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Pascal Lagesse : «Ma carapace est faite de papier mousseline»

20 août 2022, 16:00

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Pascal Lagesse : «Ma carapace est faite de papier mousseline»

Du 9 au 21 septembre au Caudan Arts Centre, Pascal Lagesse dévoilera «La vie en Zafer». En attendant, en tant qu’ami et correspondant de la rédaction, l’artiste a bien voulu partager quelques perspectives avec nous. Du genre «pour moi, m’exposer en public est à la fois une expérience magnifique et une grande source d’angoisse…»

«La vie en Zafer». Pourquoi ce titre ou thème ?

«La vie en Zafer» (tout comme «la vie en rose») est la façon dont je regarde le monde ces jours-ci. J’ai appelé mon style de peinture «Zafer», car, quand je l’ai créé en 2003, on m’a demandé comment qualifier ce nouveau style et je ne savais pas dans quelle catégorie le placer. J’ai donc utilisé ce mot du kreol morisien que l’on utilise souvent quand on ne connaît pas ou quand on a oublié le nom d’une chose ; «Zafer» et le nom est resté.

Voir la vie en Zafer c’est voir le monde comme j’aurais voulu qu’il soit. C’est un style généralement utopique en opposition avec le monde de plus en plus sombre dans lequel nous vivons. Il prêche pour un idéal. D’un autre côté, Les Zafers, c’est ma façon à moi de ralentir le temps et de cultiver la patience. Parfois aussi, la peinture me pousse à mettre sur canevas mes exaspérations. Dans cette exposition, j’ai déposé mes émotions sur la toile.

Comment un artiste-peintre, qui se donne corps et âme à son art, se décide : «OK c’est bon, je vais montrer un peu de ce que j’ai fait maintenant» ?

Je ne peux parler que de mon expérience personnelle. Je présente généralement une exposition au moment où je vais démarrer une nouvelle étape dans ma peinture. C’est en quelque sorte une page que je referme avant d’emporter ma peinture un peu plus loin. C’est un bilan de ces dernières années. Je pense être arrivé à un moment où ma façon de concevoir mes tableaux va changer et le style devrait évoluer avec. Le 13 septembre à 18 heures, au Caudan Arts Centre, je ferai une causerie sur mon voyage dans le monde de la peinture depuis mes débuts à aujourd’hui. Je parlerai des étapes, de mes influences, des doutes, des surprises et du hasard qui fait bien les choses. La causerie et l’exposition sont intimement liées.

Morne au petit matin.

Comment la rencontre se prépare-t-elle dans la tête de l’artiste ? Je doute que c’est un peu comme si on présentait ses enfants aux amis et au public en général…

Pour moi, m’exposer en public est à la fois une expérience magnifique et une grande source d’angoisse. Ça sera la première fois que j’expose uniquement des tableaux de style «Zafer». Dans mes expositions précédentes, j’ai toujours mélangé mes styles et exposé des huiles classiques, quelques aquarelles et très peu de Zafers. De quoi espérer plaire à tout le monde… Cette fois, je me lance vraiment à l’aveugle, car je ne sais pas comment sera accueilli ce style auprès du public et de mes amis. Le style Zafer est là où je me sens le mieux, là où je suis vraiment moi-même. Contrairement aux politiciens, je suis affecté par tout ce qui m’entoure et ma carapace est faite de papier mousseline. Au fond de moi, j’espère que cette exposition plaira à ceux qui viendront la voir.

Combien de toiles seront présentées ?

Pour le moment, j’en suis à 47 toiles, mais cela pourrait fluctuer pour des raisons d’espace d’exposition ou de changement de décision de ma part.

Quelle sera la part de l’écrit dans cette expo, vu que tu écris souvent quand tu ne peins pas ?

Les 47 tableaux seront accompagnés de textes où je donnerai à celui qui viendra à l’expo ma pensée derrière chaque tableau et pourquoi je l’ai peint. Les textes sont en français, anglais et kreol morisien. Dans cette expo, l’ajout de l’écrit est nouveau pour moi et je trouve qu’il me complète en tant qu’artiste.

Y a-t-il aussi un message politique dans tes œuvres ? Est-il subtil ? Gouache ou aquarelle ?

Les tableaux sont principalement à l’acrylique ou à l’acrylique et huile. Ils sont tous sur toile. Oui, il y a certainement un message politique dans mes tableaux. Dans certains, il est évident et dans d’autres un peu moins. Le principe utopique de certains tableaux est en lui-même un message politique. Je propose une vision idéalisée de mon pays, à quoi il aurait pu ressembler si tout le monde travaillait ensemble vers ce but. La division généralisée est la principale faiblesse de notre pays. Je m’efforce alors de peindre un monde avec la naïveté qui me caractérise afin que tout un chacun réalise que notre pays et sa population sont des diamants en cruel manque de cohésion.

Pieter Both vue de Manhattan.