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L'argument central de Sherry Singh: «L'intervention sur le câble SAFE est illégale»

13 juillet 2022, 21:00

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L'argument central de Sherry Singh: «L'intervention sur le câble SAFE est illégale»

Le Chief Executive Officer (CEO) démissionnaire de Mauritius Telecom (MT) était bien dans les locaux de l’express, hier soir. En direct. Les attentes étaient fortes. S’il n’est pas venu avec des preuves physiques, il a estimé que sa chronologie et le détail des événements seraient suffisants pour convaincre de la «trahison» du Premier ministre. Il a répondu à ce que Pravind Jugnauth a déclaré au Parlement hier. Mais a insisté sur «l’intention», qui est le «sniffing». 

Le point central de son intervention : il y a bien eu un «survey» mais surtout une intervention sur le câble de fibre optique SAFE, à Baie-Jacotet, par une équipe étrangère, ce qui est illégal. De midi 59 à 18 h 52, le 15 avril, plus précisément. Jour de l’appel du Premier ministre, plus tôt, à 10 h 18. Pour comprendre, la landing station de Baie-Jacotet est l’endroit où le câble SAFE entre. C’est le plus important, la majorité du trafic internet passe par SAFE, toutes les communications du protocole internet : YouTube, Facebook, e-mails… 

Sherry Singh confirme les lettres officielles du bureau du Premier ministre, mais avance que dans ces lettres, il n’a jamais été question de survey. Juste une demande d’information. Alors que les deux lettres adressées par le Cabinet du PM à Sherry Singh en octobre et décembre 2021 n’ont pas été rendues publiques par Pravind Jugnauth hier, Sherry Singh dit en avoir conservé des preuves. Dans ces lettres, disent Sherry Singh et Pravind Jugnauth, il est question de demande d’informations. Il explique qu’il a refusé de donner ces informations après la première lettre du 21 octobre 2021 et est allé voir Nayen Koomar Ballah, secrétaire au Cabinet et chairman de Mauritius Telecom, pour lui demander si le PM réalise bien ce qu’il demande. 

«Sait-il que ce sont des informations sensibles qui ne peuvent être communiquées à des tierces personnes ?» Ballah lui promet d’obtenir confirmation du PM et de répondre à Sherry Singh. Cependant, aucune réponse ne parviendra à Singh. Mais une seconde lettre viendra, qu’il recevra le 22 décembre 2021, où on lui demande de répondre avant le 24 décembre 2021. Sherry Singh demande à nouveau à un fonctionnaire dont il n’a pas cité le nom si le PM se rend compte de ce qu’il demande. Le fonctionnaire confirme : Oui, le PM sait qu’il s’agit d’informations sensibles et insiste pour les obtenir. L’ancien patron de MT explique que le câble SAFE est géré par un consortium international. 

Devant cette assurance, Sherry Singh ne peut que se plier aux ordres reçus. D’autant plus que la demande est en écrit. Il a donc tout tenté pour expliquer la sensibilité de l’affaire mais le PM veut ces informations. 

En avril, Nayen Koomar Ballah informe Sherry Singh que trois Indiens viendront le 14 avril 2022 pour un survey. L’ex-CEO les reçoit le jour venu. Et le chef d’entre eux, qu’il surnomme «gro moustas», a un entretien avec Sherry Singh en présence d’un fonctionnaire. Et là, deuxième coup de tonnerre pour Singh, le moustachu lui dit qu’il veut analyser le trafic en vue de l’installation d’un équipement d’interception. 

«Impossible», lui répond Sherry Singh, car, dit-il, il n’y a pas de loi qui le permet. L’ex-CEO de MT souligne à ce moment-là à l’express que le système SAFE n’est pas sous le contrôle de MT mais de celui d’un consortium d’opérateurs, contrairement à ce qu’avait voulu faire croire Jugnauth. (C’est juste le bâtiment, l’infrastructure qui accueille le câble qui est géré par MT en fait.) Et le fonctionnaire dit être d’accord avec Singh, lui demandant de voir avec son gouvernement. «Tout s’arrête là», indique ce dernier. 

Jusqu’au lendemain, soit le 15 avril 2022, où Sherry Singh reçoit un appel du PM, très en colère, précise-t-il, et qui lui dit : «Je t’ordonne d’accepter et si tu ne veux pas endosser cette responsabilité, je la prends sur moi. Autrement, je prendrai les dispositions nécessaires.» Sherry Singh lui fait savoir alors que «si vous me l’ordonnez, je dois l’accepter». Il expliquera à Axcel Chenney qu’il ne pouvait faire autrement devant un ordre du ministre de l’Intérieur, en charge de la sécurité nationale et qu’il était sous pression car il devait répondre au plus vite. Il demande toutefois à un de ses collaborateurs d’accompagner les étrangers pour s’assurer qu’ils n’installent rien. 

Pourquoi Sherry Singh n’a-t-il pas démissionné dès ce 15 avril ? «Je suis resté pour accumuler des preuves et empêcher l’installation de l’équipement.» Il fait remarquer que même s’il s’est finalement plié aux directives ou ordres du PM, ce dernier a reconnu que c’est lui, le chef du gouvernement, qui a donné ces ordres. 

Pour l’ex-CEO de MT, Pravind Jugnauth a commis un délit en ne consultant pas le consortium et a accepté de donner des instructions directement au CEO. Et si le rapport de son technicien certifie qu’ils n’ont pas installé d’équipement renifleur, comme l’a dit le PM, Singh avance qu’il détient des preuves que ces étrangers ont laissé des traces compromettantes. Le rapport technique ne ment pas, les vidéos non plus. Toute intervention sur un réseau ou un serveur laisse des traces. Or, intervenir sur le câble sans l’aval du consortium est illégal. À lui maintenant de prouver tout cela en cour et de fournir ses preuves à la police.
 


Facebook: Pic de 92 000 connexions

<p>Au vu des commentaires, l&rsquo;attente d&rsquo;une grande partie de l&rsquo;audience d&rsquo;hier c&rsquo;était que Sherry Singh montre ses preuves documentées ou des enregistrements sonores ; ce qu&rsquo;il n&rsquo;a pas fait. Même si on a vite compris au cours de l&rsquo;émission que Sherry Singh ne le ferait pas, les viewers sont restés fidèles à l&rsquo;émission qui a touché un nombre record d&rsquo;internautes. 92 000 connexions ont été recensées en début de l&rsquo;émission, à 20 h 29, ce qui est un record. Ils étaient 73 000 à la fin du live, autre record.</p>

 

 

L’appel au rassemblement du peuple

<p>Pourquoi Sherry Singh a-t-il lancé un appel au peuple, lui demandant de se rassembler, à plusieurs reprises, à la fois sur <em>&laquo;Radio Plus&raquo; </em>et sur <em>&laquo;l&rsquo;express&raquo; </em>? Il a dit hier qu&rsquo;il a aidé<em> &laquo;Lakwizinn &raquo;</em> à construire et non à diviser. Est-il au courant de quelque tentative de diviser, justement, la population ?&nbsp;</p>

<p>L&rsquo;ancien CEO de MT a déclaré avant l&rsquo;émission qu&rsquo;il ne compte dévoiler les autres casseroles de <em>&laquo;Lakwizinn&raquo;</em> &ndash; où il a passé 15 ans &ndash; et qu&rsquo;il se concentre uniquement sur l&rsquo;affaire de <em>&laquo;sniffing&raquo;</em>. On ne sait pas si c&rsquo;est le maquillage, en tout cas, il paraissait sincère quant à son appel à l&rsquo;unité nationale, qui est menacée selon lui. C&rsquo;est d&rsquo;ailleurs une des raisons pour lesquelles il demande au gouvernement d&rsquo;organiser des élections au plus vite...</p>

 

Câble SAFE: qu’est-ce ? 

<p>Le South Africa Far East (SAFE) câble est, comme son nom l&rsquo;indique, un câble sous-marin à fibre optique. D&rsquo;une longueur de 13 500 km, il relie l&rsquo;Afrique du Sud, Maurice, La Réunion, l&rsquo;Inde et la Malaisie. Il a été mis en service en 2002.&nbsp;</p>

<p>Par ailleurs, le consortium gérant SAFE comprend Angola Telecom, AT&amp;T, BT, Camtel, China Telecom, Chunghwa Telecom, Côte d&rsquo;Ivoire Telecom, Ghana Telecommunications Company, KPN, KT, Maroc Telecom, Mauritius Telecom, NATCOM (Nigeria), Neotel, OPT, Orange, PCCW, Proximus, SingTel, Sonatel, Sprint, Tata Communications, Telecom Italia Sparkle, Telecom Namibia, Telekom Malaysia, Telkom South Africa, Telstra, Telxius, Verizon, Vodafone, y compris les membres de SAT3/WACS.&nbsp;</p>

<p>Le système a été fourni par Tyco Submarine Systems (maintenant SubmCom) et le câble SAFE atterrit aux &laquo;landing stations&raquo; suivantes : Mtunzini et Melkbosstrand en Afrique du Sud, Saint-Paul à La Réunion, Baie-Jacotet à Maurice, Cochin en Inde et à Penang en Malaisie.</p>