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La semaine décryptée
Voir les événements de la semaine autrement. Il s'agit d'une revue critique-et politique- de l’actualité comme rapportée dans les médias du 4 juillet 2022 au vendredi 8 juillet 2022.
Lundi 4 juillet 2022
Après MedPoint, hôtel aux Seychelles
Le Dr Krishan Kumar Malhotra, beau-frère du Premier ministre mauricien, a défrayé la chronique aux Seychelles samedi dernier quand il a défendu son projet de construction d’un hôtel de très grande classe dans l’île principale de cet archipel. C’est ce que rapporte l’express du lundi 4 juillet.
On aurait tort de croire que le Dr Malhotra est un «n’importe» de l’Inde qui a profité de sa proximité avec la famille Jugnauth pour faire fortune. Jugé comme étant l’un des jeunes les plus brillants de son pays, il avait bénéficié d’une bourse dans l’une des plus prestigieuses universités de la Grande-Bretagne. Des années après son mariage, il avait monté la clinique MedPoint, l’équipant de ce qui était du dernier cri dans le hi-tech. Malheureusement, il fut victime d’un grave incident et il partit s’installer à Londres.
Le problème que rencontre le Dr Malhotra actuellement, c’est qu’on conteste son projet de créer des îles artificielles qui feront office de brise-lames. Selon le Dr Malhotra, il valait mieux construire ces petites îles aménagées comme des espaces verts que les horribles brise-lames installés sur 47 autres sites des Seychelles. La réussite du projet du Dr Malhotra aux Seychelles rehausserait le prestige de Maurice comme pays très performant dans le domaine de l’hôtellerie de grande classe.
Mardi 5 juillet 2022
Un homme contre tous
Ce mardi 5 juillet, en créant des conditions pour que le Premier ministre, Pravind Kumar Jugnauth (PKJ), ne soit pas acculé sur l’affaire de sniffing soulevée par Sherry Singh, le speaker, Sooroojdev Phokeer, a dépassé toutes les limites dans les traditions de Westminster observées au Parlement mauricien jusqu’en 2014.
S’emmêlant les pinceaux, se perdant dans ses références aux Standing Orders, le speaker a réalisé l’essentiel, c’est-à-dire éviter un «barrage» de questions sur le sniffing, permettant ainsi aux spin-doctors de PKJ de venir avec des explications et tenter de renverser la vapeur.
Si le speaker n’existait pas, on l’aurait fabriqué dans un laboratoire au Sun Trust.
Mercredi 6 juillet 2022
N’est pas «fami» qui veut…
L’express du 6 juillet présente Nayen Koomar Ballah comme le fonctionnaire le plus puissant de tous les temps. Plus puissant que Bhinod Bacha, avant qu’un incendie ne vienne mettre fin à sa carrière.
Au fait, davantage discret que flamboyant comme sir Bhinod, Ballah a été mêlé à la controverse de sniffing révélée par Sherry Singh, car ce chef de la fonction publique et cousin de Lady Sarojni Jugnauth est aussi le chairman de Mauritius Telecom.
Aussi chairman de la SBM (Holdings), de la Mauritius Revenue Authority et de Multi-Carrier, la compagnie qui fournit les équipements de diffusion aux radios privées et à la MBC. Il dispose ainsi du pouvoir de rendre muettes toutes les radios privées et la MBC aussi, si un coup d’État y est orchestré pour éliminer le fidèle Anooj Ramsurrun.
Contrairement aux traditions du passé, quand les syndicats de la fonction publique étaient très loquaces sur l’accaparement des institutions par des retraités et des nominés, ces organisations seraient devenues relativement dociles depuis 2014. Puisque le retraité Ballah occupe les plus hautes fonctions dans l’appareil d’État, les chances de promotion des fonctionnaires restent bloquées de ce fait.
Jeudi 7 juillet 2022
«Survey yes, sniffing no»
À la une de l’express du jeudi 7 juillet, le Premier ministre (photo) expliquant que des techniciens indiens voulaient entreprendre un survey, soit un relevé, à la landing station de Baie-Jacotet. Et cela, suivant une demande qu’il avait faite auprès de son homologue indien, Narendra Modi. On peut comprendre de ce fait qu’il s’agissait de professionnels hautement qualifiés qui pouvaient faire un relevé pour voir si la sécurité de l’État mauricien n’était pas compromise.
Selon le Premier ministre, après avoir au départ refusé l’accès aux Indiens, Sherry Singh a donné la permission par la suite. Cette affaire de collaboration avec un pays étranger fait bien partie des traditions mauriciennes. Après l’Indépendance en 1968, sir Seewoosagur Ramgoolam avait confié aux Britanniques toute la sécurité de l’État, accueillant même au PMO un Security Adviser anglais.
Après la formation du gouvernement de coalition entre Travaillistes et PMSD en 1969, les Français eux aussi devinrent très actifs au niveau de notre sécurité. Plus tard, quand Raj Dayal opéra en maître à la police et à la SMF, les Français furent encore une fois favorisés.
Après 1982, avec le départ du Security Adviser britannique John Rewcastle, le pays accueillit des Indiens pour occuper ce poste. Le seul Mauricien à être nommé Security Adviser fut Deepak Bhookhun. Après son départ, avec l’arrivée au pouvoir de Navin Ramgoolam en 2004, la tradition de Security Advisers indiens a été rétablie.
Vendredi 8 juillet 2022
L’exemple Boris Johnson
Les Mauriciens suivent avec beaucoup d’intérêt la démission de Boris Johnson comme leader des Conservateurs britanniques. Il abandonnera ses fonctions aussitôt un successeur nommé.
Au fait, ce qui s’est passé à Londres ne pourrait se reproduire à Port-Louis car nos traditions politiques et électorales sont bien différentes, bien que le style de Westminster et le système électoral First Past The Post nous ont fait partager des traits communs. Mais, depuis 2014, l’héritage de Westminster est graduellement érodé par l’installation d’un gouvernement de plus en plus autocratique.
Les événements à Londres prendraient une tournure spectaculaire pour les Mauriciens si jamais la ministre Suella Braverman est désignée comme Premier ministre. En effet, Suella Braverman est la fille d’une Mauricienne, Uma Mootien-Pillay, et d’un Kenyan, Christie Fernandes, lui-même enfant d’immigrants venus de Goa, en Inde. Suella Braverman a occupé les fonctions de ministre de la Justice.
Avec le contentieux Chagos envenimant les relations entre Maurice et la Grande-Bretagne, ce sera une douce revanche de l’histoire si une fille mauricienne parvenait à se voir confier les fonctions de Premier ministre.
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