«Noa ! Noa ! Noa !» C’est avec beaucoup de joie et de fierté que Noa Bibi, le premier athlète mauricien à courir le 200m en moins de 20 secondes, faisant de lui le dixième mondial, a été honoré d’une fête surprise chez lui, à Plaisance, mercredi soir. Des pétarades et de la musique étaient au rendez-vous pour célébrer sa fameuse victoire. Il est rentré au pays plus tôt dans la journée et a été accueilli chaleureusement à l’aéroport. «Avoir tous mes proches autour de moi, voire des gens qui ne me connaissent pas m’accueillir, m’a beaucoup touché», déclare Noa Bibi, le sprinter. «Un rêve d’enfant accompli», Noa Bibi a battu le record de son idole, Stéphane Buckland. «Je disais toujours qu’un jour je battrais le record de Stéphane Buckland mais je ne pensais pas que ceci se réaliserait aussi vite.». Objectif atteint juste avant qu’il ne souffle ses 22 bougies le 21 août.

Sacrifices 
Le jeune homme de 21 ans relate que pour atteindre ce niveau, il a consacré tout son temps à l’entraînement et au repos, ce qui implique beaucoup de sacrifices. «Une routine fatigante mentalement. Entraînement, tous les jours sauf les dimanches pour le repos. Privation de certains moments avec mes proches.». Noa Bibi nous confie qu’il y a aussi des regrets, le fait qu’il ait négligé certaines choses pour se concentrer sur l’athlétisme, notamment ses études. «Je me demandais souvent ce que je ferais si je me blessais, ce que je ferais à part l’athlétisme. Cela me trottait dans la tête. Finalement j’ai pris la bonne décision. L’athlétisme me rapporte beaucoup aujourd’hui et m’ouvre beaucoup de portes.» Avec ses récentes performances, le jeune sprinter se voit devant diverses opportunités de différents sponsors et aussi de diverses universités aux États-Unis. «Je ne sais pas quelle direction prendre. La Mauritius Athletics Federation va me guider. (…) Un de mes objectifs pour l’heure est de me rapprocher du record continental d’Afrique.» 

Découragements et défis 
«Beaucoup me disaient que le sprint mauricien comme à l’époque de Stéphane Buckland était fini. Qu’on ne retrouverait plus d’athlètes comme lui. Mais j’ai pu leur démontrer le contraire et qu’ils se trompaient. Il y a eu beaucoup de découragements. Mais cela m’a poussé à faire mieux», relève-t-il. «Certes, il y a des moments où j’étais découragé ou que je n’y croyais plus. Je me disais que cela ne marcherait pas. Il y a des compétitions où je n’ai pas pu atteindre le chrono visé, où je n’avais plus la force de courir. Mais avec le soutien j’ai pu me relever et je savais au fond de moi que je pouvais faire mieux. Cette défaite m’a fait battre mon record au championnat de France.» 

Noa Bibi cite également le regard des adversaires forts qui cherchaient à l’intimider, mais il soutient que cela lui donnait toujours envie de montrer ce dont il était capable. D’autre part, le jeune athlète a dû gérer des blessures depuis le mois de février. Il s’est blessé en 2020 mais cette année encore plus, révèle-il. Une blessure à la jambe droite et une autre au pied gauche. «Ce sont des blessures qui nécessitent du repos mais j’ai couru avec. Actuellement, j’etais supposé être au repos jusqu’à lundi prochain (…) C’est pourquoi il est difficile pour moi d’expliquer cette victoire.» 

Proches et soutiens 
Noa Bibi est le troisième enfant d’un père soudeur et d’une mère au foyer. Sa fratrie de trois garçons et une fille est unie et a su lui donner le soutien nécessaire pour qu’il progresse. 

Son père : «Pou sa rekor linn fer la mo pa ena mo… Mais je ressens une très grande joie et fierté. Pa ti atann... Il a été découragé par des obstacles. Mais il est resté ferme. C’est d’ailleurs ce que j’aime le plus chez lui. Il va de l’avant. Il prie beaucoup ; li get so bondié avan… se enn bon zanfan.». Alain Bibi fait comprendre que le soutien parental est très important à tous les niveaux. «Mo fer latet lipié pou mo bann zanfan. Nous faisons tout pour que nos enfants puissent réussir.» Il a toujours encouragé ses enfants à pratiquer un sport. La famille aime le sport, son père est passionné de foot, son frère aîné de body-building, sa soeur pratique la boxe et son petit frère l’athlétisme. 

Sa mère : «Je n’ai pas été choquée quand j’ai appris qu’il avait battu le record de Stéphane Buckland. Car j’ai toujours cru dans son potentiel d’atteindre cet objectif. Il est solide et persévérant. Je suis très contente pour mon fils», confie Sylvana Bibi. 

Son benjamin : Yoan, 19 ans, qui est aussi athlète, est fier de son grand frère et veut lui emboîter le pas dans les compétitions. «C’est en me regardant courir qu’il s’est intéressé à l’athlétisme. Le voir battre ce record, m’a donné envie d’avancer. Il doit continuer sur cette voie et persévérer. C’est mon frère et je connais sa façon de courir. Li bon net li, monn touzour kroir dan li.». 

Sa grande soeur : Pour Joeanna Bibi, cette performance est impressionnante. «J’ai toujours cru en mon frère car il fait toujours ce qu’il dit. Il n’y avait pas de doute qu’il battrait un jour le record de son idole. Au niveau de la famille nous l’avons soutenu à chaque instant. Même quand il était à l’étranger pour les compétitions, nous sommes restés en contact permanent avec lui par Internet pour le soutenir». 

Son aîné Fabrice Bibi : «Noa a récolté le fruit de ses efforts et de sa motivation. Après les Jeux africains en 2019, son moral était bas, étant son grand frère, je lui ai expliqué qu’il fallait persévérer. Le temps a très vite passé et il a atteint une grande victoire aujourd’hui. Il ne se laisse pas abattre par son moral. Quand on s’est parlé sur WhatsApp, je lui ai dit qu’il faut qu’il batte ce record à ces Championnats. Il était un peu découragé mais j’ai insisté qu’il fallait qu’il atteigne son objectif et le lendemain il fait 10,12 sur 100m et 19,89 sur 200m.» 

Sa petite amie : Gwenaëlle Germain se dit «fière de Noa qui a traversé beaucoup d’épreuves. Il a persévéré. Petit à petit, il amélioré son temps. Je me doutais qu’un jour ou l’autre il atteindrait son objectif». 

Son entraîneur : Pour Noa Bibi, son entraîneur a été un bonus pour son succès. «Ses critiques constructives m’ont beaucoup aidé. Il a été patient. Il m’a toujours assisté et a toujours été présent pour moi.» George Vieillesse, l’entraîneur du jeune sprinter, qui habite la même rue que lui, le connaît depuis son plus jeune âge. Il témoigne qu’auparavant Noa Bibi était intéressé au foot comme tous les jeunes avant de rejoindre l’athlétisme. «Aujourd’hui Noa est un exemple pour les jeunes, notamment ceux du quartier. C’est une fierté de voir un Mauricien atteindre ce niveau. Le succès après les efforts... Il mérite amplement cette victoire. Il est resté dans l’ombre pendant assez longtemps.» La victoire de Noa, fait-il ressortir, est aussi un honneur pour leur quartier, Plaisance.
 

<p>Le Comité olympique mauricien avait soutenu que Georges Vieillesse, l&rsquo;entraîneur de Noa Bibi, ne pourrait pas l&rsquo;accompagner aux Jeux du Commonwealth 2022 à Birmingham, en Angleterre, du 28 juillet au 8 août. Mais hier, l&rsquo;entraîneur nous a confié que les démarches sont en bonne voie. La <em>Mauritius Athletics Federation</em> travaille actuellement sur des mesures qui lui permettront d&rsquo;accompagner le sprinter mauricien aux Jeux. <em>&laquo;C&rsquo;est presque réglé. Nous attendons la lettre formelle. Tous les démarches sont enclenchées.&raquo;</em> Il explique l&rsquo;importance pour un entraîneur d&rsquo;accompagner le participant. S&rsquo;il a toujours été présent pour ce dernier, l&rsquo;abandonner pour une grande épreuve, soit à un moment crucial, peut affecter son moral. Georges Vieillesse ajoute qu&rsquo;en tant qu&rsquo;entraîneur de Noa Bibi, il peut corriger un geste mal pratiqué lors d&rsquo;un dernier entraînement et le soutenir s&rsquo;il est stressé, entre autres. Noa Bibi est considéré comme un potentiel médaillé des Jeux du Commonwealth. Avec sa performance de 19&rsquo;89 sur 200m, le sprinter détient la deuxième meilleure performance de ces Jeux.</p>