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Détournement: énième accusation contre le banquier Álvaro Sobrinho
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Détournement: énième accusation contre le banquier Álvaro Sobrinho
Après son inculpation en mars pour détournement de fonds destinés à un projet de construction de logement en Angola, Álvaro Sobrinho, banquier bien connu et estimé à Maurice, sera poursuivi au Portugal pour la chute de la Banco Espírito Santo.
Le ministère public du Portugal a, en juillet, établi un acte d’accusation contre Álvaro Sobrinho non seulement pour détournement de plusieurs millions d’euros mais aussi pour fraude aggravée, abus de confiance et blanchiment d’argent. On lui reproche d’avoir fait perdre 5,7 milliards d’euros à la succursale angolaise de Banco Espírito Santo Angola (BESA) qui a dû fermer ses portes, entraînant dans sa chute la maison mère portugaise.
Après cette inculpation et la confiscation du passeport portugais de Sobrinho, l’ex-députée Ana Gomes, qui mène un combat inlassable contre la corruption, a tweeté le message suivant : «Pourquoi avoir confisqué seulement le passeport portugais de Sobrinho. Et les autres, que l’on achète dans certains pays qui mettent en vente des golden visas…»
Les autorités portugaises s’étaient, en 2012, intéressées à l’acquisition par Sobrinho de six appartements au complexe résidentiel d’Estoril Sol à Lisbonne, avec un paiement initial de 9,5 millions. En juillet 2014, le journal portugais Expresso rapportait que la banque angolaise ne savait pas qui étaient les bénéficiaires des prêts de 5,7 milliards de dollars accordés lorsqu’Álvaro Sobrinho était Chief Executive Officer de la banque, qu’il quitta en octobre 2012.
Berlines et bungalows offerts
Pour Karina Carvalho, directrice de Transparency International du Portugal : «Il est clair que la BESA a été utilisée pour financer la cleptocratie angolaise. No one is accountable, and no one seems to care.» Pourtant, sous Sobrinho, la BESA avait reçu plusieurs trophées comme le World Finance Award et le Global Finance Magazine’s Award pour avoir été la meilleure banque d’Angola en 2008, 2009, 2010 et 2011.
À Maurice, Álvaro Sobrinho était soupçonné de corruption de certains hauts placés. À la suite de la remise d’une lettre pas si anonyme que cela par le Premier ministre à l’Independent Commission against Corruption (ICAC), l’homme d’affaires angolais avait été convoqué par la commission anti-corruption en août 2018. Cependant, le report on departure sera levé quelques jours après et Sobrinho a pu quitter le pays aussi libre qu’il était venu. Avec recul, on réalise maintenant que tout le tamtam fait autour de cette convocation n’était que de la poudre aux yeux. Ou alors avait pour but de menacer certains «amis» au pouvoir. Cela semble désormais plus que probable après les récentes révélations autour de cette même lettre «anonyme». L’ICAC a fait ses preuves d’ailleurs en la matière en plusieurs occasions par la suite.
On se rappelle des quatre Range Rover et trois Jaguar valant Rs 40 millions en tout offertes à des «people politically exposed». Sobrinho avait bien fait rire en déclarant que ces véhicules étaient destinés aux cadres de sa société immobilière Vango Properties. On se disait à l’époque qu’il était décidément un patron idéal et généreux. Jusqu’à ce que l’on découvre que ces cadres avaient déjà quitté le pays depuis un an. Et l’on n’avait pas fait grand cas de l’usage d’une des voitures par Dass Appadu, abandonnée par la suite dans le parking de l’entreprise. «Pa pou mwa sa!» disait-il, même si l’immatriculation correspondait bizarrement à sa date de naissance et à son prénom. L’ancien secrétaire à la présidence s’est sorti, lui aussi, «scot-free» de l’affaire Sobrinho.
On parle ces jours-ci aussi de bungalows offerts à Maurice et au Portugal à certaines personnalités à Maurice. Un de ces bungalows dans le Nord est d’ailleurs notoirement connu pour appartenir à un ancien ministre. «Mais allez prouver que c’est ce monsieur qui en est le propriétaire !» nous dit une source.
Même le journal The Resident du Portugal était tombé en pâmoison devant «la détermination (de nos autorités) à avoir eu le courage d’inculper Sobrinho alors que les autres pays avaient échoué». Le journal portugais n’avait cependant pas commenté le départ de Maurice en homme libre de Sobrinho. Déçu et honteux sans doute de s’être laissé pris au piège par tout ce cinéma à l’ICAC ?
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