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Perception d’impunité: quand nos «polico» dégagent une image de «krapo»
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Perception d’impunité: quand nos «polico» dégagent une image de «krapo»
Les hommes en uniforme font depuis quelque temps, la une de l’actualité mais la plupart du temps, pas forcément pour les bonnes raisons. Quelles sont les dernières frasques de la police ? Quelle est la perception des Mauriciens à leur encontre ? Comment y remédier ?
La police est souvent – depuis quelque temps et parfois bien malgré elle – au centre de la polémique. Suscitant indignation, colère et même un sentiment de peur chez certains. «On a l’impression qu’ils agissent en toute impunité, qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent sans être inquiétés», lâchent des internautes. Est-ce vraiment le cas ? Qu’en pensent les principaux intéressés ?
Il faut dire que depuis plusieurs mois, nos «polico» traînent plusieurs boulets sur lesquels est écrit le mot scandale. Le 28 mai, plusieurs vidéos montrant des actes de brutalité policière choquaient la population. C’est l’activiste Bruneau Laurette qui les a publiées sur Facebook. À ce jour, les sanctions concrètes se font toujours attendre. En attendant, cela n’est pas sans répercussion. «Maintenant, les suspects crient à la brutalité policière même quand il n’y a rien. Zot servi sa koman pretex pou atir simpati», fait valoir un policier qui compte près de 25 ans de carrière.
Puis, le procédé des opérations de l’Anti-Drug & Smuggling Unit est décrié. Plus récemment celle de la Special Striking Team de l’ASP Ashik Jagai. Lors de l’arrestation du chanteur Raquel Jolicoeur – qui prête sa voix au fameux tube Polico Crapo – en mai dernier, ce dernier a nié posséder d’arme à feu, des explosifs et des munitions qui auraient été retrouvés à son domicile. Il a soutenu que c’était un plan de la police pour le piéger dans le sillage d’une vidéo qu’il avait postée sur TikTok pour dénoncer un haut gradé de l’ADSU. Le membre du groupe 666 Armada a également dénoncé le fait que la brigade anti-drogue avait détruit les caméras de surveillance placées chez lui.
«Même les plus petits leur lancent ‘crapo’ à la figure quand ils passent.»
Chose qui a aussi été notée à Palma le vendredi 19 août, lors de l’arrestation de l’avocat Akil Bissessur et de sa compagne, Doomila Moheeputh. La Special Striking Team a saccagé les vitres, la porte, le lieu de prières et deux caméras CCTV chez les Moheeputh. La raison avancée par la police : c’est pour protéger leur identité. Pour Ranjit Jokhoo, ex-inspecteur de la Major Crime Investigation Team à la retraite après 43 ans de service, avec un mandat de perquisition, la police a le droit de passer outre les obstructions pour arrêter un suspect. «Comme enfoncer une porte. Mais saccager les caméras de surveillance laisse planer un doute dans la tête de la population. Si vous n’avez rien à vous reprocher, vous ne cherchez pas à cacher quoi que ce soit.»
C’est, toutefois, la chanson Polico Crapo – encore elle – qui a fait le plus coasser nos ‘poulets’ à nous. Le 8 juin dernier, un marchand de glaces a allégué avoir été tabassé par des limiers de l’ADSU de Rose-Belle parce qu’il écoutait cette chanson dans son fourgon. Plus récemment, Darren Activiste a été embarqué devant les Casernes centrales alors qu’il alléguait que l’ASP Jagai, de la Special Striking Team, aurait planté de la drogue chez la compagne d’Akil Bissessur, qui se trouvait également être son avocat. Il était en live sur la page Facebook de Radio Mo Pep, dans un véhicule, avec la chanson Polico Crapo en fond sonore…
Puis, mardi, il y a eu le cas de cet adolescent de 17 ans qui a été malmené par un groupe de policiers, qui affirmait que l’adolescent avait balancé des paroles de cette même chanson du groupe 666 Armada, en leur présence, à la gare de Rose-Hill. Un autre élève du même âge avait été giflé à la gare de Flacq parce qu’il écoutait la chanson de la discorde en public, en juin...
Parlons-en, justement, de cette chanson qui visiblement fait grincer des dents au sein de la police. «On est fatigué d’être la risée de tous et de ne pas pouvoir exercer notre travail comme il le faut. Celui-ci était difficile avant. Après l’histoire de torture maintenant ajoutez à cela une chanson écrite par un chanteur arrêté pour trafic de drogue, qui nous colle à la peau», soutient un officier de l’ADSU. Ce der- nier explique que même les plus petits leur lancent «crapo» à la figure quand ils passent. «Le respect est mort. Ou get sa bann tipti-la sant sa, zot konn sa par ker, ou mem ou pa kwrar sa.»
D’autres disent que cela les suit même en dehors du travail. Moqueries, remarques et piques fusent de toutes parts même lors des moments de détente entre famille ou amis. «Ou fatigé travay, ou pé kas enn poz ek bann kamarad, zot komans kriyé ou crapo. Pa seryé. Lerla mem mood gaté....» confient des policiers, lassés et blasés mais loin d’être amusés. D’autres diront qu’ils attendent surtout avec impatience que le public en général oublie ce craze et passe à autre chose. Mais cela tarde à venir…
Ranjit Jokhoo concède que de nombreux Mauriciens n’ont plus de respect pour la force policière. Ce- la n’est pas seulement dû aux polémiques et scandales qui les entourent mais aussi parce que la police est utilisée comme outil politique à outrance par un gouvernement impopulaire. La police n’a plus d’indépendance et doit, selon l’ancien policier, faire un gros travail pour redorer son blason et regagner la confiance de la population. «Par exemple, il faut que la police sache agir avec un voyou et ne pas descendre au même niveau que lui. Si li pe zour ou, ou pa zour li ou osi. Il faut qu’il y ait une ligne de démarcation entre l’individu et la police pour que le respect prime.»
Pour rebooster l’image de la police, il est important de soigner le recrutement et avoir recours à la la formation continue au niveau de toutes les unités. «La discipline est non négociable et les formations doivent évoluer avec leur temps pour plus de résultats. Mé ankor enn fwa, pou redres labar, li pou pran boukou létan.»
Du côté du Police Press Office, l’inspecteur Shiva Coothen assure que tout va bien. «Nous ne constatons aucun manque de confiance de la population envers nous. Nous ne pouvons pas nous fier aux commentaires qui s’affichent sur les réseaux sociaux. Nous n’acceptons que les critiques constructives.» Il estime que la police est sereine et continue à faire son travail avec détermination.
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