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Covid-19 - Bas le masque: Pas encore le réflexe normal

3 juillet 2022, 20:00

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Covid-19 - Bas le masque: Pas encore le réflexe normal

Depuis vendredi, les Mauriciens n’ont plus l’obligation de porter le masque, sauf dans quelques lieux, comme les centres de santé et les transports en commun. Le public lui reste sur ses gardes pour la plupart...

“Eski aster lapolis pou pran contravension a koz pe kontinié gard mask”, ironise une jeune femme de 27 ans, employée de bureau dans la capitale. Celle-ci explique qu’elle se faisait une joie de tomber le masque après presque deux ans; mais une fois arrivée à Port-Louis, vendredi matin, elle a été surprise de voir que la plupart des personnes portaient toujours leur masque. «Je me suis sentie bizarre. Monn tir mo mask monn meté», confie-t-elle. Elle explique qu’après avoir porté le masque depuis 2020, c’est devenu presque la norme. «Nombreuses sont mes collègues qui trouvent cela plus pratique. Pas besoin de passer des heures de se maquiller, par exemple. En plus du fait que cela protège.»

Elle souligne qu’ils ont tous porté le masque au bureau, des mois durant, utilisant des tonnes de gel hydroalcoolique mais cela n’a pas empêché que plusieurs de ses collègues, y compris elle-même, d’être contaminés. Finalement, elle se demande qu’elle est l’utilité du masque et soutient qu’elle privilégie aujourd’hui un retour à la normale. «To ou tar bizin aprann viv ek li. Nou pa pou met mask ziska 2050 non ?»

Un avis que ne partage pas Devi, 58 ans. Cette femme de ménage chez une famille à Baie-du-Tombeau explique qu’elle ne peut prendre de risque, ni pour elle, ni pour sa famille et surtout ses enfants. «Le virus est toujours là et je ne veux pas que mes enfants tombent malade par négligence. Nous avons porté le masque pendant tout ce temps, nous pouvons toujours le faire pendant quelques mois encore, histoire de suivre l’évolution du virus. Moi je le mets en permanence quand je ne suis pas à la maison.»

Du côté du transport en commun, le Regional Secretary du United Bus Industry Workers’ Union, Poomendra Letchanna souligne que la première journée a été marquée par plusieurs couacs. Notamment des personnes qui ont refusé de porter le masque dans des autobus. «Même si les receveurs d’autobus se font un devoir d’avertir les passagers qu’ils doivent porter le masque. Combien de fois, allons-nous devoir répéter la même chose ? Gouvernman pe pran dimounn pou boufon, oken plas pa pe met mask ek dan bis pe oblizé. Dimounn pa lé ékouté. Nou kapav gagn baté ek dimounn tou!» Il soutient qu’il faut plus de contrôle policier en ce sens. Des contrôles par les autorités doivent être faits pour faire respecter la loi s’il y va de la santé des personnes.

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Le port de masque non-obligatoire est-il une bonne mesure, selon vous dans le contexte actuel ?

Soyons clair, le port du masque à l’extérieur ne faisait pas de différence. Surtout que dans un espace aéré, il n’y a pas de grand risque de contamination. Cela a été démontré scientifiquement. Par contre, le port du masque à l’intérieur en général, pas que dans les hôpitaux mais aussi dans les malls, est toujours un choix judicieux. Cela est recommandé jusqu’à fin juillet au moins, quand on commencerait fort probablement à avoir zéro cas. Il faut savoir que le port de masque n’est pas interdit mais aboli. Cela veut dire que le choix a été transféré de l’État à l’individu. Chacun doit se protéger et protéger ses proches plus vulnérables.

N’y-t-il pas un risque de contamination élevé ? Surtout que nous sommes en hiver ?

Il faut savoir que les cas de Covid-19 ne dépendent en principe pas des saisons mais principalement de la mobilité et des rassemblements des gens, entre autres. Par exemple, l’on voit actuellement dans l’hémisphère nord où c’est l’été qu’il y a une hausse de cas de Covid-19. Mais il est vrai qu’en hiver nous avons beaucoup plus d’infections respiratoires et nous sommes plus exposés au virus d’une grippe ou influenza ; en deux ans, nous avions le masque et nous n’avons pas été directement exposé à cela ; il est donc important de continuer à se protéger.

Pour la vaccination, il y a une certaine contradiction : les employés de la santé, la police, les enseignants et les fonctionnaires  contact avec le public doivent avoir la triple dose pour exercer mais aucune obligation pour le public avec qui ils seront certainement en contact. Cela protège-t-il vraiment, ce sens unique ?

Du moment que les rassemblements et les masques ne sont plus d’actualité. Il en va de même pour la vaccination. Il est démontré que plus de 70 % de la population de Maurice ont déjà été contaminés et d’ici fin juillet, peut-être qu’on dépassera les 75 %. Ce qui veut dire qu’une grande majorité des Mauriciens sont déjà protégés de surcroît car ils ont développé des anticorps et un système immunitaire qui peuvent faire face au virus.

La vaccination est-elle toujours aussi importante pour tous ?

Principalement pour ceux qui ont des problèmes de santé et les personnes âgées. Comme je l’ai dit, la vaccination n’a pas lieu d’être pour les personnes en parfaite santé.

Comment mieux protéger ceux à risque (enfants, personnes âgées et personnes malades) contre le Covid-19 ?

Les enfants qui n’ont pas de gros soucis de santé ne sont pas vulnérables au Covid-19. Pour les personnes âgées ou présentant des maladies et comorbidités, il est recommandé de prendre ses responsabilités. Soit le port du masque ou encore éviter les rassemblements, non seulement pour ne pas être contaminés mais il faut, si l’on présente des symptômes, rester éloignés pour protéger les autres.