Publicité
Institutions gouvernementales: Des «pertes» payées par les consommateurs
Par
Partager cet article
Institutions gouvernementales: Des «pertes» payées par les consommateurs
L’attitude «tout va très bien Madame la marquise» du ministre des Finances n’arrive pas à cacher la dure réalité à laquelle fait face le pays. Les réserves chiffrées par milliards de la STC et du CEB ont été ponctionnées par le gouvernement pour continuer les «gaspillages» et ce sont les consommateurs qui sont tondus pour boucher les trous creusés par la mauvaise gestion des décideurs.
La population ne profitera probablement pas de la baisse des prix des carburants et de l’huile lourde. Déjà, un proche de la State Trading Corporation (STC), l’unique importateur des carburants, a affirmé dans les colonnes de l’express la semaine dernière : «Le déficit au niveau du Price Stabilisation Account est toujours très important. Tant que nous ne réduisons pas ce déficit, il sera difficile de faire quelque chose.»
La situation est presque identique au Central Electricity Board (CEB) qui a fait une demande auprès de l’Utility Regulatory Authority pour majorer le tarif d’électricité. La direction du CEB argue que la corporation a un déficit de Rs 3 milliards. Les élus de l’opposition dénoncent la politique du gouvernement, l’accusant de puiser dans les réserves des institutions gouvernementales au lieu de laisser fonctionner ces dernières librement. Du coup, insistent-ils, ce sont les consommateurs qui paient le prix fort.
Le député du Mouvement militant mauricien et responsable du dossier économique des Mauves, Reza Uteem, insiste. Ce n’est pas une mauvaise gestion qui a amené la STC dans cette mauvaise passe, mais plutôt des décisions prises par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et le ministre des Finances, Renganaden Padayachy. «L’explication que le Price Stabilisation Account est déficitaire ne tient pas. Il faut arrêter de dire que la STC n’a pas d’argent. Elle en a, sauf que le ministère des Finances a décidé de puiser dans ses réserves et il prend ce que la STC impose sur les prix des carburants. À titre d’exemple, les automobilistes paient un prélèvement pour le subside sur le riz, la farine et le gaz, mais toute la somme récoltée n’est pas utilisée pour la subvention. Il y a aussi la somme de Rs 2 pour l’achat des vaccins. Nous venons d’apprendre qu’une grande quantité de vaccins ont expiré, mais ils sont toujours utilisés. Cela nous fait comprendre que désormais, le gouvernement n’achète plus de vaccin, mais l’argent va dans sa caisse.» De plus, maintient-il, comme la STC a le monopole de l’importation de plusieurs produits, elle encaisse beaucoup d’argent.
Reza Uteem affirme que si la STC n’a pas l’intention de baisser les prix des carburants, c’est uniquement pour récolter des fonds pour les besoins du gouvernement. «Il y a eu d’abord cette faute du Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui a contraint la STC à payer Rs 5 milliards à Betamax.» Ensuite, le ministre des Finances a puisé Rs 2,4 milliards dans la réserve de la STC pour financer les dépenses et les gaspillages du gouvernement. «Faut-il baisser les prix des carburants ? Oui ! Vont-ils le faire ? Non, parce que la vente des carburants est comme une taxe pour ce gouvernement. Il ne fait que pomper l’argent des consommateurs pour ses dépenses», martèle-t-il. D’ajouter que s’il y avait un gestionnaire indépendant de la trempe de Megh Pillay, les carburants auraient coûté moins cher depuis longtemps.
Déficit
Par ailleurs, le député du MMM maintient qu’il n’y a pas qu’à la STC que le gouvernement a puisé dans les réserves pour financer ses dépenses. Il cite le cas de la Banque de Maurice qui ne peut pas prendre de mesures, fiscales notamment, à cause de cette politique gouvernementale. L’argent récolté par la Financial Services Commission et Mauritius Duty Free Paradise, dit-il, est aussi utilisé pour les dépenses du gouvernement.
«C’est pour cette raison que Moody’s a rétrogradé Maurice dans son classement. Le gouvernement prend la population pour des imbéciles. Il doit dire la vérité. Il fait croire que malgré une situation mauvaise, il arrive à faire de bonnes choses pour elle. En vérité, le gouvernement puise dans les différentes réserves amassées pendant des années grâce aux différents gouvernements. Il n’y aura plus rien tôt ou tard. C’est là que les choses seront encore plus compliquées pour la population», déplore Reza Uteem.
Dans le cas du CEB qui accuse un déficit de Rs 3 mil- liards, le député du Parti travailliste, Patrick Assirvaden, se demande où sont passées les Rs 7,6 milliards présentes dans les réserves du CEB au 30 juin 2020. Il maintient que si le CEB avait toujours ces Rs 7,6 milliards, il n’aurait pas prévu des déficits pour les prochaines années et il n’aurait pas demandé une hausse des tarifs d’électricité.
Dans ce cas également, rappelle-t-il, une forte somme d’argent a été prise par le gouvernement. «Le ministre Joe Lesjongard avait annoncé au Parlement que Rs 3,2 milliards ont été transférées au Consolidated Fund et Rs 1,2 milliard à CEB Fibernet», maintient-il.
Publicité
Les plus récents