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Parlement: la synthèse des débats budgétaires de lundi 13 juin
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Parlement: la synthèse des débats budgétaires de lundi 13 juin
Les débats sur le Budget 2022-23 ont débuté à l’Assemblée nationale, lundi 13 juin. Après Xavier Duval et Sunil Bholah, plusieurs intervenants se sont exprimés durant l’après-midi et la soirée.
Reza Uteem: «Les chômeurs, les grands absents du Budget»
La hausse du prix du carburant, celle des médicaments, le fret, la dépréciation de la roupie ou encore les mesures annoncées depuis plusieurs années sans avoir été implémentées. Autant de sujets abordés par Reza Uteem.
«La population souffre de la cherté de la vie. Face à son attente qui était grande, le ministre aurait pu faire plus.» Chiffres à l’appui, le responsable du dossier économique du MMM avance que le Grand argentier pouvait donner plus en termes d’allocation car il bénéficiait d’une marge de manœuvre de plus de R s6 milliards, provenant de la CSG.
Il s’est arrêté sur la place des chômeurs. «Il n’y a aucune allocation chômage pour les jeunes et les femmes qui peinent à trouver du travail. Ils sont les grands absents de ce Budget.» Sur les arrivées touristiques, Reza Uteem soutient que les données avancées sont loin de ce que le prévoyait le gouvernement.
Se demandant quand les autorités pourront vendre les entités telles que la MauBank pour renflouer les caisses de l’État, il s’interroge aussi sur la construction des maisons pour les personnes à bas revenus. «Plusieurs personnes se trouvant dans ma circonscription n’ont pas de maison adéquate. Les 12 000 logements sociaux n’ont même pas encore commencé. D’ici 2024, on se demande comment l’on va en construire sur les 50 sites choisis.»
Autre interrogation, celle portant sur la construction du Rivière-des-Aiguilles Dam. «A quelle étape est-on arrivé ? C’est un lack of seriousness de ce gouvernement car ce projet est souvent énuméré.»
Reza Uteem a également demandé des explications sur la fabrication du vaccin pour combattre le Covid-19 dans lequel le pays voulait se lancer.
«Pas un mot sur notre stratégie sur l’Afrique, et pour les actes de tortures, est-ce qu’une commission d’enquête sera initiée comme le demande l’entente de l’Espoir ?» Il espère que dans son summing up, le ministre des Finances aura quelques réponses à ses nombreuses interrogations.
Maneesh Gobin évoque le soutien de l’État auprès des agriculteurs
Il a usé de son temps imparti pour parler de son secteur, surtout celui de l’agro-alimentaire. Maneesh Gobin a mis en perspective comment ce Budget a été difficile, face à la situation internationale, entre autres. Le ministre souligne que le gouvernement a été aux côtés des agriculteurs en les aidant pour se fournir des graines ou encore des fertilisants, à travers des subventions. «Nous encourageons les planteurs à évoluer vers les nouvelles méthodes d’agriculture. Une subvention de 50 % allant jusqu’à Rs 500 000 sera accordée aux planteurs d’une ferme pour la culture hydroponique, et même étendue pour l’achat d’une deuxième ferme.»
Le ministre de l’Agro-industrie encourage même les planteurs à revoir la manière de planter la canne à sucre. «Il faut remplacer les boutures par de nouvelles.»
L’île Rodrigues ne sera pas oubliée. «Nous appuyons les planteurs d’ail, ainsi le pays pourra en importer annuellement de l’île. Avec le nouveau bureau à Citronnelle, les planteurs pourront sentir plus de soutien.»
Il a conclu en mettant sa casquette d’Attorney General. «La loi sera amendée pour le Sale by Levy. Et Rodrigues ne sera pas oubliée. L’on s’assurera que les Rodriguais connaissent aussi les mises en vente qui sont souvent publiées dans les journaux mauriciens. Vous voyez le sérieux avec lequel nous travaillons au sein de ce gouvernement…»
Zahid Nazurally: «Un Budget laddoo et barfi»
D’emblée, il a amusé l’assistance de soulignant que ce Budget 2022/2023 était comme «laddoo et barfi», surtout sachant la crise internationale qui touche beaucoup de personnes. Le député du Muvman Liberater a avancé qu’il faut s’adapter.
Il a voulu souligner la hausse du prix des cigarettes et des boissons alcoolisées. «Ce ne sont pas des nécessités. Ils réduisent la vie de ceux qui en consomment.» Puis, Zahid Nazurally est venu sur les projets déjà mis en place par le gouvernement tels que le métro. «Cela donne encore plus de valeur au pays. Et il aide à réduire la circulation.»
Il a encouragé la demande d’embauche des travailleurs étrangers. «Certes, il faut mettre en place des lois strictes pour éviter qu’ils ne partent travailler ailleurs qu’au sein de la compagnie qui les a embauchés. Il ne faut pas qu’ils pénalisent les personnes qui les ont aidés à venir au pays. Je pense aussi que nous devions encourager d’autres types de tourisme, pourquoi pas celui qui est lié à l’environnement ou encore au trail, et même religieux. Il faut montrer aux autres pays que nous sommes un pays où plusieurs communautés arrivent à vivre ensemble.»
Parlant des tortures policières, il a rétorqué que les commentaires qu’il poste sur sa page Facebook sont destinés aux gens qui le suivent. Il ne passe aucun message déguisé au gouvernement. «Cessez la diffusion des informations non vérifiées.»
Autre sujet soulevé, le mariage religieux, surtout pour la communauté musulmane. «Le code civil reconnait le mariage religieux.»
Shakeel Mohamed lance les débats autour de l’allocation de Rs 1 000
Comme à son habitude, Shakeel Mohamed a su captiver l’audience présente au Parlement. Il a porté son choix du débat dans un premier temps sur l’allocation de Rs 1 000. «Pourquoi les veuves, les orphelins, les personnes âgées n’ont rien reçu pendant les deux dernières années ? Le ministre des Finances doit avoir le courage de dire pourquoi il y a eu cet oubli. Et pourquoi à la veille des élections municipales on en parle ? C’est de l’hypocrisie politique de la pire espèce.»
Il s’interroge car, avec le coût de la vie en hausse, pourquoi attendre le Budget pour venir avec une telle mesure, d’autant que ce n’est qu’une «allocation». «Est-ce que l’on veut s’acheter une virginité politique ? Pourquoi ne pas donner une augmentation salariale de Rs 1 000 ?» Il prévoit que les négociations en fin d’année lors de la compensation salariale seront rudement menées.
Il s’est par la suite arrêté sur les vidéos de torture qui ont fait le buzz durant ces derniers jours. Se demandant pourquoi les caméras de Safe City ne peuvent retracer les actes de violence. «Au lieu de parler de brutalité policière, le ministre des Finances évoque une académie de police. Cela ressemble plus à la série des années 80 où l’on voyait une bande de ‘jokers’. La presse internationale même en parle.»
Le député travailliste a demandé au gouvernement de se mettre à la place du petit peuple. «Ministres, députés, hauts cadres, tous peuvent se permettre de payer le prix de l’essence ou d’une bonbonne de gaz, mais un millionnaire ne peut pas compter sur le même subside que cette personne au bas de l’échelle, qui peine à joindre les deux bouts.»
Il a conclu en évoquant le mariage religieux, spécialement pour la communauté musulmane. «La ministre Koonjoo-Shah a déclaré qu’un homme marié a deux épouses et s’il décède, il faudra diviser la pension en deux. Or, la loi prévoit que les deux épouses devront bénéficier de Rs 9 000 chacune. C’est un total mess in the gouvernement. Je demande la démission de la ministre car elle induit les gens en erreur.»
Joe Lesjongard et ses promesses
S’il y a un ministre qui a conjugué au futur, c’est bien Joe Lesjongard. Promesses de création de 7 000 emplois et d’économie de devises avec le Renewable Road Map, présidé bien sûr par le Premier ministre et d’autres projets de production d’énergie renouvelable. Promesse d’en finir avec le charbon en 2030 tout en reconnaissant que l’utilisation de la bagasse dans la production d’énergie a chuté de 17 à 9 % entre 2020 et 2021. Promesse aussi de réformer la Central Water Authority (CWA) grâce au privé et des prêts de l’Agence francaise de developpement et l’aide de l’Inde. Promesse de fournir des réservoirs d’eau aux ménages en attendant le service 24/7.
Il s’agissait aussi lors du discours du ministre de l’Energie et des services publics de leçons que le gouvernement a retenues : l’Etat ne peut être dépendant du privé pour la production d’énergie après l’affaire Terragen.
Autre leçon : le service de la CWA fout le camp et des études sont en cours pour savoir pourquoi certaines régions manquent d’eau, qui, selon Lesjongard, dépend de la pluviosité.
Sinon, Lesjongard a sauté sur l’occasion pour féliciter son Premier ministre qui est partie prenante, dit-il, de la préparation du Budget. Alors que, ajoute-t-il, sous les Travaillistes, c‘était l’ex-ministre des Finances, Rama Sithanen, qui a dû endurer et endure toujours les conséquences des décisions prises, comme l’introduction avortée de la National Residential Property Tax. Alors que le gouvernement MSM, lui, a eu le courage d’abolir la taxe municipale.
Arianne Navarre-Marie plaide pour une éducation «réinventée»
«Le pays a besoin d’une reprise durable et d’une réforme économique durable.» Ce sont les propos de la députée du MMM Arianne Navarre-Marie, qui s’interroge sur un avenir post-Covid-19 pour le pays. Son intervention au Parlement a été axée sur plusieurs thèmes dont l’éducation, le coût de la vie, le logement, les femmes et enfants et la violence dans les écoles.
Au chapitre éducation, la députée estime qu’elle doit être «réinventée». «Notre système éducatif requiert une refonte systémique, une réorientation complète et une transformation totale. Le système est tel qu’il ne répond plus aux attentes et aux besoins du pays.» La hausse de Rs 1 milliard dans le secteur va être engloutie dans les dépenses courantes et non pas dans un re-engineering du secteur.
Parlant de l’apprentissage en ligne, elle affirme que cette méthode d’enseignement a créé des inégalités et «les enfants ont malheureusement décroché», faute d’accès aux technologies. «Le fossé se creuse dangereusement entre les enfants riches et les enfants pauvres. Cette situation est une bombe à retardement. Le pays est sur une poudrière.»
Quant au logement et du fait que la construction de maisons «n’a même pas débuté selon l’aveu même du ministre», Arianne Navarre-Marie affirme que le gouvernement vend du rêve à la population, alors que le pays doit être construit sur du concret.
Concernant les enfants placés dans les familles d’accueil, elle fait ressortir que cette année, il n’y a eu aucune considération pour eux. «Malgré le coût de la vie, ils ne bénéficieront pas ne serait-ce qu’un minimum de réajustement dans leurs allocations.»
La députée n’a pas manqué de parler du coût de la vie. La pension de vieillesse représente aujourd’hui une roue de secours pour bien des familles.
Ayant une pensée pour ces femmes qui perdent leur vie sous les coups de leurs bourreaux, Arianne Navarre-Marie n’a pas manqué de faire la remarque que certains backbenchers ont, selon elle, rigolé alors que le leader de l’opposition évoquait «les tortures subies et les humiliations subies par des humains aux mains de la police». Pour elle, les mesures budgétaires pour la police, c’est comme «remuer le couteau dans la plaie», tout en reconnaissant que tous les policiers ne sont pas des «brebis galeuses».
Shakeel Mohamed à Kalpana Koonjoo-Shah: «Withdraw yourself»
Lors de son intervention durant les débats budgétaires, Kalpana Koonjoo-Shah, ministre de l’Egalité du genre, s’en est pris à Shakeel Mohamed, qui selon elle, utilise ses connaissances légales pour tromper la population. Elle affirme que le député du Parti travailliste qui, lors de son intervention, «a commodément et délibérément omis de dire que le Muslim Family Council a été créé en 1991 et le PM était feu SAJ». Poursuivant, elle dira : «Je l’inviterai à cesser de déambuler comme un démon communal et d’abstenir de mettre en doute (…)».
Avant même que Shakeel Mohamed ait soulevé un point de droit, la ministre a lancé qu’elle retirait ces propos. Elle le martelait à plusieurs reprises. Ce qui a eu le don d’irriter le député rouge, qui a lancé à son intention : «Withdraw yourself». Remarque qui n’a pas plu à la ministre qui a répliqué : «Who are you to tell me to withdraw myself?». Le Deputy Speaker Zahid Nazurally a dû intervenir pour rétablir l’ordre. «I understand it’s been withdrawn. Je suis le seul qui réglemente la Chambre. (…) Quand il y aura quelque chose, je n’ai besoin de personne pour me dicter ce qu’il faut faire», a-t-il déclaré à Shakeel Mohamed.
Kalpana Koonjoo-Shah a ensuite repris son intervention, préférant ne pas réfuter les accusations de Stéphanie Anquetil, députée du Parti travailliste, qui mis en avant le manque de «connaissances et de leadership» de la ministre au niveau de la gestion de son ministère. Par ailleurs, les déclarations de l’ancien ministre des Finances, Rama Sithanen, à la radio, n’ont pas échappé à la ministre. «Il est la dernière personne à pouvoir commenter sur ce Budget fortement social». Allant jusqu’à affirmer que «Rama Sithanen n’arrivera jamais à la cheville de Padayachy en ce qui concerne la gestion de notre économie».
Stéphanie Anquetil: «La ministre doit rendre son tablier»
La députée du Parti travailliste (PTr) estime que c’est une triste réalité; de nombreux Mauriciens n’arrivent pas à joindre les deux bouts et nourrir leurs familles. Pour Stéphanie Anquetil, ce Budget est «décalé, déséquilibré, irraisonné, irréfléchi». De plus, elle explique que le pays est lourdement endetté.
La député rouge n’a pas non plus mâché ses mots envers la ministre de l’Egalité du genre, Kalpana Koonjoo-Shah. Stéphanie Anquétil estime que le remplacement de la ministre au ministère de tutelle aurait été une bénédiction. «Les femmes que j’ai rencontrées sont unanimes. La ministre ne travaille pas dans l’intérêt des femmes et des enfants (…) L'heure est venue pour elle de rendre son tablier». Pour la députée du PTr, la ministre n’a vraisemblablement pas les connaissances et le leadership requis pour affronter les défis qui attendent son ministère. «Elle ne fait rien au sein de son ministère. Elle a été démasquée dans les rapports de l’Audit et du Public Accounts Committee.» Et d’ajouter que son escapade à Dubayy restera longtemps dans les annales politiques du pays.
Stéphanie Anquetil a en outre fait ressortir que les amendements à loi pour protéger les victimes de violence se font toujours attendre depuis trois ans. «Il y a un sentiment de trahison chez les victimes. Les problèmes restent entiers alors que nous sommes dans l’urgence.»
Pour ce qui est de l’égalité du genre, la stratégie est inexistante, selon Stéphanie Anquetil. «Depuis trois ans, la ministre a promis de venir avec le Gender Equality Bill. Elle a placé les charrues avant les bœufs.» Si la députée du PTr a salué le Baby Bonus, cela reste insuffisant, selon elle. Elle explique que le PTr était allé plus loin en proposant un Baby Bond aux couples ayant un revenu mensuel de moins de Rs 50 000, versé sur le compte de chaque nouveau-né, jusqu’à ces 18 ans.
Deepak Balgobin: «Un gouvernement à l’écoute»
«Budget fizet, konfeti, rechauffé, du bluff.» Pour Deepak Balgobin, ministre de la Technologie informatique, de la communication et de l’innovation, c’est ce que répètent certains membres de l’opposition pendant plus d’une décennie sur le Budget. Mais pour lui, cet exercice démontre «notre proximité permanent avec nos citoyens. Nous sommes un gouvernement à l’écoute». Le ministre n’a pas manqué de critiquer le député du MMM, Reza Uteem, qui a déploré le fait que le gouvernement n’a rien fait pour baisser les prix des produits pétroliers. «Ils sont coupés de la réalité», a affirmé Deepak Balgobin, en listant les prix auxquels sont vendus les carburants dans plusieurs pays. A titre d’exemple, il affirme qu’à Hong Kong, le diesel coûte Rs 120,57 et Rs 102, 20 en Angleterre. Alors qu’à Maurice, le prix est de Rs 54,55. «Après ils viennent dire que nous ne faisons rien.»
Au sujet de l’abolition de la taxe municipale, le ministre Balgobin a fait ressortir que c’est une mesure «historique et sans précédent» qui aura un impact sur les citoyens. Tout en égratignant le gouvernement de 2006 qui, au lieu d’abolir la taxe municipale, en avait imposé une nouvelle.
S’agissant de la vitesse internet, il affirme que depuis 2017, la fibre optique couvre entièrement dans le pays. Il estime que la 5G va certainement booster le secteur. Selon lui, la restructuration du National Computer Board est en cours. Autre annonce après l'extrait de naissance en ligne : les citoyens auront accès à d’autres documents digitaux, notamment le certificat de moralité et le permis de conduire. Avec le ministère du Transport, un smart parking project est en route afin de permettre aux automobilistes d’acheter des coupons de parking en ligne.
Ismaël Rawoo encense le ministre des Finances
Il a eu des mots élogieux pour le Premier ministre mais aussi son colistier dans la circonscription du n°13. Le Parliamentary Private Secretary (PPS), Ismaël Rawoo, n’a eu de cesse d’encenser le ministre des Finances lors de son intervention. «Je félicite le ministre Padayachy de proposer des mesures historiques pour soutenir la population. Il fait partie de ses politiciens qui agissent sur des actions et des croyances. (…) Il a mis en place des mesures selon ses croyances.» Selon le PPS, le Budget a causé des dégâts considérables à l’opposition. Il estime que cet exercice est un rééquilibrage social et qu’il va certainement apporter un soulagement à la pouplation en rendant accessibles les produits essentiels. Le PPS et membre du Muvman Liberater en a également profité pour saluer son leader, Ivan Collendavelloo, qui était assis dans l’hémicycle et «sa victoire» lors du recomptage des votes.
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