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Victoria Urban Terminal: la grande désillusion des commerçants

6 juillet 2022, 17:00

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Victoria Urban Terminal: la grande désillusion des commerçants

Deux mois depuis leur installation au sein du Victoria Urban Terminal, et de nombreux marchands ne peuvent cacher leur désenchantement. Les affaires ne vont pas fort. Aujourd’hui, leur préoccupation majeure est de régler le loyer en fin de mois. C’est loin d’être gagné…

Compétition féroce, manque de communication, absence de considération… Autant de facteurs que listent les commerçants exerçant au sein du Victoria Urban Terminal (VUT). En l’espace de deux mois, les sourires sont devenus des grimaces, pour une grande majorité. Pourtant, le public zigzague entre les rayons, histoire de jeter un coup d’œil. C’est du moins le constat fait hier lors d’une visite.

À peine le seuil franchi, le visiteur est accueilli par le fumet du tikka poulet. Certains clients hésitent mais finissent par se faire plaisir en dégustant un dholl puri. Loin du brouhaha, Faviola Rabaye aligne ses légumes. Elle est parmi les premiers marchands à avoir pris ses marques à l’ouverture. Si elle abordait alors un large sourire, aujourd’hui, il est plutôt crispé. Pour cause, les affaires ne marchent pas aussi bien qu’elle le souhaiterait.

Parmi les raisons évoquées, elle parle des pertes qu’elle enregistre au quotidien. «J’achète les légumes à l’encan. Il faut payer pour qu’un porteur les apporte jusqu’au véhicule. Et il faut s’acquitter des frais de transport. Puis payer un autre porteur pour débarquer les produits et les amener jusqu’à l’étal. C’est mon quotidien.» Mais ses problèmes ne s’arrêtent pas pour autant. «Des planteurs vendent leurs légumes à des prix plus compétitifs que les nôtres. Du coup, vous devez revoir vos prix et essayez de les aligner sur ceux de vos concurrents.» C’est sans parler des clients qui exigent de payer les produits à un prix plus bas. «Mais ils ne réalisent pas que nous avons un loyer à payer, en sus d’essayer de joindre les deux bouts pour vivre.»

Une meilleure visibilité auprès du public ne serait pas de refus pour Ameer Nisar

Elle avance que tous les marchands auraient dû se concerter et aligner les prix de leurs produits afin que tous puissent sortir gagnant. «Ceux qui ont des étals mieux situés travaillent beaucoup mieux que les autres. Ils auraient dû avoir un peu de considération pour ceux qui se retrouvent loin de l’entrée, dans des allées peu fréquentées par le public.» Ce qui la tracasse le plus, c’est que si le loyer mensuel n’est pas payé au cinq de chaque mois, une amende de Rs 600 s’ajoute. Elle n’est pas la seule à s’en inquiéter.

Parveen Bheebahee demande que le loyer soit revu, surtout pour ceux qui opèrent au deuxième étage.

Manque de publicité

C’est aussi le quotidien d’Ameer Nisar et d’Amanoula Hosanie, qui, eux, vendent des vêtements. Ils étaient loin de s’imaginer que s’installer au VUT serait aussi pénible. «Mes clients ne savent même pas où je me trouve», se plaint Amanoula Hosanie, qui opérait à la rue Decaen avant d’être envoyé à la place de l’Immigration pendant trois ans. «Je n’ai pas encore pris mes marques. Obtenir la somme pour payer l’étal même s’avère difficile. On est venu ici avec l’espoir que l’on pourra y travailler, mais nous sommes assaillis de doute.»

Les clients observent mais n’achètent pas, constat de différents commerçants.

De son côté, Ameer Nisar soutient qu’il y a des jours où il ne fait aucune vente. «Surtout avec tous les prix qui ont pris l’ascenseur, nous sommes encore plus stressés.» Le coût de la location leur fait craindre l’avenir. «Les clients préfèrent se concentrer sur l’achat de denrées alimentaires plutôt que de dépenser leur argent en achetant des vêtements. En tout cas, c’est une désillusion pour nous de venir travailler entre ces murs. On pensait que tout allait bien se passer, mais ce n’est pas le cas.» Il parle aussi d’un manque de publicité du VUT. «Il y a un manque de visibilité. Déjà que beaucoup de personnes ne savent toujours pas que nous avons pris nos quartiers ici, d’autres ne savent même pas qu’au-delà des marchands de légumes, d’autres commerçants sont là, et qu’ils occupent le fond du bâtiment mais aussi l’étage.» Il demande aux responsables s’ils peuvent faire une meilleure campagne de promotion en passant des publicités dans les radios privées et même sur les réseaux sociaux.

Le deuxième étage est quasiment désert car les clients s’arrêtent au bas de l’escalier roulant.

Au deuxième étage, Parveen Bheebahee esquisse un sourire. Mais elle ne peut s’empêcher de penser à son avenir. «Les clients ne savent même pas que nous sommes à l’étage. Du coup, nous sommes dans une grande tristesse. Il n’y a même pas de panneau pour indiquer qu’il y a aussi une aile à l’étage où plusieurs marchands travaillent.» Selon elle, les responsables du VUT devraient revoir les critères entourant les prix des locaux. «Nous sommes loin de tout, on aurait pu nous faire payer moins que Rs 4 000.» Celle qui opérait à la rue Decaen n’est pas contre le concept de réunir tous les marchands en un seul lieu, mais il faudrait une meilleure campagne de communication pour promouvoir tous les étals à tous les étages. «Pas évident de travailler dans un lieu aussi petit. Si le gouvernement pouvait entendre notre requête…» Ceux qui travaillent à cet étage demandent aussi que les toilettes soient opérationnelles le plus vite possible. «Nous devons tout laisser avec les collègues pour aller aux toilettes à l’étage d’en dessous.»

Les marchands essayent de croire dur comme fer que des jours meilleurs les attendent…