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Padma Utchanah: «Les gens peuvent me menacer, cela ne m’arrêtera pas»
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Padma Utchanah: «Les gens peuvent me menacer, cela ne m’arrêtera pas»
Le lundi 25 juillet, Padma Utchanah était seule, avec ses pancartes. Elle manifestait devant l’hôtel du gouvernement dans le cadre de l’affaire «sniffing». Drapée dans un sari blanc et bleu, elle criait sa colère noire : «Modi, stop using my country to spy» et «Singla, ambassadrice de l’Inde, go home! Non à un pays maudit.» Sa présence n’est pas passée inaperçue. La suite, des paroles d’encouragement de la population. Mais, alors qu’elle s’adressait à la presse, un internaute l’a menacée de viol. Elle a porté plainte le lendemain, aux Casernes centrales. La politicienne, qui est née et a grandi à Rivière-du-Rempart dans une famille modeste, s’est installée en France à 17 ans. Mariée et mère de trois enfants, professionnelle de l’immobilier et de l’événementiel, elle est aussi active à la présidence du Ralliement citoyen pour la patrie.
Qu’est-ce qui motive votre engagement ?
Comme citoyenne, j’ai toujours voulu d’un pays où chacun réaffirme les valeurs qui font de la politique un engagement noble, pour le peuple et pour toute la nation. Je me suis inspirée de Jean Moulin et de l’ethnologue Germaine Tillion, des résistants français qui se sont sacrifiés pour leur patrie. Ralliement citoyen pour la patrie (RCP) est un parti atypique, dans le sens où c’est le seul, je dis bien le seul, où il y a eu un transfert de pouvoirs de différents présidents ou dirigeants sans aucune influence de leur ethnie, religion ou dynastie familiale. Tout le monde y tient une place égale. Mon idée d’être impliquée en politique signifie qu’il doit y avoir une ligne de conduite appropriée. Je n’erre pas d’un parti à l’autre, c’est inconcevable.
Qu’est-ce qui vous a poussée à manifester devant l’hôtel du gouvernement lundi ?
La situation est très grave et malheureusement elle risque d’empirer. Pratiquement aucune institution ne fonctionne comme elle le devrait. Elles ne sont toutes que des «satellites» du Premier ministre. Il n’y a plus d’équilibre des pouvoirs et les dirigeants des différents partis politiques traditionnels ont également fait du tort à la Constitution. Il suffit de jeter un coup d’œil à l’actuel speaker de l’Assemblée nationale, qui ne cesse d’expulser les membres dûment élus, ceux choisis par le peuple, alors qu’il n’est ni un élu, ni un député. Cerise sur le gâteau, la souveraineté de l’État mauricien est menacée par son propre Premier ministre. À mon avis, une action symbolique forte était nécessaire pour éveiller la conscience et démontrer que l’on peut manifester de manière pacifique, mais forte et puissante.
Vous avez reçu des menaces de viol, ouvertement, sur les réseaux sociaux. Que pensez-vous de cette forme d’intimidation ?
Les gens peuvent me menacer autant qu’ils le veulent, cela ne m’affectera pas, ne m’arrêtera pas. Toutefois, après avoir réfléchi à cet incident avec mes collègues, j’ai décidé d’aller de l’avant et de porter plainte, pour les droits de toutes les femmes : leur droit de se mobiliser, de manifester. Il est très difficile pour une femme de s’engager en politique. D’ailleurs, vous remarquerez que tous les partis ont une aile ou une commission féminine. C’est précisément pour enfermer les femmes dans des stéréotypes pour qu’elles soient réduites à ce seul rôle. RCP n’a pas de commission féminine ou masculine et une femme peut occuper n’importe quel poste. La norme devrait être que la meilleure personne du moment devienne «leader».
Le pays a connu une révolution depuis 2020, avec l’émergence de nombreuses nouvelles plateformes citoyennes et politiques. Quel est votre avis sur ceux-ci et quelle place accordez-vous au Rassemblement citoyen pour la patrie ?
Le RCP a été créé en 2011 et le nom du parti visait à introduire dans le paysage politique des valeurs jusqu’alors inconnues : celle de la patrie, pour dire qu’il ne s’agit ni d’une famille biologique, ni d’une communauté ; celle du «citoyen» ou de l’engagement citoyen, pour dire que c’est lui qui prend les choses en main. Je vis, comme d’autres collègues, des revenus de mon travail, et non de la politique. En outre, il s’agit pour nous d’être payés proportionnellement et équitablement, et non de manière exagérée, comme c’est le cas actuellement avec les salaires somptueux des députés et ministres. Je suis déjà engagée en politique presque à plein temps.
C’est quoi la prochaine étape ?
Il faudra tenir le Premier ministre responsable de ses actes sur tous les fronts : dans les médias, sur les réseaux sociaux, dans les rues à Maurice comme dans les autres territoires ; au Parlement, devant sa propre police et devant la justice ; à l’étranger devant les instances internationales ; partout, partout où cela est possible. C’est un traître comme nul autre dans l’histoire du pays…
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