Publicité
La semaine décryptée
Voir les événements de la semaine autrement. Il s'agit d'une revue critique-et politique- de l’actualité comme rapportée dans les médias du lundi 13 juin 2022 au vendredi 17 juin 2022.
Lundi 13 juin
Les bourbonnais qui boudent…
Pendant des décennies, quand les Réunionnais voulaient voyager, leurs deux destinations favorites étaient la France et l’île Maurice. Il n’était alors pas question de faire de la publicité auprès des Réunionnais pour les amener à visiter Maurice et la France.
En 2022, Maurice n’est plus le choix automatique des Réunionnais et le gouvernement s’apprête à allouer un contrat de Rs 11,2 millions à un spécialiste des relations publiques pour qu’il aide à inciter nos voisins à nous visiter.
Au fait, l’image de Maurice s’est beaucoup dégradée à la Réunion, ce qui fait que les arrivées touristiques ont baissé, année après année. Ainsi, s’ils étaient 143 000 à nous visiter en 2015, ils n’étaient plus que 137 000 en 2019. Durant les cinq premiers mois de 2022, ils étaient seulement 12 998 à prendre la destination Maurice.
Fini le temps où en sus des échanges touristiques, des relations soutenues étaient entretenues entre les grandes formations politiques de Maurice et de la Réunion. Le PMSD de Gaëtan Duval comptait de solides ouvertures avec la Droite réunionnaise alors que le MMM avait des liens très étroits avec la Gauche. Quant aux Travaillistes mauriciens, ils étaient très proches de certaines grandes familles politiquement très puissantes à la Réunion, dont les Kichenin et Virapoullé, ces derniers étant aussi bien connectés avec Gaëtan Duval.
On se demande en 2022 à quoi sert le consulat de Maurice à La Réunion si on doit chercher un expert en PR pour vendre le produit Maurice à la Réunion. Comment a été choisi le présent consul de Maurice à La Réunion et quelle a été sa contribution à la cause de notre pays ces dernières années ?
Mardi 14 juin
Plus efficace que Phokeer, tu meurs
Les débats sur le Budget offre une occasion certaine aux députés de l’opposition de critiquer les manquements et maladresses du gouvernement. Aussi, les ministres et les fonctionnaires concernés sont soumis à des pressions.
Comment éviter au gouvernement toutes les tracasseries causées par l’opposition au Parlement. Il n’y a rien de plus facile pour atteindre cet objectif que de laisser faire le speaker, Sooroojdev Phokeer. Ce dernier, tel un bouncer de discothèque ou de casino, met K.O. tous les méchants.
Ce mardi 14 juin, le speaker a enrichi son palmarès en expulsant pas moins de trois éléments de l’opposition. Il s’agit de trois femmes, Karen Foo Kune-Bacha, Joanna Bérenger et Arianne Navarre-Marie. Ce n’est pas que le speaker, tel un misogyne, affichait une aversion pour la gent féminine. Il contribuait, au fait, de façon très efficace à déstabiliser l’opposition. C’est la mission qui lui a été confiée et il s’en change admirablement. Il n’est pas là pour récolter des médailles aux conférences internationales des instances parlementaires du Commonwealth.
Mercredi 15 juin
Un démolisseur nommé Prakash
L’express du mercredi 15 juin annonce le départ de Sanjeev Ghurburrun, devenu grand patron du port en juin 2021. Fils de sir Rabindranath (Robin) Ghurburrun, ancien géant du Parti travailliste et haut-commissaire de Maurice pendant des décennies en Inde, Sanjeev Ghurburrun en entrant dans le giron des Jugnauth avait surpris les observateurs.
Forte et remarquable personnalité qu’était le père Ghurburrun, ce dernier n’avait jamais trahi sir Seewoosagur Ramgoolam(SSR). Indira Gandhi, très impressionnée par sir Robin qui roulait en Cadillac décapotable en Inde, l’avait qualifié de «last Vice-Roy of India». D’après la légende, le certificat de naissance de Sanjeev Ghurburrun mentionne comme témoins officiels Indira Gandhi et SSR.
Le fils Ghurburrun, après son éjection du port où il avait été nommé pour trois ans mais qui n’y est resté qu’un an, se contentera du titre de conseiller au PMO. Il doit se rendre à l’évidence qu’il y a plus fort que lui en la personne de Prakash Maunthrooa. Ce dernier a prouvé qu’il balaie d’une chiquenaude des géants comme Ken Arian et Sherry Singh. Et aussi un poids lourd comme Rudy Veeramundar.
Prakash Maunthrooa veut contrôler le port et au fait, il est plus que qualifié pour le faire. C’est dans le port, sous les ailes du légendaire syndicaliste travailliste Hurryparsad Ramnarain, que Prakash Maunthrooa a commencé sa carrière. Ramnarain avait été nommé chairman de la toute nouvelle Mauritius Ports Authority (MPA) par SSR.
Jeudi 16 juin
«As dead as the pain maison ?»
Selon l’express du jeudi 16 juin, les boulangers pourraient mettre fin à la production du fameux pain maison vendu actuellement à Rs 2,60 l’unité. Depuis des décennies, tous les gouvernements ont contrôlé le prix du pain maison et cela, afin d’assurer aux Mauriciens l’accès à un aliment de base. Les boulangers soutiennent que le prix de Rs 2,60 serait irréaliste et bien au-dessus du coût de production. Le ministre Renganaden Padayachy a annoncé des subsides à la farine pour maintenir le prix à Rs 2,60.
Les boulangers menacent maintenant de ne produire que des pains spéciaux dont les prix ne sont pas contrôlés par l’État. Quels sont les moyens dont dispose le gouvernement pour contraindre les boulangers à produire du pain maison à Rs 2,60 ? Les priver de tout subside s’ils ne vendent que des pains spéciaux ? Enlever leur permis d’opérer ? Donner l’occasion aux grandes surfaces de reprendre à leur compte la production de pain maison et mettre les boulangeries en faillite ?
Les grandes surfaces ont déjà entrainé la fermeture de milliers de petites boutiques à travers le pays. Puisqu’une association a déjà amené le gouvernement à détrôner le dodo en faveur de la crécerelle, as dead as the dodo sera-t-il remplace par as dead as the pain maison ?
Vendredi 17 juin
Après ABC, DBC ?
L’express du vendredi 17 juin consacre sa une a un événement fort concasse qui s’est produit quand on a vu la ministre Kalpana Koonjoo-Shah en pleine sieste au Parlement juste après 15 h 00.
Cet incident a provoqué pas mal de commentaires sur les médias sociaux, des Mauriciens déclarant qu’après le phénomène asize bez kas (ABC), voilà que la ministre Koonjoo introduit le dormi bez kas (DBC). Le speaker qui n’a pas encore terminé son enquête sur un membre qui avait proféré des obscénités a été prompt à réagir pour tenter de sanctionner celui ou celle qui a pris la ministre Koonjoo en photo. La députée Stéphanie Anquetil a été visée.
Normalement, c’est après un copieux déjeuner bien arrosé de vin ou de whisky qu’on a tendance à s’assoupir mais dans le cas de la ministre Koonjoo, il est fort possible que son geste ait été mal compris. Elle s’était peut-être engagée dans un exercice de méditation transcendantale pour se détacher d’une atmosphère dégradée par les insanités débitées par des membres de l’opposition.
Publicité
Les plus récents