Publicité
Congrès annuel: le Parti travailliste montre ses muscles
Par
Partager cet article
Congrès annuel: le Parti travailliste montre ses muscles
Le parti orange a sillonné le pays, organisant des réunions dans plusieurs villes et villages, le dernier ayant eu lieu à St.-Pierre vendredi. Les rouges, eux, convient leurs partisans au Trianon Convention Centre aujourd’hui. Le succès sera-t-il au rendezvous ? Quel est le poids politique du parti «la clé» aujourd’hui ?
La direction du Parti travailliste (PTr) a convié ses cadres et ses partisans en ce dimanche, à son congrès annuel, durant lequel le leader, Navin Ramgoolam, prendra la parole. Par la suite, de nouvelles têtes adhéreront au comité exécutif des rouges. Les Mauriciens répondront-ils à l’appel ? Quel est le poids politique du parti «la clé» aujourd’hui ?
Ce qui est certain, c’est que des observateurs politiques sont convaincus que le PTr représente toujours l’alternance sur le plan national en dépit des deux défaites électorales de son chef de file ; et il semblerait que Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval, respectivement leader du Mouvement militant mauricien et du Parti mauricien social-démocrate, l’ont compris. Arvin Boolell, chef de file du PTr au Parlement, maintient, lui, que son parti demeure une force incontournable sur l’échiquier politique.
Dharam Gokhool, ancien ministre travailliste qui s’adonne désormais à des analyses politiques rappelle que la réalité sociologique dans un grand nombre de circonscriptions fait que le PTr est le seul concurrent «crédible» du Mouvement socialiste militant (MSM). Il fait référence notamment aux circonscriptions nos 4 à 14. «Pour moi, le PTr est le challenger du MSM. Il est vrai qu’on pourra proposer le leader d’un autre parti comme tel, mais il ne fera pas le poids face à Pravind Jugnauth », insiste-t-il.
L’historien Jocelyn Chan Low va encore plus loin. Il rappelle qu’aux dernières législatives, les rouges ont recueilli plus de 30 % de votes dans les régions aussi bien urbaines que rurales en dépit du fait qu’ils avaient proposé Navin Ramgolam comme Premier ministre. «Il est vrai qu’un récent sondage démontrait que Pravind Jugnauth est fort. Ce sondage a également fait ressortir que les partis traditionnels sont en déclin. Bien que Navin Ramgoolam n’ait pas été élu à deux reprises, il ne faut pas oublier que les électeurs ont la mémoire courte. Donc, le leader du PTr demeure le principal challenger de Pravind Jugnauth et il est la force du PTr avec son charisme.»
Il appuie son argument en mettant de l’avant les points forts du PTr. Ce parti, ajoute-t-il, a la capacité de se renouveler systématiquement en présentant de nouvelles têtes à l’électorat et il a su séduire les votants des régions urbaines et rurales, maintient-il. «Bien sûr, le PTr présentera de nouveaux visages et un programme frais à l’approche des législatives pour séduire. De plus, comme le peuple réclame des changements au système politique, le PTr est un des partis ayant toujours essayé d’innover», rappelle l’historien. De plus, à la veille des élections, ajoute-t-il, les Mauriciens découvriront qu’ils n’ont pas d’alternance et ils vont se rapprocher du PTr. «Xavier-Luc Duval et Paul Bérenger en sont déjà conscients.»
Quid de Roshi Bhadain qui organise lui aussi un rassemblement à Mahébourg aujourd’hui et qui semble vouloir faire cavalier seul désormais ? Et Nando Bodha dans tout ça ? Dharam Gokhool et Jocelyn Chan Low sont persuadés que les deux ne font pas le poids – pour le moment du moins – face à Pravind Jugnauth, dans les villages. «Roshi Bhadain et Nando Bodha n’ont pas encore ce ‘rayonnement national’», estime l’historien. Pour sa part, Dharam Gokhool ajoute que les deux hommes n’ont pas suffisamment d’assises dans les circonscriptions rurales, où les électeurs sont partagés entre le PTr et le MSM.
Dans un article paru dans nos colonnes, Malenn Oodiah, observateur politique, décode la stratégie de Navin Ramgoolam, qui évite de parler d’alliance avec les autres partis de l’opposition parlementaire. Il explique que quand le leader des rouges a demandé d’attendre la tenue du congrès d’aujourd’hui pour discuter rapprochement, c’est une façon de se renforcer pour avoir plus de poids lors des négociations. «L’alternance la plus à même de concurrencer Pravind Jugnath est celle d’un bloc avec le PTr comme locomotive et Ramgoolam comme adversaire de celui-ci», note-t-il. Il semblerait d’ailleurs que le Premier ministre l’ait luimême compris, car il n’a eu de cesse de critiquer l’ancien chef du gouvernement lors de ses récents «congrès» organisés dans plusieurs villes et villages du pays.
Le journaliste et observateur politique Lindsay Rivière voit pour sa part en Navin Ramgoolam un fin stratège et il est d’avis que les autres partis de l’opposition, mais aussi la majorité, attendent le prochain «move» du leader du PTr. «Il demeure le seul à ne pas avoir abattu ses cartes. De ce fait, il tient toute l’opposition en otage. Chacun attendra donc dimanche un grand discours définissant une vraie vision de l’avenir et de ceux qui éventuellement y travailleraient…»
Publicité
Les plus récents