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SBM Holdings: le secret bancaire bouclier suprême de Sattar Hajee Abdoula
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SBM Holdings: le secret bancaire bouclier suprême de Sattar Hajee Abdoula
Pabari et SBM Kenya ont été les thèmes dominants de la 12e assemblée générale annuelle de SBM Holdings Ltd, qui s’est tenue hier à Ébène. Durant son discours, le président, Sattar Hajee Abdoula, semblait, lui, loin de se soucier de ces polémiques, alors qu’en fait, il faisait du secret bancaire son bouclier.
La tant attendue assemblée générale annuelle de SBM Holdings s’est finalement tenue hier, après son annulation en plein discours du chairman, le 23 juin. Sattar Hajee Abdoula a été vivement interrogé par les actionnaires Raj Seetohul, Bissoon Mungroo, Raj Ramlugun et Nassir Ramtoolah sur divers manquements dans la gestion de la SBM, notamment les pertes de Rs 12 milliards, sur le fait que le chairman luimême a porté deux chapeaux en représentant des intérêts en conflit, la chute vertigineuse de l’action de la banque, la chute de ses profits et son dividende de 20 sous pour les actionnaires mais des fees allant de Rs 3 millions pour les membres du board à Rs 7 millions pour le président lui-même. L’assemblée a eu lieu au siège de Landscope, à Sri Atal Bihari Vajpayee Tower, Ébène.
Plusieurs actionnaires ont critiqué différents aspects de la gestion de la banque. Le seul actionnaire qui a félicité la SBM a commis une maladresse lorsqu’il a dit qu’il peut toujours appeler au téléphone le chairman ou le Chief Executive Officer (CEO) même à une heure du matin. À ce moment, d’autres actionnaires lui ont demandé comment se faisait-il qu’il disposait du numéro de téléphone de ces deux fat cats de la banque.
Lorsque Bissoon Mungroo voulait interroger Sattar Hajee Abdoula à plusieurs reprises sur le conflit d’intérêts entre son rôle comme CEO de Grant Thornton et de chairman de SBM Holdings, il a été promptement interrompu par ce même Sattar Hajee Abdoula, qui s’est caché derrière le secret bancaire, disant que des informations de ce type sont «confidential and privileged». Il a cité de larges extraits de la loi sur le secret bancaire. Il l’a fait d’un ton tellement monocorde que certains actionnaires n’ont pu s’empêcher de dormir. Quand il a fini, la salle s’était vidée de la moitié de son assistance, des actionnaires préférant rentrer chez eux.
Possible procès
À sa sortie, Bissoon Mungroo a déclaré, furieux: «Je ne suis pas du tout satisfait. On n’a jamais répondu à mes questions et on a insisté sur la confidentialité. Mais cela ne peut pas être le cas lorsque la question est déjà dans le domaine public, à la Haute Cour du Kenya.» Et dans les journaux... Un procès n’est pas à écarter, prévient Bissoon Mungroo. «Dans l’immédiat, nous tenons une réunion et consultons nos hommes de loi. Nous devrions décider de la marche à suivre d’ici une semaine.» C’est Raj Ramlugun, ex-cadre d’Air Mauritius et l’un des porteparole de l’association des petits actionnaires de la SBM, qui avait lancé la première salve en s’agaçant ouvertement du long discours d’introduction du chairman. Lorsque Sattar Hajee Abdoula a continué comme si de rien n’était, Raj Ramlugun a quitté précipitamment la salle.
À sa sortie, il nous a fait cette déclaration : «Au lieu de rendre des comptes, on se livre à des louanges routinières et incessantes. Nou pa kapav nek vinn dir pa mwa sa, li sa. Il y a eu des plaintes et un préjudice causé aux actionnaires ainsi qu’au pays puisqu’il s’agit d’une entreprise de l’État. S’il est établi, dans le cadre d’une éventuelle enquête, qu’il y a eu des maldonnes, les mesures nécessaires devront être prises, même s’il s’agit du chairman. Zot bizin démisioné ziska ki lanket fini fer. Ils ne peuvent pas être responsables de cela et en même temps nous sermonner sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire.»
Pour rappel, ce fameux affidavit juré par les frères Pabari et Kotecha au Kenya (voir l’express d’hier et ci-dessous) a apporté de nouveaux éléments troublants dans la gestion par la banque de cette affaire de prêts à risque de Rs 4,5 milliards. Sattar Hajee Abdoula aurait ordonné que le dossier des Pabari soit référé à Grant Thornton, dont il est le CEO. En tant que tel, il aurait aussi conseillé à la SBM d’initier des actions contre le groupe kenyan, conseil qu’il a appliqué comme chairman de SBM Holdings, agissant ainsi en situation de conflit d’intérêts.
Réaction plutôt «soft», en revanche, de Nassir Ramtoolah. Pour lui, cette assemblée était nettement mieux que la dernière fois et la plupart des questions ont été abordées. «Il est néanmoins clair que les administrateurs ou le personnel juridique ont tendance à utiliser une interprétation vague de la clause de confidentialité. I’m no lawyer, but the clause for me covers the affairs of the client, not the affairs of the company. Lorsque l’entreprise doit rendre des comptes à des actionnaires, je comprends que ce n’est pas idéal, étant donné qu’il y a une affaire en cour au Kenya. Je préfère voir les choses évoluer, laisser le conseil d’administration faire ce qu’il doit faire. Si cela n’aide pas, alors ils devront en assumer la responsabilité.»
Sollicité à de multiples reprises pour des commentaires à sa sortie, Sattar Hajee Abdoula n’a souhaité faire aucune déclaration à ce sujet
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