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Syndicat des sucres: fin d’un quasi-monopole

19 juin 2022, 19:01

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Syndicat des sucres: fin d’un quasi-monopole

À moins d’une intervention de dernière minute, le Syndicat des sucres, chargé de la commercialisation du sucre mauricien à l’étranger, vit ses dernières heures de quasi-monopole. Il devra désormais évoluer aux côtés d’autres intermédiaires ou traders. Un scénario qui provoque une colère sans nom dans le milieu sucrier traditionnel. À l’origine de ce changement radical, une proposition d’amendement à la Mauritius Cane Industry Authority Act de 2011 dans l’exercice budgétaire 2022-23 qui se lit comme suit: “allow sugar producers to deliver sugar to Mauritius Sugar Syndicate or any other Authorized Body as may be approved by the Mauritius Cane Industry Authority”.

Autrement dit, permettre à des acteurs autres que le Mauritius Sugar Syndicate de commercialiser le sucre produit à Maurice, avec l’aval de la Mauritius Cane Industry Authority, dont la naissance résulte de la fusion en 2011 de six organismes – Cane Planters and Millers Arbitration and Control Board, Farmers’ Service Corporation, Mauritius Sugar Authority, Mauritius Sugar Industry Research Institute, Mauritius Sugar Terminal Corporation et Sugar Planters Mechanical Pool Corporation

Nos sources indiquent que les principaux acteurs de l’industrie sucrière ne sont pas tant contre le droit de certains d’imaginer un scénario pareil mais surtout du fait qu’ils n’ont jamais été consultés à cet effet. Ils sont d’autant plus en colère que cette possibilité a déjà fait l’objet d’une étude de la Banque mondiale, qui a conclu que la structure actuelle de la commercialisation du sucre mauricien est à l’avantage de Maurice car elle permet des écono- mies d’échelle et un meilleur pouvoir de négociation de la partie mauricienne.

Une observation confirmée cette semaine par Stanislas Bouchard et Xavier Astolfi, deux hauts responsables de Cristal Union venus signer le troisième accord de partenariat avec le Syndicat des sucres pour l’achat de quelque 300 000 tonnes de sucre. Une formule où la transparence est le maître-mot et où on ne trouve pas la moindre trace d’intermédiaires ou de traders. Dans certains milieux, on ne condamne pas le gouvernement d’avoir jugé utile d’apporter ce changement si l’État a déjà été informé que toutes les parties concernées y ont favorables. Ce qui est loin d’être le cas sur le terrain.

La perspective que cet amendement aura force de loi fait perdre aux acteurs de l’industrie sucrière la joie associée à la possibilité d’engranger des bénéfices exceptionnels. La raison est que le sucre mauricien sera vendu aux prix que réclameront les producteurs européens dont la hausse des coûts d’opération est liée d’une part à la hausse des coûts de fabrication du sucre et, d’autre part, de la production de la matière qu’est la betterave. À l’origine de cette hausse que les producteurs mauriciens ne connaissent pas, la hausse du coût du gaz importé de la région en guerre et des fertilisants indispensables pour assurer de bonnes récoltes de betterave.