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Forces éparpillées de l’opposition: Unis oui, mais pas d’accord sur le GM de transition

26 août 2022, 21:00

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Forces éparpillées de l’opposition: Unis oui, mais pas d’accord sur le GM de transition

Outre les deux principaux blocs, menés par Pravind Jugnauth et Navin Ramgoolam, et d’autres partis politiques qui s’affrontent sur le terrain à coups de «congrès», d’assemblée de délégués, voire de renouvellement d’exécutif ou de bureau politique, une troisième voie s’impose, peu à peu, dans le débat public. Si la plupart s’accordent sur l’importance d’un front uni afin de modifier la Constitution, il y a des divergences par rapport au projet de «gouvernement de transition», surtout des partis traditionnels.

L’appel lancé pour un front élargi ou «unitaire» de l’opposition, notamment par des membres de la société civile et la presse, fait son bonhomme de chemin, même si les objectifs finaux ne sont pas les mêmes. D’autres acteurs poussent pour un bouleversement du paysage politique actuel afin de revoir la Constitution elle-même. Car c’est l’Operating System, pour reprendre le terme lancé par Ashok Subron de Rezistans ek Alternativ (ReA), qui est devenu obsolète.

Cette coalition large, avance Ashok Subron, ne peut pas se faire uniquement avec les partis politiques traditionnels : «La population a bien fait comprendre qu’elle n’a plus confiance en ce système, surtout si on prend en considération les alliances et cassures au sein même de l’opposition.» Si la même erreur d’alliance entre les partis traditionnels est commise, le risque de revoir un gouvernement dirigé par Pravind Jugnauth au pouvoir est bien réel, insiste Ashok Subron. C’est pour cela que le front unitaire de l’opposition doit rassembler les parlementaires, les extra-parlementaires, les syndicalistes, les militants écologistes, les activistes, entre autres.

Pour arriver à un «front unitaire», qui est la première étape avant d’arriver à un «gouvernement de transition» (si tant que le front arrive à remporter la majorité aux prochaines législatives), le challenge est de finaliser collectivement les réformes constitutionnelles urgentes à mener. «Li inportan tonb dakor avan éleksion, pa apré. Lerla al dan éleksion é fer éleksion vinn enn référendum.»

Dev Sunnasy, membre de Linion Pep Morisien, avait lancé l’idée l’année dernière : «Un journaliste m’avait demandé comment faire partir ce gouvernement et quelle serait la configuration idéale par la suite. J’avais alors évoqué un gouvernement de transition», se souvient-il. «Après 54 ans d’Indépendance, le système électoral, la Constitution et le fonctionnement même du pays doivent être revus», explique Ashok Subron. D’où le fait qu’il milite pour un «front unitaire de l’opposition et un gouvernement de transition.»

Repartir sur de nouvelles bases

Dans la pratique, comment se fera la «transition» ? Pour Ashok Subron, lorsque le front unitaire sera élu, sa tâche, pour deux ans par exemple, serait de se focaliser sur les changements constitutionnels qui auront été discutés et proposés avant les élections. Entreprendre une réforme constitutionnelle et ensuite réorganiser des élections générales selon un nouveau système électoral constitue la voie d’avenir : «C’est repartir sur de bonnes bases. Comme une deuxième Indé- pendance dont l’histoire se rappellera. On ne peut plus se contenter de ‘répran mam vié paké kart pou rézwé’.»

Pour Ashok Subron, les changements les plus importants à apporter sont : décommunaliser le système électoral, instaurer un contrôle sur les dépenses des partis politiques pendant les campagnes électorales, donner aux électeurs le droit de décider de «fou déor» un député qui ne fait pas son travail comme il se doit et instaurer le droit de la nature et du changement climatique dans la deuxième Constitution. La question d’ego ? Ashok Subron est de ceux qui pensent qu’il ne suffit pas d’être prêts à travailler avec «intel ou intel». «Le plus important, c’est de créer un cadre pour des discussions ouvertes en impliquant la masse et pas seulement ceux faisant partie de la politique. Linportans sé ki bann diskision-la pa sékré. É ki li pa inplik bann organizasion kominal, rasis, zénofob é sexis.»

Selon Malenn Oodiah, fort d’une grille d’analyse reposant sur la distinction fondamentale entre la contradiction principale et les contradictions secondaires, des partis comme ReA peuvent articuler leur tactique et stratégie politique. «D’où l’appel à Paul Bérenger et Navin Ramgoolam de rallier toutes les forces de l’opposition parlementaire et extraparlementaire, les syndicats, organisations non gouvernementales et autres forces de la société civile. En clair, un appel à l’unité pour en finir avec le régime actuel sur la base d’un programme de transformation politique et socio-économique. On dénonce la mégalomanie qui traverse plusieurs formations politiques en ce moment.»

Pour Dev Sunnasy, il est important de comprendre que le «gouvernement de transition» doit être instauré pour donner de la confiance au peuple afin que le gouvernement actuel parte. Et il ne faut pas commettre les mêmes erreurs car le gouvernement actuel est déjà un mastermind de ruses et il faut contrecarrer ces ruses. «Il faut mettre de côté les partis politiques pour s’en sortir…»