Publicité
Vendeur de tapis ambulant: le sexagénaire Abdul Cader Currim connaît les coins de Maurice sur le bout de ses doigts
Par
Partager cet article
Vendeur de tapis ambulant: le sexagénaire Abdul Cader Currim connaît les coins de Maurice sur le bout de ses doigts
«Nat zoli nat.» Non, ce ne sont pas là les paroles d’une chanson faisant l’éloge d’une jolie fille appelée Nathalie. Ces paroles, vous avez dû les entendre au moins une fois dans votre vie. Elles sortent de la bouche d’Abdul Cader Currim. Depuis l’âge de 15 ans, ce dernier a avalé des kilomètres de route et usé les roues de plusieurs vélos. Aujourd’hui, alors qu’il a 67 ans, c’est avec grande sagesse qu’il parle de son métier de vendeur de tapis ou de «Marsan Nat» comme beaucoup l’appellent.
Abdul Cader Currim a une casquette rouge vissée sur la tête. Il a enfilé des savates bleues dans ses pieds, un gilet mauve sur un pantalon gris et enfourche son vélo noir sur lequel il a entassé des tapis de toutes les couleurs. Abdul Cader Currim est marchand de tapis depuis l’adolescence. Pourquoi ? «Je viens d’une famille vulnérable où, malgré la pauvreté, on a compris très tôt que le dur labeur est toujours payant. De ce fait, j’ai toujours travaillé dur, quoi qu’il arrive, et cela indépendamment de ce que pensaient les gens», confie ce sexagénaire.
Il n’aime pas trop étaler sa vie car comme il le dit si bien, chacun sa vie, chacun ses problèmes. Mais il confie qu’il habite dans un quartier de Port-Louis et fait le tour de l’île à vélo allant jusqu’à Albion, Pointe Aux-Piments. Mais pour les livraisons qui sont géographiquement trop éloignées de sa base, il prend l’autobus.
«Sitan monn al partou mo konn tou bann landrwa Moris lor mo cinq ledwa. Mo fer sa travay la toile la sept zours lor sept. Travay la pli ale plis pe vinn difisil. Mo pay bann nat la mem Rs 50 pli ser aster», raconte ce «Marsan nat». Même si ses ventes plafonnent en ce moment, il ne baisse pas les bras car il est conscient que d’autres personnes connaissent plus de difficultés que lui dans la vie. «On vit dans un pays où il y a des gens qui doivent mendier pour manger. Et cette réalité-là, beaucoup ne le voient pas», déclare-t-il. Il interrompt la conversation en voyant un client éventuel se pointer. Il reprend alors sa rengaine «Nat zoli nat Rs 150-Rs 200.» Les prix varient et changent mais pas le cœur d’Abdul Cader Currim, qui ne dévoile rien de sa vie privée. Il baisse sa casquette, enfourche son vélo et s’en va, nous laissant sur notre faim.
Publicité
Les plus récents