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Pride Month: persécuté, Jamel est obligé de fuir Maurice et trouver refuge en France
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Pride Month: persécuté, Jamel est obligé de fuir Maurice et trouver refuge en France
Alors qu’en ce mois de juin, le Pride Month est célébré, plusieurs membres de la communauté LGBTQIA+ veulent fuir Maurice car leur orientation sexuelle et leur identité du genre ne sont pas acceptées. C’est le cas de Jamel*, qui a obtenu, en mai dernier, le droit d’asile en France. Il nous raconte son vécu.
Il n’a que 21 ans et pourtant, la vie n’a pas fait de cadeau à Jamel. Ce jeune homosexuel a dû fuir Maurice pour se sentir accepté et en sécurité. Ayant obtenu le droit d’asile en France, le 16 mai dernier, il souhaite se construire une nouvelle vie, loin des menaces, de l’incompréhension, du regard méprisant des autres, de l’homophobie. «Je suis allé en France pour recommencer ma vie à zéro, pour oublier mon passé, pour oublier tous les problèmes que j’avais à Maurice par rapport à mon homosexualité, oublier tout ce qui est lié à mon passé. J’ai fui car au bout d’un moment, je n’en pouvais plus», explique-t-il.
D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Jamel a toujours été homosexuel mais ce n’est qu’à la puberté, vers l’âge de 14 ans, qu’il fait son Coming out. «Depuis ce jour, ma vie a complétement changé», laisse-t-il entendre. Déjà, dans un premier temps, il a dû affronter sa famille. «Au départ, je ne me sentais pas accepté du tout car j’étais le fils d’un homophobe», raconte-t-il. Mais Jamel s’arme de courage. Or, son allure efféminée ne passe pas inaperçue et marcher dans la rue est pour lui un véritable défi. «Je n’étais pas tranquille dans la rue. Je me suis fait agresser plusieurs fois et je n’ai rien dit à ma famille. J’ai porté plainte à plusieurs reprises auprès de la police mais cela n’a servi à rien.»
Désespéré et face à une situation, qui ne s’améliore pas, malgré que de nombreuses personnes et associations militent pour les droits des personnes LGBTQIA+ dans l’île, Jamel a choisi la fuite. Sa demande d’asile en France a été une étape stressante. «Au départ, je ne pensais pas que ma demande d’asile serait acceptée car Maurice est considéré par l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (l’OFPRA) comme un pays d’origine sûr, c’est-à-dire où il est censé exister des lois qui protègent les droits humains dont ceux des personnes LGBTQIA+. Mais en réalité, tel n’est pas le cas. Pour la demande d’asile, il y a beaucoup d’étapes à suivre. On est convoqué et on doit raconter son histoire, montrer que l’on a été persécuté et expliquer en détail pourquoi on demande l’asile. Il y a beaucoup de procédures et le jour où je devais aller chercher la réponse à ma demande d’asile, j’étais appréhensif. Je me sentais mal», raconte encore Jamel. La réponse positive a été un soulagement total pour lui.
Aujourd’hui, Jamel vit et travaille en France. «Au début, c’était un peu compliqué de se retrouver dans un nouveau pays, mais maintenant j’ai trouvé mes marques et mes repères et cela se passe bien», souligne-t-il. Jamel n’a plus peur de marcher dans la rue. Dans son nouveau pays, il se sent mieux accepté. Mais pour pouvoir enfin être lui pleinement et se voir appartenir à une société, il a dû laisser dernière lui ceux qu’il aime. Et c’est dur…
De France, Jamel croit encore que les choses peuvent changer à Maurice. «Aux membres de la communauté LGBTQIA+ de Maurice, je souhaite leur dire qu’il faut arrêter de vivre dans le silence. Il y a toujours une solution, il y a toujours la lumière au bout du tunnel.» Aux Mauriciens en général, Jamel lance un cri du cœur : «Il faut accepter les gens comme ils sont, leur donner du courage car c’est sûr que l’on peut être différent des autres mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas vivre comme tout le monde. Etre homosexuel n’est pas une addiction ou une malédiction dont on peut guérir. On est né ainsi. Il est temps de changer de regard, certains sont morts parce qu’ils n’ont pas été acceptés et c’est triste. Alors apprenez à accepter les gens tels qu’ils sont.»
*Nom d’emprunt
OFPRA : Maurice pourrait être radié de la liste des pays d’origine sûrs
<p>Jusqu’à présent, Maurice figure sur la liste des pays d’origine sûrs de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA). Cela signifie que les pays figurant sur cette liste défendent et protègent les droits humains, offrant une garantie de protection contre les persécutions et les mauvais traitements, y compris aux personnes LGBTQIA+. Toutefois, en raison des discriminations subies par certaines personnes de cette communauté, qui sont contraintes d’abandonner leur pays et demander le droit d’asile dans plusieurs pays européens, Maurice pourrait être radié de cette liste. En tous cas, au fil des années, plusieurs députés français, conscients de la situation des personnes LGBTQIA+ à Maurice, l’ont réclamé. Les conséquences seraient alors néfastes pour l’image de notre pays sur le plan international, que ce soit au niveau touristique qu’au niveau du climat des affaires, les investisseurs pouvant hésiter à venir s’installer dans un pays où les droits humains ne sont pas respectés. Chaque année l’OFPRA revoit cette liste à la lumière des développements en droits humains dans ces pays. A ce jour, 13 pays dont Maurice, font toujours partie de la liste des pays d’origine sûrs. Trois pays, à savoir le Sénégal, le Bénin et le Ghana, ont récemment été rayés de cette liste.</p>
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