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Transplantation rénale: une montagne d’étapes avant d’atteindre l’objectif

19 août 2022, 22:05

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Transplantation rénale: une montagne d’étapes avant d’atteindre l’objectif

L’Indo-Mauritius Urology Conclave, inauguré le jeudi 11 août, a pris fin ce mardi 16 août. Plus de 100 médecins mauriciens y ont assisté. Selon le gouvernement mauricien, un service de transplantation rénale sera bientôt en construction. Cela a d’ailleurs été rappelé lors de l’inauguration du conclave. Mais quels sont les problèmes existants notamment légaux qu’il faudrait résoudre avant de commencer ce service ?

«Les développements récents dans le domaine de l’urologie et de la transplantation rénale ont été partagés et débattus pour améliorer et enrichir la compréhension de toutes les parties prenantes», indique le Dr Balbir Verma, consultant senior en urologie mini-invasive et greffe de rein, qui a initié le colloque de l’Indo-Mauritius Urology Conclave. Toutefois, toutes ces choses apprises et discutées en ce qui concerne la transplantation rénale ne peuvent toujours pas être effectuées à Maurice.

En premier lieu, il y a la Human Tissue (Removal, Preservation and Transplant) Act votée en 2006 mais jamais promulguée pour plusieurs raisons comme la peur du trafic d’organes ou encore la sensibilité religieuse du don d’organes de donneurs décédés. En 2018, le projet de loi avait refait surface au Parlement avec les mêmes propositions de 2006 et il a été voté. Cependant, Bose Sonarane de la Renal Disease Patients Association, fait valoir que la partie promulguée n’a jamais été rendue publique. Aucune transplantation sur le sol local n’a été faite depuis 2017 que ce soit de donneurs vivants à patients et encore moins de reins provenant de donneurs décédés. Les personnes qui ont besoin de transplantation doivent se rendre en Inde car même dans les cliniques à Maurice, cela ne peut être effectué et les lois restent floues. «Par exemple si je veux faire un don de mes reins à ma mort, je ne sais pas à quel porte frapper et si cela est légal ou deviendra légal», soutient Bose Sonarane.

Pour rappel, la première transplantation a eu lieu en 1979 dans le privé et la dernière en 2017 dans un hôpital public. La première a été effectuée par le Dr Rajiv Upadhyaya, chirurgien spécialisé en chirurgie pancréatique et transplantation rénale. Il compte plus de 300 transplantations rénales réussies à son palmarès. Il dit ne plus croire au fait qu’il y aura ce service de transplantation rénale et que tous les problèmes autour seront résolus car depuis l’an 2000, l’annonce de ce service avait été faite par le gouvernement d’alors. «Je travaillais à l’hôpital de RoseBelle à cette époque. Cela avait été annoncé. J’ai participé à des réunions mais jusqu’à ma retraite en 2017, jamais le service n’est devenu une réalité.»

«Le plus jeune patient sous dialyse est âgé de 12 ans seulement.»

Selon le Dr Balbir Verma, le sujet du lancement d’un programme de transplantation a été débattu en détail lors du colloque. La première étape vers le début d’un programme de transplantation rénale est d’avoir un centre accrédité afin d’être en règle avec la loi existante sur la transplantation d’organes. L’étape suivante consiste à acquérir l’infrastructure et l’expertise.

En effet, des sources concordantes au sein du ministère de la Santé indiquent que les lois autour du don d’organes ont déjà été votées et promulguées mais il ne peut commencer car il faut d’abord avoir le service de transplantation opérationnel, un board, un laboratoire spécialisé et des chirurgiens formés. Et l’on soutient que Maurice attend un professeur spécialisé en chirurgie de transplantation, de l’Angleterre pour venir former les médecins et infirmiers à Maurice pendant six mois.

«Chaque année, de nombreuses jeunes vies sont perdues dans des accidents de la route.»

A ce propos le Dr Rajiv Upadhyaya reste toujours perplexe car depuis sa retraite en 2017, il avait déjà proposé au gouvernement son aide pour la formation mais le ministre de la Santé d’alors, Anil Gayan, n’a jamais pris sa requête en considération et jamais n’a-t-on pris contact avec lui. «On ne m’a même pas répondu alors que j’aurais pu déjà former des médecins.»

Par ailleurs, le don d’organes de personnes décédées est aussi un point très sensible à Maurice, pour des raisons religieuses entre autres qui avaient été avancées dans le passé. Pour le Dr Balbir Verma, la sensibilisation du public est d’une importance primordiale pour atteindre l’objectif d’un programme de transplantation réussi. «Nous pouvons commencer par un programme de donneurs vivants et ajouter progressivement le programme de donneurs décédés. Je suis convaincu que Maurice a un grand potentiel pour développer un programme de donneurs décédés.»

Selon lui, les raisons sont simples à comprendre. Car chaque année, de nombreuses jeunes vies sont perdues dans des accidents de la route et des décès liés au cancer. «Si la loi le permet et qu’une campagne active de sensibilisation du public est menée, de nombreuses personnes et familles se présenteront pour les dons d’organes. Maurice est un petit pays doté d’excellentes installations de communication et de transport ainsi que d’installations de soins intensifs raisonnables pour entretenir les organes jusqu’à leur récupération nécessaire à la réussite d’un programme de greffe de donneur décédé.»

Le programme des donneurs décédés contribuera éventuellement à réduire l’écart entre la demande et l’offre d’organes, ce qui permettra à davantage de patients dans le besoin d’une greffe, d’obtenir des organes dans un délai limité. «L’île Maurice a un haut niveau d’alphabétisation et il est facile de lancer des cartes de donneur pour garantir les organes en cas d’événement malheureux. Cela permettra d’éviter de nombreux tracas juridiques dans la voie de l’obtention d’organes. Un partenariat public-privé peut également être une bonne idée, mais il doit être décidé au plus haut niveau des autorités de santé», ajoute le Dr Balbir Verma.

En tous les cas, un service de transplantation rénale est vital pour notre pays, fait comprendre Bose Sonarane. Car de plus en plus, le nombre de patients avec des problèmes rénaux augmente. A titre d’exemple, il donne le nombre de patients sous dialyse : «1550 patients. Et nous serions à 1 600 et quelque, s’il n’y avait pas eu des décès liés au Covid-19. Ces chiffres sont très préoccupants car il n’y a pas suffisamment de machines entre autres pour s’occuper d’un nombre élevé de patients dialysés.»

D’ajouter qu’il y a de plus en plus un rajeunissement de patients avec des problèmes rénaux. Le plus jeune patient sous dialyse est âgé de 12 ans seulement. «Les transplantations permettront de donner une deuxième vie à beaucoup de jeunes.»