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Affaire Akil Bissessur: le pari osé (ou suicidaire!) de Valayden qui mentionne le nom de Kobita Jugnauth

1 septembre 2022, 12:00

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Affaire Akil Bissessur: le pari osé (ou suicidaire!) de Valayden qui mentionne le nom de Kobita Jugnauth

La théorie – ce que lui qualifie «d’informations» – de Rama Valayden semble toute faite. Parce qu’Akil Bissessur allait prendre un malin plaisir à interroger l’épouse du Premier ministre, Kobita Jugnauth, dans une affaire en cour intermédiaire, il a été piégé par les policiers. Certes, Rama Valayden a pris le soin de ne pas être aussi explicite en établissant la cause à effet mais il a placé les deux faits côte à côte. «Parce qu’il est l’avocat de Rigg Needroo, Akil Bissessur s’est mis dans cette posture akot bizin fini li», a déclaré Valayden à la sortie de la cour de Bambous.

Rigg Needroo est un internaute contre qui Kobita Jugnauth a porté plainte. Akil Bissessur, son avocat, avait lui-même dévoilé l’affaire dans une interview accordée à l’express en mai. Cet homme avait, en août 2018, partagé un article de l’express via Facebook dans lequel Pravind Jugnauth disait : «Mo éna enn sel fam mwa.» Mais Rigg Needroo avait commis l’impair d’écrire comme légende : «Mé to fam éna enn ta mari.» Se sentant diffamée, Kobita Jugnauth a porté plainte et Rigg Needroo est poursuivi sous l’Information and Communication Technologies Act pour «using information and communication service for the transmission of a message which is grossly offensive». Dans son entretien à l’express en mai, Akil Bissessur se disait déterminé à innocenter son client et que cela passait par appeler Kobita Jugnauth à la barre.

«C’est un raccourci facile pour gérer l’opinion publique mais totalementmisconceived in law», commente une source juridique proche du pouvoir. «Imaginons in the wildest of anyone’s dream que l’épouse du Premier ministre ait demandé à la police de surveiller Akil Bissessur. Les sources policières comme les sources des journalistes sont secondaires par rapport aux faits. La défense prend un risque énorme en arguant sur ce terrain. Pourront-ils prouver, comme M. Va- layden l’insinue, que la drogue a été plantée à la demande d’un tiers ? Elle se crée une evidential burden to prove planting. Et si elle n’arrive pas à prouver ces deux éléments, c’est la défense de leur client qui tombe.»

Ce qui nous conduit alors à l’autre élément qui a surgi à l’audience de lundi : les tests ADN et les possibles vidéos de la tournée d’Akil Bissessur ce soir-là. «L’absence éventuelle de l’ADN – la police a agréé à des prélèvements et des comparaisons – d’Akil Bissessur sur les colis sera un atout pour la défense. Ensuite, la police a fait fuiter des informations selon lesquelles notre client s’est arrêté plusieurs fois en chemin pour récupérer des sacs. Nous mettons la police au défi de prouver cela», a lancé un Valayden en verve.

L’analyse de l’avocat proche du pouvoir : «Si Valayden arrive à prouver qu’Akil Bissessur ne s’est pas rendu dans les lieux où la police affirme qu’il est allé se procurer la drogue ce soir-là, s’il arrive à prouver que la drogue a été plantée, et s’il parvient à trouver une explication crédible – pour la justice ! – au comportement suspect de l’accusé dans la vidéo avec le sac, alors Valayden aura frappé un grand coup contre Mme Jugnauth dans l’opinion publique mais là encore cela ne prouvera pas la grotesque idée que c’est elle qui a fait planter la drogue. Vous conviendrez que dans ce scénario que je viens de vous dépeindre, the odds are against the defense.»

Nous avons vainement essayé de joindre Rama Valayden hier pour un commentaire sur cette stratégie adoptée. Nous avons également, via des tiers, approché Kobita Jugnauth pour une éventuelle réponse sur les insinuations de l’avocat d’Akil Bissessur. Ces tiers ne sont pas revenus vers nous.

What next pour le client Needroo ?

<p>Qu&rsquo;arrivera-t-il aux clients d&rsquo;Akil Bissessur maintenant qu&rsquo;il est en détention ? Par exemple, pour l&rsquo;affaire Rigg Needroo qui sera appelée. Si l&rsquo;avocat n&rsquo;est pas libéré et s&rsquo;il l&rsquo;est mais ne serait pas en mesure de représenter son client, ce dernier devra retenir les services d&rsquo;un autre homme de loi. Et repayer. Bien sûr, à charge pour le client de se faire rembourser, s&rsquo;il le veut, les honoraires remis éventuellement d&rsquo;avance à Akil Bissessur. Quelle est la procédure ? À l&rsquo;appel de l&rsquo;affaire, le client devra informer la cour que son avocat ne pourra pas le représenter et demandera un renvoi, le temps pour lui de chercher un autre homme de loi. La cour fixera alors une date à laquelle le client déposera une lettre de son nouveau ou nouvelle avocat(e), lettre dans laquelle de nouvelles dates seront proposées. Le magistrat et la poursuite tomberont alors d&rsquo;accord sur une des dates proposées et l&rsquo;affaire sera entendue à cette date.</p>