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Intervention sur le câble SAFE: Orange ne communique pas

14 juillet 2022, 15:30

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Intervention sur le câble SAFE: Orange ne communique pas

Le board de Mauritius Telecom n’était au courant ni du «survey» ni de l’intervention sur le câble SAFE. C’est ce que Sherry Singh a affirmé mardi sur le plateau de l’express. Le conseil d’administration ne pouvait pas être mis au courant car la demande n’était pas officielle, avait précisé l’ancien Chief Executive Officer de Mauritius Telecom. Face aux révélations, Orange (anciennement France Telecom), étant actionnaire dans Mauritius Telecom à 40 % et qui a des représentants sur le conseil d’administration, n’a pas souhaité réagir car elle n’a pas assez d’informations pour l’instant. «En effet, nous sommes actionnaires de Mauritius Telecom mais nous ne sommes pas impliqués dans les activités opérationnelles de la société», a fait savoir la maison-mère de la compagnie.

Gouvernance: Le board de Mauritius Telecom sous pression

Ce qui se passe à MT est loin d’être un parfait exemple de bonne gouvernance. Hélas, c’est un principe à géométrie variable dans les entreprises où l’État est majoritaire.

Les spécialistes sont catégoriques. Ce qui se passe actuellement au sein de la société d’État Mauritius Telecom (MT) est loin d’être un parfait exemple de bonne gouvernance. Pour cause, la décision du Premier ministre, Pravind Jugnauth, de sommer l’ex-CEO Sherry Singh en avril à autoriser à une «third party» à procéder à une inspection à la station de Baie-Jacotet, à Bel-Ombre.

Le «landing point» du câble SAFE à Bel-Ombre.

«S’il y a une requête formelle à cet effet, elle doit venir du board de MT et non pas d’une tierce personne, peu importe la position qu’elle occupe», explique Tim Taylor, l’ex-chairman du Comité national sur la bonne gouvernance. Pour autant, il n’est pas totalement choqué que ces règles de bonne gouvernance ne soient pas suivies dans des entreprises d’État car c’est une problématique qui a toujours existé au temps où il présidait ce comité.

«Dans des sociétés d’État, nous avons toujours eu droit à des principes de bonne gouvernance à géométrie variable avec des directeurs qui ne se comportent pas d’une manière indépendante au sein du board», affirme Tim Taylor. Et d’ajouter qu’il est malheureux que cela soit une pratique de gouvernance qui existe toujours et qui peut entraver le bon fonctionnement du conseil d’administration, voire d’une entreprise.

D’ailleurs, se basant sur le Shareholders’ Agreement entre le gouvernement comme l’actionnaire majoritaire, détenant 60 % du capital à travers une brochette d’entités d’État et France Telecom (40 %), un ex-membre de direction soutient que ce document fait clairement ressortir que «ni le gouvernement ni France Telecom ne peut dicter la direction dans ses tâches opérationnelles. Les principes de bonne gouvernance exigent que toute la politique en matière des télécommunications, notam- ment celle relative à ses réseaux de connectivité internationale, soit définie par board et exécutée par le management. Il ne peut y avoir aucune ingérence extérieure.»

D’où son étonnement de ce qui se dit actuellement sur la place, avec l’intervention humaine pour un survey technique à Baie-Jacotet par une équipe de techniciens indiens. Cela, pour des raisons liées à la sécurité d’État. «Je peux comprendre que la sécurité d’un pays concerne de prime abord le gouvernement et plus particulièrement son chef mais faut-il encore que la proper line of reporting» soit suivie, soit à travers le board pour que ses membres puissent prendre connaissance de la requête et donner le feu vert.

D’ailleurs, le comité qui gère réseau SAFE, lancé en 2002 par le CEO d’alors, Megh Pillay, dont l’installation a nécessité un investissement de US 28,8 millions, aurait dû également être informé dans un souci de transparence et de bonne gouvernance, selon l’ex-membre du conseil d’administration. «Même si la station du réseau SAFE est basée à Maurice, cela ne nous donne la liberté de se livrer à une inspection sans informer les opérateurs de ce câble sous-marin. Il est opéré par une quarantaine d’opérateurs étrangers de télécommunication. De ce fait, toute inspection étrangère sur ce réseau doit être communiquée à son comité de gestion.»

Pour le moment, les directeurs de France Telecom, siégeant au sein du board, ne se sont pas prononcés sur cette affaire, jugeant probablement qu’elle relève d’une controverse interne et craignant probablement à des incidents diplomatiques. Toutefois, ils seront appelés à commenter dans les jours à venir car face aux allégations d’installer des équipements formulées par Sherry Singh à l’égard du Premier ministre pour sniffer le trafic Internet sur le réseau SAFE, ils ne peuvent garder trop longtemps le silence. La maison mère en France, elle, n’a pas voulu se prononcer. Décidément, ce bras de fer engagé entre le gouvernement et Sherry Singh risque d’apporter de nouvelles révélations.
 

Les directeurs  du conseil d’administration

<p>Présidé par le secrétaire au cabinet, Nayen Koomar Ballah, le conseil &nbsp;d&rsquo;administration de MT comprend les membres suivants : Dheerendra Dabee, Dev Manraj, Koosiram Conhye, Ramesh Bheekoo, Elizabeth Medou Badang, Alban Thomas Lo Gatto, Jean-François Vincent Thomas et Elsa Mainvill.</p>