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Transplantation rénale: une greffe pour la survie
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Transplantation rénale: une greffe pour la survie
Des transplantations rénales seront effectuées dans moins de deux semaines, grâce à une équipe indienne, avec à sa tête le Dr Rajasekhar Perumalla, qui arrive à Maurice en fin de mois. Des patients dans l’attente de cette greffe et ceux qui y sont déjà passés se sont confiés à nous.
Ils seront environ une dizaine de dialysés qui verront leur vie être complètement transformée, d’ici peu. Et pourtant, longue est la liste de ceux qui rêvent de reprendre leur train-train quotidien sans se soucier d’une séance de dialyse. Parmi eux, l’on peut compter Kevin*. Ce trentenaire compte les heures qui le rapprochent de cette transplantation. «C’est une très bonne nouvelle et une bonne initiative du gouvernement. Les membres de ma famille n’auront pas le stress d’aller chercher un lieu pour vivre ou de rechercher un passeport pour m’accompagner à l’étranger. Tout se fera ici et je serai bien entouré.»
Notre interlocuteur nous apprend que cela fait un an depuis qu’il subit des tests réguliers en compagnie de son donneur, qui ne sera nul autre que son frère. «Notre sang doit appartenir au même groupe, mon frère doit jouir d’une bonne santé, et l’on doit être compatible. Tous ces examens ont déjà été faits. Je n’en compte pas moins d’une vingtaine. Je souffre également d’un problème de peau, et j’ai déjà eu le feu vert de mon médecin traitant à l’hôpital. Et aussi, le cardiologue a approuvé mes tests.» Pour ce qui est de la dialyse, cela va bientôt faire deux ans depuis qu’il la subit. «En octobre, cela va faire deux ans. Je considère la dialyse comme un dépannage, car le but principal est d’aller faire une greffe.»
Craint-il cette opération ? Non, car il ne sera pas le premier de sa famille à le faire. Son oncle compte parmi les tout premiers patients à s’être fait greffer à Maurice. «C’est ma tante qui lui a offert son rein. Et chacun a pu reprendre une vie normale. Ma tante a plus de 60 ans aujourd’hui.» Si quelque 40 ans après, sa tante est toujours en bonne santé, son oncle, entre-temps, est décédé. «Il a eu des complications au niveau de son diabète. Sans quoi, il serait encore parmi nous.»
C’est peut-être la raison pour laquelle le frère de Kevin n’a pas hésité à lui offrir un de ses reins. «Il a pris l’initiative. Et je sais que d’autres personnes n’ont pas la même chance que moi. Certes, en donnant un rein, la personne ne pourra pas pratiquer des sports qui requièrent beaucoup de force, mais elle vivra normalement, pourra fonder une famille, entre autres.»
En tout cas, Kevin se veut positif. Il sait qu’avec cette greffe, une nouvelle vie s’offre à lui, et il compte la saisir. Comme l’a fait Sandrine Jean. Cette dernière a fait sa transplantation en 2006 à l’hôpital Jawaharlal Nehru de Rose-Belle. Elle était à peine âgée de 21 ans. «Je devais attendre que mon donneur, qui est mon frère, ait atteint ses 18 ans.» Elle raconte qu’avant cette opération, cela n’a nullement été un long fleuve tranquille. «J’ai eu à faire à plusieurs reprises les analyses car mon dossier a été égaré.» Étant jeune, elle ne savait pas à quoi s’attendre. «C’est la première fois que j’allais entrer dans une salle d’opération. On sait que c’est très important cette intervention mais on a aussi peur. Peur que la greffe ne prenne pas et que le corps rejette le rein. D’autant plus que j’ai connu des gens qui ont fait la transplantation mais cela n’a pas marché la première fois. Il a fallu attendre un deuxième donneur.»
Heureusement pour elle, la première intervention a été la bonne. Et cela sous le scalpel du Dr Rajiv Upadhyaya et du Dr Gaya. Après l’opération, elle raconte qu’elle a eu à vivre enfermer dans sa chambre pendant trois mois. «J’étais dans une chambre stérile. Je n’avais aucun contact avec le monde extérieur. La seule personne qui pouvait entrer dans ma chambre était ma mère. Je ne voyais même pas l’environnement autour de moi.» Elle avoue que cela a été difficile. «Mais on y était préparé. J’avais la télé et quand je devais me rendre à l’hôpital pour un check-up, mon papa devait mettre des serviettes stériles sur le siège de la voiture. Je devais porter le masque, il ne fallait pas que j’attrape une bactérie.»
Le sacrifice a toutefois porté ses fruits car, maintenant, elle est une jeune femme en pleine forme. «Je mange et bois comme tout le monde. Personne ne sait si j’ai déjà subi une greffe.» Toutefois, avec le Covid-19, elle a eu à redoubler de vigilance. «Éviter la foule et prendre le maximum de précaution.» Aujourd’hui, Sandrine Jean vit au Canada, mais continue à être suivie par un médecin. «Cela fait cinq ans que je vis ici, et chaque année, je fais un suivi avec le médecin.» Elle ajoute que les examens sont certes plus poussés dans son pays d’adoption. «Mais je tiens à dire que nous avons de très bons docteurs à Maurice également. J’encourage les jeunes qui doivent faire une greffe de le faire sans crainte car même 20 ans après, je suis toujours en vie.»
(*) prénom modifié.
Beaucoup de questions peu de réponses, avance bose Soonarane
<p>Pour le secrétaire de la<em> Renal Disease Patient’s Association</em>, Bose Soonarane, plusieurs questions restent à être posées au sujet des regulations entourant la <em>Human Tissue (Removal, Preservation & Transplant) Act. «En 2018, cette loi a été amendée mais quelles sont les clauses qui ont été promulguées depuis ? Si j’ai envie de faire un don d’organe, à qui dois-je m’adresser ? Est-ce qu’il y a un comité qui a été constitué et si oui, quels sont les membres qui font partie de ce comité ? Quelles sont leurs compétences ?»</em> Autant de questions qui sont posées, et personne pour y répondre avance notre interlocuteur. <em>«Étant au sein d’une association qui se bat pour les dialysés, nous aurions aimé siéger au sein de ce comité, et je pense que c’est une requête légitime, d’autant plus que nous le faisons à titre bénévole.»</em> Il espère que la nouvelle unité de Rose-Belle prendra forme le plus rapidement possible, et qu’un personnel professionnel y sera attaché.</p>
Les premières opérations prévues début septembre
<p>Après plus de cinq ans, les interventions pour la transplantation rénale reprennent à Maurice. C’est le Dr Rajasekhar Perumalla, qui exerce à Chennai, qui effectuera ces interventions. Il arrive à Maurice à la fin du mois. Et selon le ministère de la Santé, une dizaine d’opérations se feront au début du mois de septembre. Toutes les interventions auront lieu à l’hôpital Victoria au sein du bloc de la Cardiac Unit. La venue de ce médecin a été rendue possible grâce au soutien du Rotary Club de Beau-Bassin/Rose-Hill. </p>
<p>Par ailleurs, le Professeur Nizam Fatehmamode, chirurgien spécialisé dans les greffes au <em>Guy’s & St Thomas’ NHS Foundation Trust</em> en Grande-Bretagne, sera à Maurice en octobre prochain. Il assurera une formation pour les néphrologues mauriciens. Pour ce qui est de la nouvelle unité de transplantation qui sera créée à l’hôpital de Rose-Belle, l’on apprend que tout est en bonne voie.<em> «Il faudra une bonne infrastructure pour conserver les organes des donneurs, les équipements adéquats et aussi les médicaments. Peut-être qu’après les greffes rénales, l’on pourra également faire celle de la cornée. Nous devons également voir avec les légistes le ‘consent form’ pour ceux qui désirent donner leurs organes»</em>, confie une source au ministère de la Santé.</p>
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