-il. «On fait des réunions consultatives avant le Budget, mais on ne choisit pas les bonnes associations pour nous représenter.»

Même son de cloche du côté du président de la Taxi Proprietor’s Union, Raffick Bahadoor, qui s’interroge même sur le choix de personne par le ministre des Finances pour représenter son secteur lors des réunions consultatives. «Les fonctionnaires de son ministère m’ont appelé pour m’informer qu’une rencontre aurait bientôt lieu. Mais deux jours après, l’on me rappelle pour me dire que cela a été renvoyé à une date ultérieure. Je voulais y assister car j’avais plusieurs propositions à faire au ministre, surtout après ces deux années de confinement», explique-t-il.

Raffick Bahadoor apprendra par la suite que c’est une autre personne qui a représenté son secteur. «On ne prend même pas en considération les fédérations qui existent depuis longtemps.» Pour lui, cela sent le favoritisme.Raison pour laquelle il est d’avis que la politique ne doit pas s’immiscer dans toutes les affaires courantes.

De leur côté, les travailleurs indépendants sont dans l’expectative. Leur priorité demeure d’avoir de quoi vivre décemment. Comme le fait ressortir le président de la Platform Ti Travayer, Stéphane Maurymoothoo. «Nous attendons que le gouvernement nous facilite les moyens d’obtenir un prêt auprès des banques, chose qui nous est difficile. Aussi, nous ne serons pas contre un coup de pouce pour décrocher des duties, comme les planteurs. Cela nous permettrait de bénéficier d’une aide pour le transport et pour l’achat d’équipements.»

Il souhaite aussi que le gouverne- ment les aide en mettant à leur disposition des accompagnateurs. «On aurait besoin de personnes qualifiées qui puissent accompagner les travailleurs indépendants dans leurs filières, explique-t-il. Ainsi, s’ils se trompent sur leur ligne conductrice, ils ont le temps de tout rectifier avant que cela les mène vers la fermeture de leur en- treprise. Nous ne voulons pas grossir les rangs des chômeurs.»

En parlant de chômage, Raj Appadu craint, lui, pour le début de juillet. «On espère que le gouvernement n’ajoutera pas de nouvelles taxes, surtout en ce qui concerne le Landlord and Tenant (Amendment) Bill.» On sait que cela a été étendu jusqu’au 30 juin, date à laquelle la loi continuera de s’appliquer aux locaux commerciaux loués.

Pour le président du Front commun des commerçants de Maurice, les commerces risquent de courir à la catastrophe si le budget ne prévoit rien pour les gens à faibles revenus. «J’entrevois même la fermeture de plusieurs commerces. On espère qu’une mesure sera prise pour ces familles qui touchent des salaires dérisoires, que de concert avec le ministère de la Sécurité sociale et les ONG, tous puissent venir en aide à ces gens. Que des rations puissent leur être données. Pourquoi ne pas payer leur facture d’électricité et d’eau ?» En tout cas, beaucoup attendent de voir ce que le Grand argentier compte proposer dans son Grand Oral.