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Noorani Allybocus: le génie des lampes
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Noorani Allybocus: le génie des lampes
Il réalise vos vœux, avec sa lampe magique d’Aladdin faite à la main. Lui, c’est Noorani Allybocus, 57 ans. Depuis presque 40 ans, il fabrique et répare, sur commande, divers objets en métal et en cuivre. Deksi, karay, tempo, marmit, divers moules à gâteaux. Mais pas que… Il conçoit aussi des objets décoratifs «vintage». Comme des lampes, miroirs, horloges analogiques, entre autres.
Direction Chemin-Grenier, là où se trouve son atelier, aux mille merveilles. Ce qui attire d’emblée le regard : les antiquités exposées à l’entrée, qu’il a lui-même fabriquées à la main. Alors que nous admirons son travail, l’habitant de Chemin-Grenier nous confie que c’est grâce à son père qu’il fait ce métier aujourd’hui. «C’est lui qui m’a tout appris. Quand il est parti, j’ai pris la relève. J’avais 18 ans à l’époque.»
Dans son modeste royaume, Noorani Allybocus est le seul roi. Il n’a pas d’employé. «Il faut être dévoué à son travail. Et quand on choisit ce métier, on apprend que la patience est une vertu, chose que beaucoup de personnes n’ont pas, notamment les jeunes.» Il ajoute que tout doit être fait de façon méticuleuse et précise, afin d’éviter toute blessure. «Jusqu’à présent, je n’ai heureusement pas été gravement blessé. Saut quelques blessures mineures qui ont pu être traitées, mais cela fait partie du boulot. La priorité : ne jamais faire de compromis sur la qualité.»
Quarante ans plus tard, son amour pour ce métier semble avoir été «forgé». Ses objets, le quinquagénaire les fabrique d’ailleurs avec amour. Et nous les montre avec fierté. Des réalisations avec du neuf, du vieux, mais aussi avec une touche d’authenticité : de vieux ustensiles en cuivre, des balances à plateaux, des lampes anciennes… Des lampes qui vous tentent de les frotter dans l’espoir qu’un génie en sorte et vous accorde trois vœux, comme dans le film Aladdin de Walt Disney.
«Vous voyez, tous les produits que je fabrique sont en métal ou en cuivre, ce qui les rend durables. Dans d’autres magasins, ils sont faits avec des feuilles en fer, ce qui les fait rouiller facilement.» Et vous, à combien vendezvous vos produits et pourquoi, après 40 ans, ce commerce ne semble pas avoir été modernisé ? «Les moules à gâteaux coûtent environ Rs 300. Les lampes sont à partir de Rs 400. Cela dépend des produits. On met en valeur l’authenticité et on maintient des prix abordables. En fait, c’est ça le but. Si vous vendez les mêmes produits dans un commerce plus beau, les prix risquent d’être plus élevés et vous perdez la confiance de vos clients parce que la mauvaise perception est que les choses que l’on trouve dans un plus beau commerce sont de meilleure qualité et donc doivent être plus chères.»
Pour Noorani Allybocus, c’est la qualité qui prime. Mais aussi la valeur sentimentale de ses objets. Comme ce service à thé traditionnel en cuivre qu’il nous montre. «Je l’ai fabriqué il y a environ dix ans. Vous savez, dans les films Bollywood, on peut voir des scènes où les familles se rencontrent pour la première fois pour finaliser le mariage d’un jeune couple. Et ce même service à thé est utilisé lorsque la future mariée doit servie ses futurs beaux-parents», dit-il en riant. Chaque objet qui se trouve dans son atelier a sa propre histoire.
Outre sa créativité, qui en soi est un plaisir à découvrir, la fidélité des clients de Noorani Allybocus semble inestimable. Juste à côté de l’entrée, une dame âgée croise son chemin, avec l’espoir que le quinquagénaire réparera son wok. «Mo karay maryaz sa. Mo pou amenn li taler, zis ou ki fer sa bien», lâche-t-elle. Un autre client nous confie : «Cela fait presque 40 ans que j’achète moi-même des objets et c’est incroyable de voir, dans un monde où tout est virtuel, rapide et informatisé, un vrai contact humain, de l’authenticité et de l’amour pour ce travail.»
Le savoir-faire artisanal et l’amour du métier sontils suffisants dans le nouveau monde numérisé, en particulier compte tenu des incertitudes économiques qui ont suivi la pandémie de Covid-19 ? «L’impact économique de la pandémie ne m’a pas beaucoup touché. Hormis mon métier, je fais aussi d’autres travaux, par exemple la réparation d’électroménager, de radiateurs de voitures et la fabrication de cadres de fenêtres et de portes en aluminium.»
Aujourd’hui, âgé de 57 ans, Noorani Allybocus avance qu’il est un homme heureux avec sa petite famille. Il vit tout juste derrière son atelier, avec sa femme, Nazeera, et ses deux enfants – son fils, Raees, qui est comptable, et sa fille, Sadiyyah, qui fait des études en informatique. Il encourage ceux qui veulent se lancer dans ce métier à apprendre, sans préjugés. «La génération d’aujourd’hui a tendance à avoir des préjugés selon lesquels ce travail n’est pas professionnel. Je veux qu’ils apprennent. Nous devons transmettre les connaissances.» Sans oublier qu’il faut sans cesse apprendre et progresser. D’ailleurs, ne dit-on pas que c’est en forgeant qu’on devient forgeron.
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