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«Haute trahison»│Incohérences de Pravind Jugnauth: what next ?
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«Haute trahison»│Incohérences de Pravind Jugnauth: what next ?
Doit-il prendre la porte de sortie ? Les révélations de Sherry Singh, le rapport de Girish Guddoy qui affirme que des Indiens ont bien «sniffé» des données, les images de Baie-Jacotet sont-elles suffisantes pour acculer le Premier ministre ? L’obliger à prendre la porte de sortie ? En tout cas, si on attend sa réaction, le camp de la majorité le défend bec et ongles, à l’aide d’arguments pour le moins farfelus… Et que compte faire l’opposition ?
Ce qui est sûr, c’est que depuis que toute cette affaire a éclaté, Pravind Jugnauth a donné plusieurs versions des faits. De plus, plusieurs points qu’il a avancés ont été réfutés par Sherry Singh. Le dernier en date concerne une lettre datée du 12 avril. À l’Assemblée nationale mardi, Pravind Jugnauth a mentionné une lettre datant du 12 avril, que le département de sécurité de son bureau a envoyée au Chief Executive Officer (CEO) de MT d’alors, lui faisant part du «survey». Cette lettre a aussi été mentionnée le 12 juillet, toujours en réponse à des questions qui lui étaient adressées. Mais vendredi, avec des photos du despatch book de MT à l’appui, l’ex-CEO a démontré que cette lettre n’a jamais été reçue.
Toujours le 12 juillet, le Premier ministre avait affirmé que Sherry Singh était au courant du «survey» bien avant le mois d’avril car il lui avait adressé une missive à ce sujet le 21 octobre et un autre courrier de rappel le 22 décembre. Cependant, ces lettres ont été rendues publiques et il n’est mentionné nulle part qu’il s’agissait d’un «survey». Elles étaient des demandes d’informations sur les câbles de Baie-Jacotet.
«Les agissements de Pravind Jugnauth ont mis à nu notre système archaïque. On a un dictateur dans un milieu qui se dit démocratique.»
Les rapports ont aussi été au coeur de vifs échanges lors de la Private Notice Question de mardi. Alors que Xavier Duval avait demandé au Premier ministre de rendre public le rapport du Chief Technical Officer, Pravind Jugnauth a insisté qu’il n’y en avait pas. «There is no report ! You want me to produce something which does not exist? » Mais vendredi, l’existence d’un rapport a bel et bien été révélée. Le document a aussi confirmé l’interception des données, chose que Pravind Jugnauth a nié à deux reprises…
Mais que va-t-il se passer désormais ? Il est peu probable, malgré les on-dit, que des membres de la majorité démissionnent et que des élections générales soient organisées. Il est encore plus improbable que Pravind Jugnauth abandonne son fauteuil… Que dit la loi ?
«Il y a suffisamment de reasonable suspicion pour que la police puisse l’arrêter. Il y a eu plusieurs violations de l’Official Secrets Act, comme le fait d’avoir permis à des personnes venant d’un autre pays d’avoir accès à un prohibited place. Est-ce qu’il y a eu consultation avec le Cabinet ministériel pour qu’il prenne cette décision ? A-t-il demandé la permission à un juge en Chambre pour effectuer un survey ? Dans un État démocratique, il a des comptes à rendre et il ne peut pas faire ce qu’il veut», soutient Shakeel Mohamed. «Si on se base sur l’Official Secrets Act, il est bien écrit sous l’article 16 (1) que, ‘any person who is found commiting an offence under this Act, or who is reasonably suspected of having committed or of being about to commit an offence under this Act, may be arrested without a warrant…»
Cependant, comme le commissaire de police a donné accès à cet endroit sous les instructions illégales du Premier ministre, selon l’avocat et député rouge, l’institution policière en elle-même a des comptes à rendre, explique Shakeel Mohamed. «Les agissements de Pravind Jugnauth ont mis à nu notre système archaïque. On a un dictateur dans un milieu qui se dit démocratique.»
Rajen Narsinghen, constitutionnaliste, ajoute pour sa part que les preuves rapportées démontrent aussi une violation de la Criminal Code Act. Comme l’article 52 de cette loi qui prévoit que, «quiconque aura pratiqué des machinations ou entretenu des ‘intelligences’ avec des puissances étrangères ou leurs agents, pour les engager à commettre des hostilités ou à entreprendre la guerre contre l’État, ou pour leur en procurer les moyens», devra être puni par la loi.
OK pour tout cela, mais les indignés et les membres de l’opposition se contenteront-ils de brandir leurs feuilles de papier A4 avec «haute trahison» écrit dessus ou ont-ils l’intention de porter plainte ? La réponse est non… La raison ? «Nous n’avons aucune confiance en la police. Et surtout pas dans le chef du Central Criminal Investigation Department. Porter plainte, ce serait crédibiliser une institution dans laquelle on a perdu confiance», lâche Xavier Duval. Des propos que soutient Arvin Boolell. «Après tout ce que l’on a entendu, peut-on leur faire confiance ? Même pour l’ICAC on a des doutes. Nous sommes devenus une république bananière.»
Mais alors, se contenteront-ils de «manz pistas get sinéma» ? Non, assure Arvin Boolell. Il y a une concertation de tous les partis politiques pour décider de la marche à suivre. Il ajoute que le peuple aussi doit agir. Comme l’affirme Shakeel Mohamed. «Pravind est un virus et malheureusement on n’a pas de médicament légal ici pour guérir son mal. La seule façon de se battre c’est à travers le corps et le corps, c’est la population.»
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