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Kistnen Papers: l’enquête assassinée ?

26 juin 2022, 12:19

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Kistnen Papers: l’enquête assassinée ?

Le fait que les Kistnen Papers ont été remis sur le tapis, par le biais de Bruneau Laurette, a créé un soubresaut dans le pays. Cependant, la convocation de Rezistans ek Altenativ (ReA) par la Major Crime Investigation Team (MCIT) cette semaine n’avait rien à y voir. Elle concernait plutôt des allégations contre l’activiste-politicien… C’est à se demander où en est l’enquête sur l’assassinat de l’ancien agent orange, qui semble être au point mort.

Dans une vidéo diffusée le 15 juin, le membre de Linion Pep Morisien reprochait à la police et en particulier au Central Crime Investigation Department (CCID) de n’avoir rien fait depuis janvier 2021 quand le commissaire électoral, Irfan Rahman, a référé l’affaire des Kistnen Papers aux Casernes centrales. Rezistans ek Alternativ (ReA) a bien été appelé une première fois par le CCID le 11 août 2021, une deuxième fois le 18 août et une troisième fois le 31 août, quand une copie digitale des Kistnen Papers a été remise à l’IT Unit du même CCID.

Ce fut l’occasion d’ailleurs pour les limiers de ce service de vérifier page par page le contenu de la copie digitale avec… une copie papier en PDF. Alors que toute bonne vérification aurait dû être faite avec l’original, qui se trouvait avec la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath du tribunal de Moka, comme l’a rappelé Ashok Subron au CCID. Toujours est-il que depuis le 31 août 2021, plus rien n’aurait été accompli par le CCID, soutient le porte-parole de ReA, Ashok Subron.

Ce dernier fait d’ailleurs ressortir que les trois élus de la circonscription no 8 (Quartier-Militaire/Moka) n’ont jamais été interrogés à ce sujet par la police. Du moins pas à sa connaissance. «Alors que la première des choses aurait été de prendre leur déposition, ainsi que celle de tous les protagonistes des Kistnen Papers et des autres personnes dont le nom figure sur les reçus.» Il faut noter que des personnes citées dans ces documents ont déjà confirmé à la presse le contenu les concernant.

Lorsque ReA a été appelé le 12 juin pour être interrogé par le CCID dans l’affaire tap kasrol, qui remonte à 2017, le mouvement de gauche en avait profité pour déposer au commissaire de police une lettre à propos des Kistnen Papers dans laquelle il demandait où en était l’enquête sur le volet électoral. Aucune réponse n’a été reçue. Et quand ReA est convoquée une nouvelle fois le 22 juin aux Casernes centrales au sujet des Kistnen Papers, on croyait que l’enquête avait enfin démarré.

Surtout après le branle-bas causé par la diffusion de la vidéo de Bruneau Laurette. Hélas, Ashok Subron et ses amis devaient apprendre que leur convocation faisait suite à la déposition de deux personnes contre Bruneau Laurette et au sujet d’une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. «J’ai dit aux enquêteurs que je n’avais pas vu la vidéo en question. De ce que j’ai cru comprendre, la MCIT enquête possiblement sur les mobiles du meurtre de Soopramanien Kistnen, pas sur les dépenses électorales citées dans le document, ni sur les délits électoraux éventuels.»

Bruneau Laurette affirme dans sa vidéo que les Kistnen Papers pourraient être la cause ou l’une des causes de l’assassinat de Kistnen. Mais on s’en doutait depuis un moment. L’activistepoliticien se demande surtout pourquoi la police n’a pas encore essayé de connaître l’identité des «PM, Yogi, Basu et autres Dookhun» cités dans cet agenda. Il faut savoir que les Kistnen Papers ont été étalés dans la presse depuis le 23 décembre 2020 par le journal le mauricien et le 6 janvier par l’express sous le titre Le carnet de campagne au n°8 propose une incursion chiffrée. Et dans ses conclusions, la magistrate Vidya Mungroo- Jugurnath aurait recommandé au bureau du Directeur des poursuites publiques de demander à la police une enquête approfondie dans cette affaire.

Si la MCIT a expliqué aux militants de ReA qu’elle enquête sur des allégations contre Bruneau Laurette, elle a aussi ajouté qu’elle serait intéressée de savoir si les Kistnen Papers constituent une des causes à l’origine de la mort de l’ex-agent orange. Enquête-t-elle en réalité ? On se rappellera qu’un constable chargé de l’enquête suit une… autre piste. En tout cas, sur les allégations de délits électoraux qui datent de janvier 2021, il faudra encore attendre car les principaux concernés – les trois élus de la circonscription no 8 – n’ont toujours pas été convoqués, ni interrogés.

Si Yogida Sawmynaden a été questionné par la police, c’est dans l’affaire de Consti- tuency Clerk. Une autre affaire subsidiaire de l’affaire Kistnen qui n’a pas eu d’autres déve- loppements depuis 2021. L’exministre du Commerce s’est aussi rendu à la MCIT en avril de la même année, en plein confinement et loin des caméras des journalistes, à propos de la mort de Kistnen. Selon certains, Yogida Sawmynaden aurait eu droit à un traitement VVIP de la police. On saura plus tard, pendant l’enquête judiciaire, que ce dernier avait même ses relevés téléphoniques détaillés sous les yeux, ce qui l’a aidé à répondre aux questions des policiers.

Est-ce qu’Ashok Subron fait confiance à la police pour les délits électoraux ? Réponse : «Nous avons fait notre devoir mais il n’y a pas eu grand-chose jusqu’ici. Nou les piblik morisen ziz travay ki CCID pe fer.»