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Ophtalmologie à Souillac: l’expertise du professeur Nicolas Leveziel une nouvelle fois requise
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Ophtalmologie à Souillac: l’expertise du professeur Nicolas Leveziel une nouvelle fois requise
Pour la sixième fois, les services du professeur Nicolas Leveziel, rétinologue au CHU de Poitiers, sont sollicités à Maurice. S’il a déjà travaillé pendant quelque temps à l’hôpital de Moka, cette fois-ci, c’est à l’unité de Souillac que ses connaissances sont quémandées. Hier, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a eu l’occasion d’échanger quelques mots avec lui.
Le professeur français souligne que les locaux et les équipements utilisés dans cet hôpital du Sud sont en bon état. Toutefois, sa préoccupation en ce qui concerne les Mauriciens, c’est la progression du diabète et les problèmes que cette maladie peut causer aux yeux. «C’est une véritable vague sur l’île, avec 20 % de la population qui est diabétique. Il est donc important de développer une collaboration importante entre le médecin généraliste qui va dépister le diabète et les ophtalmologues pour déceler la rétinopathie diabétique et la prise en charge précoce.» Il faut avoir recours au laser, afin d’éviter la progression du diabète et ses formes sévères. «J’aime bien travailler à Maurice, car le personnel est motivé pour prendre en charge les patients.» Sa venue est très bien accueillie par le ministre. «Depuis une semaine, il prend en charge les cas compliqués qui doivent être opérés. C’est une collaboration qui perdure dans le bon sens.»
Kailesh Jagutpal souligne que le Pr Nicolas Leveziel donne également des cours au personnel de Souillac. «Pour que ces derniers puissent dans un avenir pas trop lointain prendre en charge les opérations compliquées. Ainsi, il ne sera pas nécessaire d’envoyer les patients à l’étranger pour se faire opérer. On peut faire des experts venir à Maurice.» Le ministre est aussi revenu sur l’une des mesures budgétaires concernant son ministère, soit la construction d’une nouvelle unité d’ophtalmologie. «Un nouvel hôpital verra le jour à Moka, d’ici deux voire trois ans. L’actuel date de plusieurs années et les infrastructures sont dépassés. Le nouveau sera hi-tech.» Pour rappel, le Budget 2022-2023 fait provision de Rs 192 millions pour sa construction.
«En attendant, l’hôpital de Souillac sera un pilier important. Déjà, la liste des patients qui devaient être opérés de la cataracte a diminué. Il y avait des milliers de personnes en attente et le Covid-19 n’a pas aidé à diminuer ce nombre. Heureusement, ils ont eu les soins appropriés ici.» Le Pr Nicolas Leveziel et Kailesh Jagutpal ont aussi échangé quelques mots avec les patients récemment opérés.
?uestions au… Pr Nicolas Leveziel
«Le diabète est la première cause de mortalité dans votre pays»
Cela fait quelques années que vous venez à Maurice pour soigner les patients et apporter votre expertise. Quel bilan pouvez-vous dresser ?
Depuis 2006, je viens à Maurice. La dernière fois que je suis venu, c’était en 2012. Avant j’allais à Moka et c’est la première fois que je viens à Souillac. L’hôpital a le matériel et le personnel pour opérer la rétine. On a même commencé à former les chirurgiens de Souillac. Il y en a même un qui est autonome. Trois autres sont en formation. Mais le problème que je perçois est qu’il y a un taux élevé de diabétiques à Maurice. 20 % de la population. Si le diabète est mal contrôlé, cela va engendrer des complications au niveau de la rétine, qu’il va falloir opérer. Juste pour vous donner une idée, en France, il n’y a que 4 % de la population qui est diabétique. Et là-bas, il y a cinq fois plus d’ophtalmologues par habitant qu’à Maurice. Le diabète est même la première cause de mortalité dans votre pays.
Que suggérez-vous pour essayer de diminuer ces statistiques ?
Il faut développer des stratégies de collaboration entre les médecins généralistes qui font le diagnostic du diabète et les ophtalmologistes qui vont pouvoir regarder le fond de l’œil des patients diabétiques. Cela, afin de dépister précocement les complications et pouvoir faire un traitement médical avant. Cela passe par le traitement de la tension artérielle qui aggrave le diabète. Aussi, le traitement du diabète, à l’équilibrer le mieux possible. Et les Mauriciens ont du mal à le faire. Et aussi utiliser le laser, pour éviter les complications.
Et les patients diabétiques à Maurice sont jeunes…
Oui, certains sont très jeunes. Il y en a qui ont déjà des lésions du diabète au niveau de la rétine, à l’âge de 35 ans. C’est très jeune. Certains n’arrivent pas à équilibrer leur diabète, pour des raisons génétiques ou encore de nourriture, la sédentarité ou l’hypertension. Cela progresse davantage qu’en Europe. Il faut être très agressif dans la prise en charge du diabète à Maurice pour éviter les complications.
Est-ce que le Covid-19 a fragilisé les patients diabétiques ?
Certes. Et pendant presque deux ans, des patients diabétiques n’ont pas été vus par les médecins. J’ai même rencontré une patiente ce matin avec une évolution du diabète, où elle n’avait presque plus de vision. Cela fait 16 ans depuis qu’elle est diabétique et n’a jamais rencontré d’ophtalmologue. Il est très important que les médecins qui suivent les patients diabétiques les envoient vers un ophtalmologue.
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