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Interview croisée | la survie du Club Hippique de Maurice en suspens: «Il faut vendre les actifs du MTC pour sauver ce qui peut être sauvé»
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Interview croisée | la survie du Club Hippique de Maurice en suspens: «Il faut vendre les actifs du MTC pour sauver ce qui peut être sauvé»
La vente des actifs du Mauritius Turf Club (MTC), sis à Floréal, comprenant le centre Guy Desmarais et le club hippique, sera proposée aux membres du MTC ce 24 août. La fin d’une épopée qui aura duré 70 ans pour le Club Hippique de Maurice, du moins sur l’emplacement actuel, semble, peu importe la décision de vote des membres, inéluctable. La présidente et le vice-président du club hippique, expriment leur inquiétude. La pérennité du club repose, selon eux, sur une «compensation juste du MTC» ou «une reprise par un investisseur».
Aidez-nous à en savoir un peu plus sur ce qui se fait juste à côté du centre Guy Des- marais. Quels sont les centres d’activités du Club Hippique de Maurice ?
Jérôme Ferrat (JF) : On a quatre pôles d’activités. On a le jumping – saut d’obstacles; le dressage – un travail sur le plat avec le cheval ; la voltige, dont Lambert Leclézio est le produit. Il a débuté ici. Quatre fois lauréat au niveau mondial, une fois sous les couleurs de Maurice et trois fois sous le drapeau français. Finalement, on a cette partie de baby poney club qui est très populaire. On aide aussi les apprentis.
Est-ce toujours d’actualité que ce sport est réservé à une élite ?
Martine de Froberville (MdF) : Plus aujourd’hui ! Il y a une démocratisation de l’activité avec des gens de toutes cultures. Il faut aussi savoir que le club propose plusieurs options. On offre aux apprentis un tarif forfaitaire. On offre aussi aux membres de prendre une participation dans des chevaux retraités, permettant ainsi aux propriétaires d’être aidés.
Passons aux choses sérieuses. Avec des dettes de Rs 287 millions et une projection 2023 jugée trop optimiste par certains professionnels, la vente des actifs du MTC à Floréal, dont le centre Guy Desmarais et le club hippique, est considérée, même conseillée, par le MTC. Est-ce synonyme de fin pour vos activités ?
MdF : Nous sommes inquiets ! On possède les bâtiments mais on n’est pas sur notre terrain. On est sur le terrain du MTC. Pour la pérennité du club hippique, il va sans dire qu’on aurait aimé rester là.
JF : Notre meilleure option est de rester.
MdF : Ça va être problématique même si la partie du centre Guy Desmarais devient un projet autre que ce qu’il est actuellement. On n’aura pas suffisamment de place pour exister.
JF : Si on n’a pas accès au grand manège, les propriétaires qui viennent monter dans l’après-midi n’auront pas d’endroit où exercer, vu qu’il y a des leçons de poney ailleurs. On ne peut pas mettre tout le monde ensemble !
Avez-vous songé à une autre option si vous êtes priés de partir de Floréal ?
JF : Il faudra délocaliser ailleurs. Le club hippique n’a hélas pas d’asset pour le faire seul. On espère une compensation du MTC. On a contribué au sport mauricien. L’éventuelle compensation va nous permettre de continuer nos activités ailleurs. Ainsi, l’acheteur éventuel pourra disposer des 17 arpents de Floréal à sa guise…
Il faudra d’abord convaincre les membres du MTC de valider la résolution de vente le 24 août (NdlR, aujourd’hui) lors de l’assemblée générale exceptionnelle…
JF : On est très dépendant de leur décision. Le message a été passé aux membres du club hippique. Il faut vendre ! On n’est pas contre mais avec le MTC. On est partenaires. Si le MTC dit que c’est dans son intérêt de vendre, c’est forcément dans notre intérêt.
MdF : Il faut qu’on vende les actifs du MTC pour sauver ce qui peut être sauvé. Ce n’est pas de gaieté de cœur que je dis cela. J’espère juste que le MTC va nous compenser pour qu’on puisse continuer nos activités. On veut que le club hip- pique puisse exister. Et, pour cela, il nous faut être dédommagés.
Mettons les choses en perspective. Le MTC a des dettes de Rs 287 M, excluant la compensation des licenciements, dont une cinquantaine d’ici 2023. Pensez-vous vraiment que la direction du MTC ait comme pour principal souci la pérennité du club hippique ? Car l’existence même du MTC est menacée au cas où vous auriez raté un épisode…
MdF : C’est compliqué, je le sais ! Mais il faut comprendre qu’on défend les intérêts du club hippique en tant que présidente et vice-président. On ne veut pas que le club hippique cesse ses activités. Où vat-on mettre les chevaux ? Il faudra licencier au moins 25 personnes. C’est quand même 70 ans d’histoire. Il faut se battre !
JF : On est le seul club hippique dans le centre. Tous sont sur la côte. Comment vont faire les gens de Curepipe, Floréal, Beau- Bassin, Vacoas, Quatre-Bornes et autres Rose-Hill ? Il faut noter qu’on accueille 5 000 personnes lors des journées portes ouvertes. Il y a donc un engouement pour ce sport. C’est beau ! C’est passionnant ! On ne peut pas laisser tomber. Non !
Vous estimez votre dû à combien ?
JF : Il y a Rs 270 M pour 17 arpents. Le club hippique fait 3,5 arpents. La dernière évaluation des infrastructures du club hippique en 2014 était de Rs 12 M. Il y a eu d’autres constructions entretemps. Je pense que Rs 80 M est un chiffre raisonnable.
On vous offre une plateforme. À vous de convaincre les investisseurs probables… Le club hippique est-il rentable ?
JF : Oui ! Même durant les années Covid, grâce, il est vrai, au Wage Assistance Scheme, le club hippique a été rentable. On a une base de 300 membres. On a une soixantaine de propriétaires. Il s’agit là d’un revenu fixe tous les mois. Les forfaits de leçon sont payés. On a investi dans des poneys qui arrivent d’Afrique du Sud car la demande est là. D’autres propriétaires veulent nous rejoindre. On a un business model qui marche sur le long terme.
MdF : On n’a pas de dettes. On est une association. Il n’y a pas d’obligation à faire des profits. Donc, tout l’argent va dans les infrastructures et le bien-être des chevaux.
Il serait peut-être temps d’envisager de changer le statut du club hippique…
La question a été posée récemment. On n’a pas réfléchi outre me- sure là-dessus mais il faudra forcément s’y mettre si des investisseurs se joignent à nous. Soulignons que la structure est là. Et ça marche bien. Un manager est employé à plein temps. Un secrétaire administratif, un chargé de clientèle, un barman et des gens d’entretien font que tout marche comme sur des roulettes.
<p><strong>Description de la propriété </strong></p>
<p>Quatre manèges sont à la disposition du club hippique. Un petit manège se situe à l’entrée pour les poneys et un autre, toujours pour les poneys, est accessible plus haut. Le grand manège est à l’extérieur pour les compétitions et là où les propriétaires de chevaux à la retraite peuvent monter. Le <em>trotting track</em> accessible. Tout comme quelques du MTC est aussi autres infrastructures.</p>
Bio Express
<p><strong>Jérôme Ferrat </strong></p>
<p>Il est vice-président et membre du club hippique. Handler pour le compte du MTC depuis 27 années. Ayant représenté l’île Maurice en équitation dans plusieurs concours, Jérôme Ferrat, qui monte à cheval depuis l’âge de dix ans, détient le record de Maurice en puissance et hauteur. Il gère les palefreniers du club hippique et s’occupe du Cava- lry Club. Il forme notamment d’anciens chevaux de course pour en faire des sujets habiles en saut d’obstacles et s’attelle aussi au dressage. Il préside aussi le comité technique jumping du saut d’obstacles.</p>
<p><strong>Martine de Froberville </strong></p>
<p>Elle est présidente du club hippique depuis 2019. Elle monte à cheval depuis plus de 30 ans. Passionné d’équitation, elle a représenté Maurice dans plusieurs concours sur le continent africain. À la retraite, elle gère le personnel du club hippique et la population équestre du centre. Elle chapeaute aussi les leçons d’équitation. Elle est l’ancienne trésorière de la <em>Mauritius Equestrian Sports Federation</em> depuis plus de dix ans.</p>
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