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ZEP: comment la pédagogie s’adapte pour le PSAC
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ZEP: comment la pédagogie s’adapte pour le PSAC
À peine la rentrée scolaire du 22 août entamée, Noema Henriette, 12 ans, est en examen une semaine plus tard. En effet, hier, la petite, qui fréquente l’école Emmanuel Anquetil, figurant parmi les instituts de la Zone d’éducation prioritaire (ZEP), a pris part au Modular Assessment du PSAC. La première épreuve a été celle de science de 9 à 10 heures. S’enchaînera l’examen d’histoire et géographie aujourd’hui, selon les mêmes horaires. Quant aux examens finaux de français, d’anglais, de langues orientales, d’arabe, du kreol morisien et des mathématiques, ils sont prévus du 18 au 21 octobre respectivement de 9 heures à 10 h 45.
Un stress que ressentent déjà les petits des écoles ZEP et leurs parents. «J’entreprends beaucoup de révisions avec des questionnaires des années précédentes. Les enseignants effectuent plus de travail avec nous à l’école en ce moment», confie Noema Henriette. Sa mère, Josiane, 44 ans, femme au foyer, souligne le stress face à une année scolaire largement chamboulée. «Noema se prépare à ces examens assidûment. Son enseignant l’aide beaucoup. Nous en faisons de même à la maison», confie-t-elle.
Pour sa part, Lucas, 12 ans, un autre élève de Grade 6, fréquente la Petite-Rivière Government School, autre institut de la ZEP. «Le programme n’a pas encore été complété. Il faut rattraper ce qui a été fait précédemment pour avancer sur le cursus. Pour moi, si un enfant doit apprendre, il fera son effort, indépendamment du type d’écoles qu’il fréquente, que ce soit un institut ZEP, RCA ou autre», explique Sabrina, sa mère, 35 ans, qui est Merchandiser.
Auparavant, indique-t-elle, Lucas fréquentait l’école James Toolsy. Après leur emménagement à Petite- Rivière, il a donc été transféré à son actuel établissement qui était celui que fréquentait sa mère durant son enfance. «Il est un peu faible en anglais. Aussi, nous faisons des lectures. Je lui donne des devoirs. On le fait surtout le week-end et je rattrape tout ce qu’il a étudié en semaine.»
Dans les écoles de la ZEP, au nombre de 27 sur les quatre zones éducatives de Maurice, les enseignants ont intégré une diversité d’outils pédagogiques et modifié les modes d’apprentissage pour bien préparer les élèves du PSAC. Comme en témoigne Cynthia Henri, éducatrice de Future Hope, association faisant de l’encadrement scolaire notamment avec des enfants des écoles de la ZEP, il a fallu tout reprendre depuis le début avec ces enfants.
«Par exemple, c’est difficile pour ces élèves-là de faire des mots et phrases. On a donc repris l’alphabet. Il y a diverses façons de les encadrer», déclare-t-elle. L’enseignante utilise ainsi des modules, des flash-cards, entre autres, pour faciliter la compréhension. «Quand l’enfant comprend l’alphabet ainsi que la phonétique, il sera plus à même de faire des syllabes et des mots. En général, certains enfants ne peuvent pas réellement prendre part au PSAC. Pour les élèves de la ZEP, nous nous focalisons sur la lecture. Je lis d’abord, l’enfant lit puis on déconstruit le tout pour la compréhension des phrases.»
Jamel Colin, un autre éducateur de Future Hope, revient aussi sur l’usage des flash-cards. Par exemple, il expose les enfants, très souvent confrontés à des difficultés de lecture et pour reconnaître les syllabes, à la lecture. «Avec les vacances et les coupures scolaires, les élèves oublient. D’où l’importance de reprendre la base de la deuxième partie du trimestre. Cela nous permet d’identifier les manquements et d’agir par conséquent», explique-t-il.
Comment se fait l’adaptation de la pédagogie pour les mathématiques, véritable bête noire des candidats du PSAC ? Cynthia Henri présente cette matière comme un jeu aux élèves de la ZEP. «TikTok est une bonne comme une mauvaise chose mais c’est sur cette plateforme et Facebook que je trouve mes modules et les outils pédagogiques pour les enfants. Il suffit de bien identifier les consignes. Ainsi, je leur explique que les divisions et multiplications qu’on leur présente comme un jeu, ils en feront tout au long de leur vie», précise-t-elle.
Pour sa part, Jamel Colin a recours aux flash-cards mais aussi aux jeux pour apprendre à compter. «À force de faire des petits bâtons, on n’arrive pas à se retrouver. Aussi, on a développé tout plein de jeux pédagogiques pour les aider à compter et mémoriser. Certains intègrent des perles enfilées autour d’un fil ou des cercles avec des fleurs dont les pétales peuvent être retournés pour y découvrir des chiffres entre autres. C’est coloré, c’est facile et c’est ludique», avance-t-il.
Quant à l’histoire-géographie, l’enseignant se fait volontiers narrateur. Il est d’ailleurs slammeur et conteur et fait vivre l’histoire autrement. «Pour la journée mondiale de l’enfant africain, j’ai contextualisé cela pour Maurice. On réalise que nos petits ne connaissent pas les personnages représentés par des statues historiques et leurs contributions pour Maurice», déclare-t-il.
Pour Vishal Baujeet, président de la Government Teachers’ Union, l’extension du trimestre avec la situation pandémique a, certes, induit plus de temps pour la préparation aux examens. Cependant, «les enfants sont fatigués», constate-t-il. Il estime que le cursus aurait dû être terminé pour le PSAC et que le présent trimestre devrait être destiné aux révisions. Celles-ci sont cruciales pour doter les compétences requises aux élèves. Suttyhudeo Tengur, président de la Government Hindi Teachers’ Union, renchérit sur l’épuisement des enfants. De plus, avance-t-il, le rythme du programme d’études a changé comparé aux années précédentes.
Selon lui, l’apprentissage stagne, vu que les compétences qui devaient être acquises durant les deux dernières années n’ont pu l’être. «L’apprentissage a régressé. Le rythme n’était pas aussi soutenu et est allé au ralenti.» Pour lui, les «late developpers» et des élèves issus de familles enlisées dans la pauvreté ont été plus affectés à la suite du Covid-19 et son impact sur l’éducation. Il plaide pour une meilleure stratégie plus intensive pour les enseignants pour toutes les écoles. «Et pour les instituts de la ZEP, il aurait fallu davantage de considération, avec un accompagnement pédagogique, médical et psychologique», suggère-t-il.
À noter que 1 004 élèves de la ZEP étaient inscrits aux examens du PSAC en 2020-2021.
Modular Assessment: entre confiance et «réponses au hasard»
Coup d’envoi du modular assessment du PSAC. Les élèves de Grade 6 ont pris part à l’épreuve de science, entre 9 et 10 heures, hier. Cette année, 19 500 candidats, incluant ceux de Rodrigues et d’Agalega, prendront part aux examens, indique le ministère de l’Éducation.
Hier, après le premier papier, plusieurs écoliers sont sortis confiants des salles de classe. Parmi eux, Loïc, 12 ans. «L’épreuve de science s’est bien passée. C’était simple. Il y avait une ou deux questions un peu complexes mais je me suis bien débrouillé», confie cet élève qui fréquente l’école Notre Dame de Lourdes. Il explique s’être préparé depuis le début des vacances scolaires. Les révisions se sont faites avec des amis. Après ses cours particuliers, hier, il a repris sa préparation pour le papier d’histoire-géographie, prévu aujourd’hui, toujours entre 9 et 10 heures. «Je suis confiant pour l’histoire et la géographie, d’autant que j’aime bien ces matières.»
L’optimisme est également de mise pour Noema Henriette. «Ma fille m’a dit qu’elle a pu travailler. Elle reste positive pour l’examen d’histoire-géographie», confie la maman de l’écolière. Pour sa part, Angel Chellin, 11 ans, avoue que certaines questions étaient difficiles. «Je ne connaissais pas certaines d’entre elles, aussi j’ai fait des choix au hasard. Dans d’autres cas, les questions étaient abordables», avoue l’élève de l’école Coeur sacré de Jésus RCA, encadrée par l’équipe de Marie-Noëlle L’Eveillé, directrice de l’association Future Hope. Quid de l’histoire et de la géographie ? Même si elle admet qu’elle n’est pas totalement prête, Noema compte appliquer les consignes de son enseignante évoquées lors des visites scolaires sur des sites historiques.
Quant à Edouard, 12 ans, il évoque aussi quelques sections difficiles pour le questionnaire de science alors que d’autres étaient compréhensibles. «Je me suis appliqué mais je ne suis pas sûr de passer en science. Pour l’histoire-géographie, je suis venu aux cours d’accompagnement scolaire pour réviser avec mes amis à Future Hope. Je m’attends à bien travailler et à avoir de bons résultats dans cette matière.»
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