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Violence juvénile: quand les petits veulent jouer aux dursaux
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Violence juvénile: quand les petits veulent jouer aux dursaux
La semaine dernière, nous avons été surpris par deux vidéos, dont une montrant deux jeunes grimper à bord d’un bus, à la gare de Rose-Hill, pour en agresser un autre. Tant de scènes de violence postées sur Facebook qui ont soulevé plusieurs questions sur la violence parmi les jeunes, qui est de plus en plus fréquente. Qu’est-ce qui explique ce phénomène ? À qui la faute et comment y remédier ? Tant de questions auxquelles nous répond Rita Venkatasawmy, «Ombudsperson for Children».
Peut-on dire qu’en 2022, les jeunes sont devenus plus violents ?
Oui, les enfants sont devenus plus agressifs. Le constat est là et il ne faut pas se voiler la face. Si on veut résoudre le problème, il faut poser le diagnostic correctement donc oui, ils sont devenus plus agressifs. Attention, quand je dis enfants, je dis aussi les adolescents, ceux qui n’ont pas encore eu 18 ans.
Pourquoi choisissent-ils la violence et sont devenus plus agressifs, surtout après les heures de classe ?
Quand un enfant n’est pas émotionnellement bien avec lui-même et qu’il est violenté, violenté je ne veux pas juste dire se faire taper ou victime d’abus sexuel, violenté veut aussi dire un enfant qui est victime de négligence au sein de sa famille, c’est une forme d’abus. L’enfant qui grandit dans une famille qui a été fragilisée est à risque et instable émotionnellement. Il y a beaucoup de familles fragilisées.
Qu’est-ce qu’une famille fragilisée ?
Quand je dis qu’un enfant grandit dans une famille fragilisée, par famille fragilisée, je veux dire ces enfants qui grandissent avec un seul parent de nos jours peut-être, avec juste leur maman, pour plusieurs raisons, comme une grossesse précoce ou le père qui a abandonné le toit familial. Donc, si cet enfant n’a pas cet encadrement familial approprié et que ses parents ne s’occupent pas bien de lui, il ne se sentira pas bien dans sa peau. Quand quelqu’un n’est pas bien dans sa peau, les risques qu’il devienne violent sont énormes. Donc à Maurice, on doit quand même se rappeler que beaucoup de nos enfants grandissent dans des familles très fragiles. Maintenant, ces actes de violence ne sortent pas qu’à l’extérieur, genre après les heures de l’école ou à l’école mais aussi à la maison.
J’ai vu la vidéo où un enfant comme moi se faisait taper par un policier. Est-ce qu’un policier a le droit de me frapper même si j’ai été méchant ?
Écoute, on ne résout pas la violence par la violence. Depuis des décennies, l’United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO), qui cherche à instaurer la paix par la coopération internationale en matière d’éducation, de science et de culture, a dit que le but de l’éducation c’est de promouvoir une culture de paix. La violence ne se résout pas par la violence. Bien sûr, on doit donner des signaux très forts à tes amis et toi, petit. Je suis la première à dire que les enfants doivent être disciplinés. De la discipline positive.
Est-ce que mes parents ont un rôle à jouer ?
Oui, la famille, d’après la convention relative aux enfants, est une unité très importante pour le développement d’un être humain. Le rôle de tes parents est primordial car ce sont tes parents qui te donnent ta stabilité. Par contre, quelques parents ne peuvent plus assumer ce rôle pour plusieurs raisons. Aujourd’hui, il faut qu’il y ait le soutien de la f ami l l e dans le rôle de parent dans le temps. Il faut que les familles soient bien encadrées par des travailleurs sociaux indépendants ou des organisations non gouvernementales. Les familles qui ont eu ces soutiens ont, dans beaucoup de cas, pu aider leurs enfants à remonter la pente et cela a aidé à réduire la violence au sein de la famille. Quand on réduit la violence au sein de la famille, cela se reflète dans la société.
Quel est votre conseil aux mineurs qui ont recours à la violence ?
Ils doivent pouvoir maîtriser leurs émotions mais mon conseil seul ne suffira pas. Quand quelqu’un est animé par la colère, il faut une thérapie pour maîtriser cette colère. Quand un jeune est devenu très agressif, il ne faut pas avoir peur de se tourner vers une thérapie. Pour maîtriser sa colère, il faut avoir recours à une thérapie. Jeune fille ou jeune homme, si tu veux maîtriser tes émotions, demande à tes parents de t’aider et eux, ils sauront vers qui se tourner, comme au ministère de l’Éducation où il y a des travailleurs sociaux et même des psychologues.
L’autorité dans les écoles a changé au fil des années. Est-ce pour cela que les enfants préfèrent résoudre eux-mêmes leurs différends sur les gares ?
Cette question est très vaste. Beaucoup d’écoles font beaucoup des efforts pour encadrer leurs enfants et elles le font bien dans certains cas. La période de l’adolescence est une période extrêmement difficile et, en une fraction de seconde, les choses peuvent dégénérer parce que justement c’est un adolescent qui vit des changements mentaux et physiques et il va chercher à s’affirmer. La police aura son rôle à jouer dans les rues pour maintenir l’ordre et la discipline mais je le redis, le problème est plus profond. On doit, par exemple, isoler le jeune concerné par la violence, l’écouter pour savoir quel problème il a pour pouvoir l’aider. Au final, le mot d’ordre c’est de toujours pouvoir gérer ses émotions.
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