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Inès Gébert: «L’Olympisme ne comprend pas seulement le sport mais aussi les valeurs qui y sont attachées»
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Inès Gébert: «L’Olympisme ne comprend pas seulement le sport mais aussi les valeurs qui y sont attachées»

Quel sportif de haut niveau ne rêve pas de prendre part aux Jeux Olympiques ? Inès Gébert, 17 ans, qui a représenté Maurice à l’étranger et aux derniers Jeux des Iles, n’a pu le réaliser. Mais pour elle, « le sport de haut niveau c’est bien plus que d’aller simplement aux JO ». Car d’avoir été nageuse de l’élite pendant plusieurs années tout en poursuivant des études au secondaire – grâce au dispositif mis en place par le Lycée La Bourdonnais (LLB)- lui a permis d’apprendre des valeurs tant dans le monde sportif que dans l’établissement scolaire de Curepipe. Aussi, il est tout naturel qu’avec un tel encadrement Inès Gébert parvienne à atteindre un autre but important: celui d’avoir d’excellents résultats au baccalauréat, lesquels lui ont permis d’obtenir une bourse d’excellence major - délivrée par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) - pour poursuivre des études supérieures en France.
Des années durant nous avons vu Inès Gébert avec un bonnet, des lunettes et une combinaison de natation à des compétitions aux quatre coins de l’île. Nous nous souvenons également de sa médaille d’or gagnée aux Jeux des Iles de l’Océan Indien au 200 m papillon, le 23 juillet 2019, date à laquelle elle avait fait rêver le peuple mauricien. Toutefois, ce n’est pas la nageuse que nous avons rencontrée mais une nouvelle bachelière du Lycée La Bourdonnais, à l’établissement scolaire de Forest Side. Ayant eu la meilleure note (19.31 sur 20) de tous les bacheliers mauriciens (Lycée La Bourdonnais et Lycée Des Mascareignes compris) cette année, elle a obtenu la bourse d’excellence major délivrée par l’AEFE. Elle fera une classe préparatoire (Voie économique et commerciale) aux grandes écoles à Versailles, France, dans le but d’accéder à une grande école de commerce et de management.

des lycées français implantés à Maurice.
Dispositif de programme personnalisé de réussite scolaire
Inès Gébert est la preuve vivante que l’on peut concilier le sport et les études. Toutefois, il faut souligner que rien n’aurait été possible pour elle sans le concours du Lycée La Bourdonnais et son programme personnalisé de réussite scolaire (PPRS). « J’ai été accompagnée par le lycée qui m’a permis, par le projet du PPRS (programme personnalisé de réussite scolaire), d’agencer mon emploi du temps, de sorte à ce que je puisse – pendant la période où j’étais au collège – me préparer pour les Jeux des Iles. Lors des JIOI, je préparais le Brevet des Collèges, en troisième. A cette période, je m’entraînais matin et soir quotidiennement. En outre, il y avait des séances de musculation à SPARC. Le Lycée La Bourdonnais a agencé mon emploi du temps de sorte à ce que je n’aie pas à faire des cours d’arts plastique ou, de musique. Les cours de sport ont été véritablement réduits. Les cours étaient en dernière heure ou en première heure. Je pouvais arriver à 9 heures à l’école ou bien en repartir à 14 heures pour pouvoir aller m’entraîner. Pour les JIOI, mon emploi du temps a été bien allégé et m’a permis de m’entraîner. J’ai d’abord été accompagnée par Erwan Layec puis Ben Hiddlestone. On avait notre programme à nous et le Lycée n’a pas interféré dans mon programme. J’ai fait mon sport et le Lycée m’a permis de le pratiquer dans les meilleures conditions » affirme Inès Gébert.
A noter que lors de ses déplacements à l’étranger pour des compétitions, des professeurs faisaient parvenir des cours à l’ancienne nageuse via la plateforme ‘pronote’. Les enseignants y mettaient les devoirs et le descriptif de tout ce qu’’ils faisaient en cours, avec les liens et documents en pièces jointes pour qu’elle puisse suivre. Le Lycée avait aussi fait en sorte qu’elle ait dans sa classe un élève référant, de confiance qui lui envoyait tous les cours de toute la journée, tout ce qu’ils avaient fait en classe en sus de ce qui se trouvait sur ‘pronote’. Pour les contrôles, les enseignants pouvaient lui proposer de les passer avant ses départs ou après ses arrivées.
« J’avais le minimum à faire. Parfois, parce que j’allais être hors du pays lors de contrôles au lycée, les enseignants me proposaient de les passer avant mon départ ou après mon arrivée. Pour que je sois notée comme les autres et pour que je sache où je me situe et si j’avais acquis les notions » explique Inès Gébert. Et que retient celle-ci de cette expérience ? « Le sport m’a beaucoup aidé. Si je n’en avais pas fait, je n’aurais peut-être pas pu parvenir à ce résultat. Il n’a nullement été un handicap pour moi, mais une grande force. Je dois en partie ma réussite au fait qu’il y ait eu du sport durant toute mon enfance, mon adolescence. Le goût de la discipline, de l’effort, du défi, du dépassement de soi ont toujours été importants pour moi. Et comme durant toute ma vie j’ai dû jongler avec le sport et les études, je suis parvenue à trouver un équilibre et cela a été facile pour moi par la suite d’implémenter tout cela pour arriver à ce résultat au BAC » déclare-t-elle.
Valeurs sportives et humaines
Il faut souligner qu’Inès Gébert a mis un terme à sa carrière sportive en janvier de cette année en raison des complications liées aux restrictions sanitaires. Elle ne pourra pas goûter à la joie de représenter le pays aux Jeux Olympiques mais elle n’a aucun regret. Bien au contraire. « C’est le rêve de tout grand sportif de se qualifier pour les Jeux Olympiques. Moi, j’ai toujours grandi avec l’espoir, l’envie et le rêve d’être qualifiée pour les Jeux Olympiques mais je ne suis pas parvenue à le faire. Ce n’est pas pour autant que je garde un goût amer d’avoir failli à ma tâche. Pour moi, le sport c’est beaucoup plus que simplement aller aux JO. Tout ce qu’on apprend ce sont des valeurs, les rencontres, c’est des moments inoubliables, des souvenirs, des voyages, des rires et des pleurs. J’en fais une forme d’école de la vie, je trouve. Etre sportif de haut niveau n’implique pas simplement d’aller aux Jeux Olympiques. Cela va au-delà de cela. L’Olympisme ne comprend pas seulement le sport mais cela englobe aussi l’ensemble des valeurs qui y sont attachées » fait savoir Inès Gébert.

aux Jeux des Iles de l’Océan Indien à Côte d’Or.
Dans un autre ordre d’idées, Valérie Gérard, responsable des athlètes de haut niveau qui sont au Lycée La Bourdonnais, ajoute que le Lycée curepipien véhicule aussi des valeurs. « Au Lycée, on a beaucoup de valeurs - s’agissant notamment de la camaraderie, l’amitié, la mixité, la solidarité – qui n’ont pas comme point final les JO ou qui aient quelque lien avec le sport. Pourtant, au Lycée, on essaye d’inculquer aux élèves cet esprit de partage, d’amitié, que l’on peut voir dans l’olympisme » affirme l’ancienne championne de triathlon.
Enfin, ce qu’il faut surtout retenir c’est qu’Inès Gébert ait atteint son but : avoir son BAC et faire les études de son choix, grâce au dispositif de programme personnalisé de réussite scolaire mis en place par le Lycée La Bourdonnais. « Pendant sept ans au collège, le Lycée La Bourdonnais m’a permis de réaliser des rêves, notamment sur le plan sportif. Et aujourd’hui, je vais en réaliser un autre : celui d’intégrer une classe préparatoire aux grandes écoles. La classe préparatoire c’est très exigeant mais c’est ce qui me plaît. J’ai toujours apprécié le Lycée. Je reste une compétitrice dans l’âme» déclare-t-elle avec grand enthousiasme.
Comment le PPRS a été mis en place
Selon Valérie Gérard, professeur d’éducation physique et sportive et responsable des athlètes de haut niveau qui sont au Lycée La Bourdonnais, l’établissement scolaire les repère généralement à travers les journaux. Mais les élèves peuvent aussi en parler aux responsables de l’établissement scolaire. Malheureusement le dispositif est méconnu. Depuis 2 ans, le Lycée La Bourdonnais fait en sorte que de plus en plus d’élèves apprennent à mieux connaître ce dispositif.

au Lycée La Bourdonnais – aux côtés d’Inès Gébert, sur le terrain de foot du lycée.
« A la base, ce dispositif a commencé avec la SEC (Sport Etudes Concept). A l’époque, les élèves venaient à l’école dans une salle séparée où ils suivaient les cours du CNED (Centre National d’Enseignement à distance). Ils faisaient leurs cours par correspondance mais ils étaient aidés par les professeurs » explique Valérie Gérard. Celle-ci ajoute que le dispositif du PPRS lui a alors été préféré. Il s’inspire d’un autre dispositif mis sur pied pour l’équipe ‘d’avançons ensemble’ qui existe pour les enfants en difficulté ou qui ont des troubles d’apprentissage. « On met en place des systèmes de rencontres avec les parents, et des matières allégées pour que les élèves aient plus de temps de travailler. Puis, on s’est inspiré du système appelé PPRE (programme personnalisé de réussite éducative dont se servait l’équipe « d’avançons ensemble ». On l’a transformé en PPRS, soit programme personnalisé de réussite scolaire, dans le cadre du lycée. Pour Valérie Gérard, l’ambition du PPRS au Lycée La Bourdonnais passe d’abord par la réussite à l’école. Du reste, quand l’enfant signe un contrat, il faut « qu’il joue le jeu ». Certes, il aura des devoirs, sera dispensé d’arts plastiques et de musique mais en contrepartie il lui faudra fournir des résultats sur les deux plans. « A la rigueur tout d’abord sur le plan scolaire. Le Lycée est là pour l’aider à faire son sport mais il faut aussi qu’il soit bon élève. C’est à lui de gérer son sport avec ses entraîneurs et sa famille » poursuit Valérie Gérard.
Ayant lu notre article, Sylvain Hennequin, qui a travaillé au Lycée La Bourdonnais de 2004 à 2017, nous en a dit un peu plus sur la SEC et le PPRS. « C’est en 2009 qu’a été lancé le programme de la SEC avec Laurent Lacombe, ancien rugbyman, comme directeur du projet et moi-même comme coordonnateur. Tous les élèves de la SEC ont brillamment réussi leurs études à travers le CNED. A l'origine on trouvait à la SEC les élèves suivants: les cyclistes James Colin Mayer et Olivier Le Court, les joueurs de tennis Tessa de Speville, Sohinee Gosh et Enzo Couacaud, les nageuses Olivia de Maroussem et Varuna Jasodanand, Ambre et Candice de Falbaire, athléte et triathlè respectivement). Après, les élèves et sportifs suivants ont intégré le projet: les cyclistes Mathieu Leblanc, Kimberly Le Court et Gabriel Mayer ainsi que Marie Leclezio en équitation. Parallèlement à la SEC, le suivi des sportifs se faisait en classe ; ceux qui ne souhaitaient pas intégrer le dispositif dont Lambert Leclezio (voltige équestre) a toujours travaillé en classe et était soutenu à son retour de stage ou de compétition. Enfin, Simon de Spéville a été notre premier champion du monde de surf ski et lui aussi suivait ses classes normalement et bénéficiait d’un soutien pendant sa préparation » précise Syvain Hennequin, aujourd'hui vice-principal au ‘West Coast International Secondary School ». Ce dernier ajoute que c’est en 2013 que le PPRS a succédé à la SEC. Laurent Lacombe étant parti, c’est lui qui a été le premier responsable du PPRS. Et ce, jusqu’à son départ du Lycée La Bourdonnais en 2017.
Ceux qui ont débuté le PPRS sont Jean de Jean de Falbaire (planche à voile), Célia Glover (natation), Rémi Gérard (triathlon), Gauthier Marier D’Unienville (rugby), Lorna Bodha, (médaillée d’or de badminton aux championnats d’Afrique en 2022), Inès Gébert (médaillée d’or en natation aux JIOI 2019). Ils ont été le premier groupe du PPRS. Mais il existe encore d’autres jeunes athlètes dont nous découvrirons les performances à l’avenir. Cela dit, il faut retenir que Lorna Bodha, qui a eu le BAC au Lycée La Bourdonnais cette année, a aussi décroché l’or en double de badminton avec sa coéquipière Kobita Dookhee en Ouganda (18-20 février 2022), à l’ « All African Championships ».
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