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La semaine décryptée

26 juin 2022, 14:00

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La semaine décryptée

Voir les événements de la semaine autrement. Il s'agit d'une revue critique-et politique- de l’actualité comme rapportée dans les médias du lundi 20 juin 2022 au vendredi 24 juin 2022.

Lundi 20 juin 2022

Une famille exceptionnelle

L’express du lundi 20 juin fait état de plaintes faites contre des actes de brutalités policières auprès de l’Independent Police Complaints Commission (IPPC). Il semblerait que Phalraj Servansingh, un ancien conseiller municipal du MSM, émerge du lot des commissaires comme le grand patron de cette instance.

Dans les milieux de la police, du barreau et des organisations nongouvernementales, on s’interroge sur les compétences professionnelles de l’homme en question en matière de gestion de la police et du comportement de ses effectifs.

Sa nomination comme celle de son frère Rajiv à la tête de la State Trading Corporation fait partie de la stratégie du MSM qui consiste à assurer une mainmise sur toutes les institutions du pays. Les Servansingh, croit-on savoir, savent eux aussi comment manœuvrer avec efficacité pour s’attirer les faveurs des dirigeants politiques.

Le père lui-même, Kumar Servansingh, un Bissoondoyaliste pur et dur, s’était mis au service de Kher Jagatsingh qui assura sa carrière dans la fonction publique. Ce monsieur, après la défaite des Travaillistes en 1982, devint pro-Boodhoo et fut récompensé dans des institutions tombant sous la responsabilité du ministre PSM Kishore Deerpalsingh.

Quant au fils Rajiv devenu député MMM en 1976, il rallia le MSM en 1983 puis disparut de la scène, Anerood Jugnauth et Paul Bérenger se méfiant de lui. Il refit surface en 2005 avec la victoire des Travaillistes.

Nommé dans des institutions à Maurice comme en Inde par Navin Ramgoolam, ce Rajiv occupa aussi le poste de chef des opérations à l’aéroport. Avant même les élections de 2014 qui virent la défaite des Travaillistes, il s’était déjà rapproché du MSM. C’est après le départ de SAJ que l’homme a pris son envol avec la bénédiction du fils Pravind Kumar.

Un autre frère se colla aux basques de Rama Sithanen quand ce dernier était ministre des Finances. Le grand Alvaro Sobrinho a fait son entrée à Maurice à travers une compagnie achetée dans la famille.

N’ayant jamais prétendu pouvoir prendre le pouvoir seul, le PMSD et le mouvement de Cehl Meeah n’ont jamais accueilli dans leurs rangs un membre de cette illustre famille.

Mardi 21 juin 2022

Le DPP sur le dodo de Koonjoo

On parlera longtemps du Directeur des poursuites publiques Satyajit Boolell bien après son retrait en décembre 2022. En effet, le MSM lui a refilé une patate chaude sous la forme de l’affaire Koonjoo-dodo au Parlement.

Lors de la séance du 22 juin, le speaker adjoint, Mohammud Zahid Nazurally, a fait le Parlement voter en faveur d’une résolution demandant au DPP d’intenter des poursuites contre l’express à la suite d’un article sur la séance de sommeil de la ministre Kalpana Koonjoo-Shah au Parlement.

Outre ce numéro de dodo, un autre incident est resté irrésolu jusqu’ici. Il s’agit d’un épisode particulier qui s’est déroulé au Parlement mauricien le 4 mai 2021 quand on a entendu une voix féminine s’exclamer en Kreol ‘b..t..l..t..p…’.

Avant l’avènement de l’informatique et des télécommunications on disait sans conteste que les écrits restent, les paroles s’envolent. Mais dans le monde moderne, il existe des instruments hautement sophistiqués pour identifier l’auteur de propos problématiques faisant l’objet d’une enquête.

Mercredi 22 juin 2022

Le bouc émissaire… électrique

Selon  l’express du mercredi 22 juin, c’est l’Utility Regulatory Authority (URA) qui a été invitée par le gouvernement à se prononcer sur une hausse des tarifs du CEB. C’est sûrement un génie au service du MSM qui a trouvé cette astuce en mettant sur le dos de l’URA toute augmentation du tarif d’électricité. Au fait, c’est vers l’URA que seront dirigées toutes les critiques à prévoir en cas de hausse. L’URA a comme chairman Philippe Ah-Chuen, une personnalité d’avantplan du secteur privé, engagé surtout dans l’importation de voitures. La Chief Executive Officer s’appelle Eunice Harris Potani. Voilà le tandem tout désigné comme bouc-émissaire pour récolter l’avalanche d’opprobre déclenchée après une hausse jugée exagérée dans le contexte économique actuel. Quant au ministre concerné, Joe Lesjongard, il en sortirait blanc comme neige.

Jeudi 23 juin 2022

L’homme qui vaut Rs 286 millions…

L’événement majeur de ce jeudi 23 juin aura été l’annulation en catastrophe de l’assemblée générale annuelle de la State Bank Holdings Ltd. Un événement inédit dans l’histoire des banques à Maurice car jamais on n’aura vu tel degré d’incompétence et d’inefficience dans une institution aussi importante que la SBM.

Tout a commencé par la protestation d’un petit actionnaire appelé Nassir Ramtoola qui a fait remarquer qu’une telle assemblée ne pouvait se tenir car le rapport annuel avec les comptes audités n’avait pas été soumis aux actionnaires dans les délais prescrits.

Affichant une attitude nou ki mari dan pei et se disant rassuré par des conseils légaux, le chairman de la SBM, Abdul Sattar Adam Ali Mamode Hajee Abdoula, rejeta le point d’objection de Ramtoola pour continuer avec les délibérations. Puis il fut interrompu dans son discours par un officiel et après quelques minutes de silence, il se livra à un exercice de tire-caleçon pour concéder que Ramtoola avait raison.

Suivant cet événement, la SBM aurait intérêt à avoir recours au conseil bénévole et gratuit de Nassir Ramtoola pour éviter qu’une somme colossale de Rs 286 millions ne soit payée à des conseillers légaux et autres professionnels, assurant de ce fait un taux de dividende appréciable pour les petits actionnaires.

Vendredi 24 juin 2022 

Zones inondables : déluge… d’or foncier à venir

Selon  l’express du vendredi 24 juin, on craint un ralentissement dans les transactions foncières depuis que le ministre des Infrastructures publiques, Bobby Hurreeram, a refusé de rendre publique la carte des zones inondables dans le pays. Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, avait soulevé cette question de grand intérêt public lors de sa PNQ de mardi dernier.

C’est un fait connu que quelques rares personnes savent quels sont les endroits inondables. En revanche, ils sont des centaines de milliers de Mauriciens propriétaires de terrain qui n’ont aucune idée sur le statut de leur propriété et qui vivent dans l’inquiétude, craignant d’apprendre qu’en raison de risques d’inondation, ils ne pourraient y entreprendre quelque construction.

Que se passerait-il si ces propriétaires se voient offrir l’occasion de vendre leur terrain à un prix nettement inférieur à celui payé au moment de l’acquisition mais qui, en désespoir de cause avec la banque brandissant la menace de saisie, finissent par vendre en catastrophe, histoire de sauver une partie de leur investissement, au lieu de tout perdre ?

Que se passerait-il encore si après quelques mois d’activités de la Drainage Authority dans la localité, la zone concernée est enlevée de la liste inondable ? Les nouveaux acquéreurs se verront alors s’offrir Eldorado. Des lingots d’or vont pleuvoir sur le terrain jadis inondable mais maintenant devenu sûr. On dirait qu’il y a anguille sous carte zones rouges.