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Libéré de prison après 4 ans: David Jolicoeur voit son fils pour la première fois

8 juillet 2022, 14:30

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Libéré de prison après 4 ans: David Jolicoeur voit son fils pour la première fois

Libéré de la prison de Melrose hier, jeudi 7 juillet, après que le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) n’a pas objecté à sa remise en liberté – il faisait face à une accusation de vol entourant le meurtre d’un vigile –, David Jolicoeur voit le soleil après quatre ans. Il a été libéré contre une caution de Rs 10 000. 

David Jolicoeur avait été arrêté le 28 décembre 2018 dans une affaire de vol où un vigile avait été tué. Sa remise en liberté a été accordée mercredi devant la Bail and Remand Court. Si la semaine dernière, David Jolicoeur avait gagné une première victoire quand l’accusation provisoire de meurtre qui pesait sur lui a été rayée – il était accusé d’avoir tué le vigile Issah Ramjan, 86 ans, dont le corps avait été découvert en décembre 2018 à Riche-Terre, afin de le voler –, David Jolicoeur devra faire preuve de patience. Car la position du DPP est attendue le 13 juillet concernant sa demande de radiation de l’accusation de vol. 

C’est toutefois avec un sentiment de joie que David Jolicoeur, qui est vu dans l’une des vidéos de torture policière, rentre chez lui à Baie-du-Tombeau. «Monn fer prizon pandan 4 an pu nanyé. Je me souviens du jour de mon arrestation où j’ai été accosté par des policiers en civil. Zot ti amenn mwa dan bois, Calebasses et zot finn menas pou touy mwa avan ki zot amenn mwa kot enn la rivière, inn torture mwa inn met torche electrik ek mwa. Je ne peux identifier celui qui avait filmé la scène où je me trouvais nu et menotté ce jour-là, car à un moment donné, on m’a bandé les yeux», se remémore le jeune homme, qui avait 23 ans au moment des faits. Torturé et maltraité, il dit avoir été contraint de signer un document, ignorant totalement ce dont il était accusé. «Je ne savais pas que la raison de mon arrestation était liée au meurtre et au vol sur un vigile.» 

Détenu à la prison de Melrose sous deux accusations provisoires de meurtre et de «larceny armed with offensive weapon», David Jolicoeur confie qu’il a vécu un calvaire. «J’ai vécu l’incident de la mutinerie à la prison en février où j’ai été privé de nourriture et de vêtement», allègue-t-il. D’ajouter avoir perdu l’espoir l’être libéré un jour. «J’ai eu de mauvaises pensées et je me trouvais dans un état de pessimisme mais un ami m’a encouragé à tenir le coup», poursuit-il. 

Revenant chez lui, David Jolicoeur a souhaité voir ses enfants et son fils qui est né en son absence. «Mon fils est rentré chez lui pour voir les yeux, le visage de son bout de chou. En effet, sa femme était enceinte de quatre mois lorsqu’il avait été arrêté. Ainsi, c’est la première fois que l’enfant voit son père qui lui est encore étranger. Il ne veut pas que son père l’approche», confie pour sa part Annette, la mère de David. «Ses deux filles, âgées de huit et sept ans, vont revoir leur père. Ce sera une surprise pour elles, qui n’ont pu lui rendre visite lors de sa détention», affirme notre interlocutrice. 

Mᵉ Sanjeev Teeluckdharry, qui fait partie du panel d’avocats de David Jolicoeur, a saisi l’occasion pour demander la révision du délai permettant aux victimes de torture de réclamer des dommages. «Le délai pour pouvoir déposer plainte pour réclamer des dommages est de deux ans. Pour David Jolicoeur, il ne pourra poursuivre ni l’Etat ni les policiers au civil. D’où la raison de demander une révision du délai pour pouvoir loger une poursuite afin de compenser ces familles victimes.» L’avocat va plus loin en disant qu’une personne ne peut, comme cela a été le cas pour David Jolicoeur, être provisoirement détenue pendant quatre ans. «La police va devoir enquêter sur une affaire dans un délai prescrit, permettant au détenu d’être libéré sans ou avec conditions une fois l’enquête bouclée. Cela permettrait aussi à la poursuite de venir de l’avant avec un procès dans une échéance raisonnable», avance Mᵉ Teeluckdharry qui réclame également la mise sur pied d’une enquête en parallèle sur les policiers de la Criminal Investigation Division de Terre-Rouge pour possession d’armes dangereuses, soit des tasers ou torches électriques. Objets qu’ils ont utilisés pour torturer son client.