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Victimes d’attouchements: comment mieux protéger les enfants porteurs d’un handicap

27 juin 2022, 16:58

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Victimes d’attouchements: comment mieux protéger les enfants porteurs d’un handicap

L’affaire a choqué les Mauriciens. La semaine dernière, des enfants sourdsmuets, âgés entre cinq et 12 ans et qui fréquentent l’École des Sourds à Beau-Bassin, ont été victimes d’abus sexuels commis par un orthophoniste. Incapables de s’exprimer verbalement, c’est à travers des dessins qu’ils ont montré ce qu’ils avaient subi. Comment mieux les protéger face à ce genre de danger ? Comment détecter si jamais nos petits amis peinent à révéler un lourd secret ? On te dit tout avec Rashveen Bondy, responsable de la Southern Handicapped Association de Plaine-Magnien.

Vous qui côtoyez quotidiennement des enfants handicapés, comment avez-vous réagi en apprenant ce qui s’est passé à l’École des Sourds ? 
Comme tout le monde, j’étais choqué. C’est un coup de massue pour nos enfants. C’est déjà difficile pour un enfant de parler de ça, maintenant pour un enfant porteur d’un handicap ou un enfant qui communique par langue des signes, c’est beaucoup plus difficile. D’autre part, ce qui s’est passé met en doute la confiance que nous avons envers les orthophonistes. Déjà qu’il manque ce type d’experts à Maurice.

Que faudrait-il faire pour éviter que ce genre de choses ne se reproduise dans les écoles ? 
Il faudrait qu’il y ait plus de cours d’éducation sexuelle pour nos enfants. Le but serait d’essayer de briser les tabous autour de ce sujet pour que les enfants puissent avoir une connaissance minimum et puissent en parler à leurs parents. Les enfants porteurs d’un handicap ou pas ne devraient plus avoir peur ou honte de dénoncer haut et fort ou tout simplement d’en parler. Bien souvent, le tabou autour de ce sujet commence dans les familles, à la maison. 

Toi, petit, qui lis cet article, tu dois pouvoir avoir confiance en tes parents et tout leur dire. Quand je parle d’éducation, cela ne te concerne pas uniquement mais aussi tes parents. Ces derniers doivent aussi bénéficier d’un programme de sensibilisation pour mieux aborder le sujet avec toi. Il y a l’exercice du bon toucher et du toucher inapproprié. Tes parents doivent te montrer et te dire quelles parties de ton corps que personne, je dis bien personne, n’a le droit de voir ou de toucher. Dans un deuxième temps, il se peut que le coupable ait un souci psychologique. Mais cela ne veut pas dire qu’il nous faut faire du suspect une victime. Les médias, les journaux ou les chaînes d’informations doivent rapporter tout ce qui se passe autour de cette affaire. Il faut une peine d’emprisonnement car c’est un acte condamnable et cela découragera peut-être d’autres pervers à répéter ce genre d’abominations.

Comment savoir si un enfant, sourd-muet, par exemple, a été victime d’attouchements sexuels ? Il est difficile pour lui de communiquer. 
Il y a certains sourds-muets qui ont une évolution intellectuelle instable. Ils n’évoluent pas au même rythme que les autres enfants. Pour mieux communiquer avec eux ou pour qu’eux-mêmes puissent mieux communiquer, il faudrait faire usage de dessins, de chartes illustratives. Les parents doivent se montrer attentifs et vigilants. Si votre enfant vous montre constamment une partie de son corps, c’est qu’il y a un problème ou qu’il essaie de vous dire quelque chose. C’est comme quand un enfant montre son ventre en faisant des grimaces, nous pouvons en déduire qu’il a mal au ventre. 

Les parents peuvent aussi faire usage de visuels pour communiquer. En montrant une image à un enfant, nous pouvons voir que peut-être qu’il aura tendance à s’attarder un peu plus sur une image ou être triste en voyant une certaine image ou même pleurer. Cela indique que ce dernier a un vécu relatif à cette image et là, nous devons creuser pour en savoir davantage. Par contre, un enfant qui a une évolution intellectuelle au rythme correct communiquera aisément. Il y a aussi des signes qui ne trompent pas chez un enfant. Par exemple, ce dernier aimait se rendre à l’école. Et, tout d’un coup, il ne veut plus y aller. Il y a un changement dans son comportement. Notre enfant est de nature joyeux et subitement, il ne mange plus, pleure sans raison ou à l’école, il ne veut même plus approcher quelqu’un en particulier. Il peut arriver parfois que l’enfant nous serre la main un peu plus en voyant quelqu’un ou se place derrière nous en voyant cette personne comme pour se cacher. Ce sont des signes révélateurs. 

Comment se fait le recrutement d’une personne qui doit travailler avec les enfants à besoins spéciaux ou qui ont besoin de plus d’attention ? 
Le certificat de moralité est très important et il doit être soumis. La personne doit aussi avoir un certificat médical et elle doit déjà avoir travaillé dans ce genre de milieu car nous allons nous renseigner pour connaître ses antécédents. Il n’y a pas de test psychologique d’effectué avant de recruter la personne. Peut-être qu’il faudrait rajouter cela lors de l’exercice de recrutement. 

Ce qu’il faudrait pour faire avancer l’enquête ? 
Rita Venkatasawmy, Ombudsperson for Children, propose que la police fasse appel à un interprète indépendant, maîtrisant la langue des signes. Ce dernier travaillera de manière indépendante et ne prendra pas parti dans les décisions ou dénonciations.