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Pêche: la raréfaction du poisson suscite des craintes chez les acteurs de ce secteur
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Pêche: la raréfaction du poisson suscite des craintes chez les acteurs de ce secteur
Cela fait déjà quelques jours que le manque de poissons se fait ressentir. Les pêcheurs artisanaux craignent que cette situation ne dure encore un moment. Pollution, cherté du carburant, manque de soutien des autorités concernées… autant de facteurs qui pèsent lourd.
D’ordinaire, sur la route menant vers le village du Morne, on rencontre plusieurs banians, ces revendeurs de poisson. Mais, aujourd’hui, les présentoirs vitrés sont bien là, mais vides. Aucun signe de poisson. Ce scénario est visible un peu partout. Et ce n’est pas Jules Virieux qui dira le contraire. Pour le président de l’Association des pêcheurs de Roches-Noires, de Bain-des-Rosnay et de Poudre-d’Or, la cause principale de ce phénomène demeure la pollution grandissante dans les océans. «La pollution et le développement urbain n’y sont pas étrangers. Partout on aperçoit des drains qui viennent finir leur course dans la mer. Et qui en paient les pots cassés ? Les poissons !»
Il avance que plusieurs espèces n’arrivent même pas à grandir correctement. «Ils restent chétifs.» Mais là où le bât blesse, c’est le manque d’engagement pour redresser la barre. «On voit que rien n’est fait pour réhabiliter le lagon. Les poissons sont moins présents et il faut aller encore plus loin en mer pour en avoir.» Et voguer plus loin est synonyme de brûler encore plus de carburant. «Avec le prix de l’essence qui a augmenté, on ne peut plus se permettre d’aller faire un tour et de rentrer les mains vides.»
Patrick, également pêcheur à Poudre-d’Or, tient le même discours. «Déjà que cet hiver est rude, et que le mauvais temps persiste, les poissons se font rares.» Il condamne aussi la pêche à la senne pratiquée dans la région. «Dans notre région, on a l’impression que la senne est tout le temps pratiquée. Il n’y a jamais de fermeture. Par contre, j’ai posé mon casier et je suis retourné avec juste cinq livres de poisson pour une journée. J’ai un collègue qui bosse avec moi, et quand on déduit les frais du carburant, il ne nous reste à peine Rs 100.»
Toutefois, il ajoute que plusieurs braconniers circulent aussi sur les eaux. «Ils attrapent de tout petits poissons qu’ils vendent à Rs 100 les trois livres. Ceux qui ne sont pas vendus sont alors jetés dans les champs de cannes.» Pour ce pêcheur professionnel, la pollution industrielle aussi pose problème. «Il y a peu de temps, une équipe a été envoyée pour replanter les coraux. Mais on ne sait pas s’ils vont pouvoir tenir face à ces agressions permanentes.» Il soutient que d’autres collègues ressentent les mêmes soucis dans les autres lagons du pays. «On replante les coraux, mais d’autres passent derrière et détruisent tout.» Il trouve dommage que les autorités ne prennent aucune sanction à l’égard de ceux qui polluent les lagons.
C’est le même sentiment que partage Judex Ramphul, président du syndicat des pêcheurs. Le ministère de la pêche ne remplit pas sa fonction selon lui. «Notre secteur peine en ce moment. Mais pourquoi le ministère ne vient pas nous demander où cela pose problème, et quelle solution pourrait être apportée pour venir en aide à ce secteur ? Ainsi, le travail pourrait mieux marcher.» Il confirme qu’actuellement il y a une pénurie de poisson frais sur le marché local. «Il ne faut pas mettre en avant l’hiver ou la pollution car ce ne sont pas uniquement la source de ces problèmes. Il faudra avoir des institutions plus compétentes pour nous venir en aide.» Il ne comprend pas l’utilité d’importer du poisson alors qu’il y en a dans les lagons. «3,2 millions de kilomètres de mer nous entourent. Mais il faut que les autorités s’interrogent sur la source du problème.»
Il avance que l’une des principales causes serait les bateaux mis à la disposition des pêcheurs. «Les bateaux ne sont pas appropriés car en hiver, il y a des vagues très grosses et puissantes. Il nous faut de meilleurs bateaux pour affronter le temps et faire une bonne récolte. Chaque année, nous faisons la même requête, et aucune réponse ne nous est donnée.» Ils sont ainsi plusieurs à attendre que les conditions climatiques s’améliorent pour entrevoir des jours meilleurs.
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