Il y a quelques jours, cette affaire a attiré l’attention. Un Français de 51 ans, en vacances à Maurice, dit avoir été berné alors qu’il effectuait des achats dans une boutique à Floréal. Accompagné de sa famille, l’homme aurait acheté environ 11 vêtements pour un montant de Rs 108 000... À son arrivée à l’hôtel, il a appris que plusieurs personnes avaient porté plainte contre l’enseigne, qui propose des prix élevés aux touristes dans cette enseigne. L’homme a alors alerté la police et porté plainte auprès de la Tourism Authority. Nous sommes allés voir.

Direction Floréal, dans une boutique où les articles sont hors de prix pour le commun des mortels. Nous nous faisons passer pour une touriste en provenance de la Grande péninsule. Sur l’aire de stationnement, on ne parle plus notre langue maternelle… Notre collègue photographe dialogue toutefois avec le sales manager du magasin en kreol, faisant semblant d’être notre guide touristique mauricien. L’accueil est chaleureux. «Zafer bon zordi, bel profi», affirme le «sales manager» à l’une des vendeuses. L’atmosphère à l’intérieur du magasin est agréable, avec des lumières vives et des miroirs de style rustique.

Les yeux se plissent, puis s’agrandissent d’étonnement en voyant les prix affichés. Au rayon des habits pour femmes, juste à côté de la caissière, divers pulls qui n’ont rien d’extraordinaire de prime abord sont exposés sur l’étagère, dans une large gamme de couleurs et de tailles. «These are made of pure cotton, Madam. We have them in different models and in thicker fabrics too», nous dit une vendeuse. The price : Rs 60 000 pièce. Le porte-monnaie prend froid. Bizarrement, les prix affichés ne sont pas imprimés mais écrits à la main sur des morceaux de papier et collés sur l’étagère à l’aide de scotch, ce qui donne l’impression qu’ils varient, changent, en fonction des clients qui pénètrent dans le magasin…

On visite ensuite le rayon hommes. Enter notre deuxième confrère, qui nous parle via WhatsApp, prétendant être un proche de notre «pays d’origine», pour qui nous effectuons des achats avant le voyage retour. «Ask them if they have thick pullovers; you can fit one or two in the suitcase for me», nous dit-il. La vendeuse nous conduit alors au rayon principal, où l’on retrouve des pulls à capuche pour hommes et femmes. Une gamme étendue de différents types, couleurs et marques. Les coûts ? Rs 7 500 roupies pièce pour le plus modèle le moins cher… De quoi rendre chèvre le cabas.

Notre collègue, fidèle à son rôle de «proche à distance» nous demande de sélectionner un pull à capuche de la marque Ralph Lauren ; épais, bleu marine, qui semble lui plaire bien qu’il hésite un peu. Nous choisissons également une autre pièce, simple, informelle, noire et blanche, en coton léger. On aurait du mal à affronter l’hiver curepipien avec. Or, la vendeuse nous fait comprendre que ces pulls-là sont fabriqués par la compagnie uniquement pour l’exportation et sont de la meilleure qualité. Ces vêtements, affirme-t-elle, peuvent être portés en toutes occasions, par exemple par-dessus un T-shirt lors d’un voyage ou même sur une robe de soirée. Le prix : Rs 85 000… Le portefeuille fait un malaise, il frise la syncope.

Après une conversation informelle avec la vendeuse, on lui fait comprendre que, puisque notre fami dans notre pays d’origine n’a pas encore fait son choix, nous irons déjeuner rapidement dans un restaurant à proximité et (ne) reviendrons pour l’achat définitif que dans une heure. Nous et notre porte-monnaie n’y sommes jamais retournés…