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Décès du basketteur Krishen Valaydon: The last shot
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Décès du basketteur Krishen Valaydon: The last shot
Ce qui devait être un grand moment du basket local a viré au cauchemar, mardi. Krishen Valaydon, un joueur de 38 ans, mais aussi un père et un époux, est décédé à la suite d’un choc violent avec un autre joueur. L’autopsie a attribué son décès à une insuffisance cardiaque. Ce drame permet déjà d’entrevoir des lacunes sur le suivi médical des sportifs et l’encadrement médical lors des matchs. Pour que la mort de Krishen Valaydon ne soit pas vaine, il faudrait qu’une enquête établisse les manquements et situe les responsabilités. Et, surtout, que des mesures correctives soient prises.
Il entamait un match d’anthologie sous les couleurs de l’équipe de Forest-Side et disputait la deuxième journée de la Super League face à son ancienne équipe Curepipe Starlight. Krishen Valaydon, basketteur âgé de 38 ans, s’en est allé, à la suite d’un choc lors d’un match mardi soir. L’autopsie a attribué le décès à une insuffisance cardiaque.
Le drame s’est déroulé mardi vers 20 h 30 au gymnase de Phoenix. Un match d’anthologie opposait l’équipe de basket de Forest-Side à celle de Curepipe Starlight, un choc des titans. Ce match était encore plus important car il marquait la deuxième journée de la Super League, mais aussi le deuxième match de Krishen Valaydon sous les couleurs de Forest-Side après son transfert de Curepipe Starlight. Il jouait contre son meilleur ami d’enfance, Clady David.
«On a fréquenté le collège Impérial et déjà, au collège, on jouait au basket. Nous étions inséparables. Le basket nous a menés à plusieurs aventures. On a même intégré l’équipe de Starlight ensemble», confie Clady David en se remémorant son cheminement avec Krishen Valaydon. Ensemble, ils étaient très forts et étaient des joueurs très redoutés et respectés de leurs équipes. Clady David se souvient des dernières minutes de son ami Krishen Valaydon.
«Match-la ti mari intans. Ti res 20 ségonn pou fini é Forest-Side ti pé gagné par enn pwin lavans. Enn kout inn ariv sa kolizion-la, nou’nn trouv li tonbé.» Clady David était dans les gradins à ce moment-là, ayant disputé les premières minutes du match sous les couleurs de Starlight. «Nous avons accouru sur le terrain et je me suis empressé de vérifier le pouls de mon ami, qui était très faible. Ses pupilles étaient dilatées. J’ai appelé les urgences. L’attente se faisait longue. Il n’y avait pas de civière et c’est sur une table qu’on a dû le transporter à l’hôpital. Quand j’ai vu que Krishen saignait du nez, j’ai eu peur. À un moment, en route, alors que je le tenais par la main, je l’ai vu prendre une grosse respiration. J’ai cru qu’il allait s’en sortir car c’est un battant, malheureusement, la vie en a décidé autrement.»
Clady David connait personnellement le joueur qui a percuté Krishen Valaydon. Celui-ci est inconsolable. «C’est le copain de ma fille. J’essaie de lui parler pour lui remonter le moral. C’est un accident mais je le comprends et j’essaie de le soutenir.»
Clady David déplore un manque de considération pour les matchs de basket car il n’y avait pas d’équipe médicale présente pour parer à toute éventualité. Il regrette le manque d’assistance qui a causé la mort de son ami d’enfance avec qui il a intégré l’équipe de Starlight à 18 ans.
Krishen Valaydon était aussi un amoureux du volley-ball et de l’athlétisme car il était un bon sprinteur de 100 et de 200 mètres. Il était très respecté pour sa détermination et était vu comme un exemple pour beaucoup. Il était meneur de l’équipe de basket et avait à son actif un palmarès impressionnant. Il avait remporté le championnat international AVCOI avec la sélection de Curepipe, était deuxième lors de la récente compétition inter océan Indien, a remporté plusieurs championnats juniors et minimes ; et avec son ami Clady David, ils ont été champions de Maurice pour la première division de basket en 2017 et sur le podium en 2018 pour la Super League.
Après son transfert dans l’équipe de Forest-Side, Krishen Valaydon avait prévu de se consacrer à la formation des jeunes de sa région afin de les initier au basket. Clady David se souvient des dernières paroles échangées avec son ami Krishen avant le match fatidique. «Nou ti kozé-riyé. Mo ti dir li ‘hey pa bat nou tro bokou la ein’.» Il se souvient que Krishen avait marqué lors du match contre Forest-Side et qu’il était fan de Kévin Garnett et de Koby Bryant.
Son épouse Karen : «Mo ti dir li inn ariv 38 an la poz inpé li ti dir mwa samem dernié lané li pé zwé la»
Karen Valaydon, l’épouse de Krishen Valaydon, est abattue. Portant, dans les bras leur fille Camille, trois ans, elle n’en revient pas que l’homme qui partage sa vie depuis ses 15 ans n’est plus. En janvier, le père de Krishen Valaydon est décédé à la suite d’un arrêt cardiaque en revenant d’un match de foot. Cet incident représentait une grosse perte pour la famille, dont Krishen était le pilier. Il veillait non seulement sur sa famille mais aussi sur sa mère. Karen Valaydon ne tarit pas d’éloges sur son mari qui, explique-t-elle, faisait tout pour la rendre heureuse.
Hormis le basket, Krishen Valaydon travaillait comme leader pour la compagnie Accenture, alors que son épouse travaille pour une société étrangère. «Depuis le dernier confinement, on travaillait tous deux à la maison. Ça nous a rapprochés. Rien n’est un hasard. Heureusement qu’on a pu en profiter pour passer du temps ensemble», confie-t-elle. «Je ne suis pas allée regarder le match car je devais m’occuper de notre petite. J’étais à la maison quand j’ai reçu l’appel de son ami me disant qu’il a eu un choc lors du match l’opposant à son ancienne équipe de Curepipe Starlight. Je me souviens qu’il venait d’intégrer l’équipe de Forest-Side. Je lui avais dit de trouver une équipe où il se sentait mieux». Krishen aimait le basket et était un bon vivant. Toujours prêt à venir en aide aux autres, il était très apprécié dans sa région. Karen Valaydon relate qu’avant que Krishen ne parte pour le match, elle le taquinait. «Li ti pé al zwé kont so ansien lékip ek so méyer kamarad. Mo ti pé dir li fer atansion pa al tap lamé ar Clady to al pansé li pé zwé dan mem lékip ki twa-la.» Karen Valaydon explique qu’ils avaient plusieurs projets, notamment pour leur fille.
Pas d’enquête au niveau de la police
La police n’ouvrira pas d’enquête pour l’instant après le décès du basketteur Krishan Valaydon. On nous fait comprendre que, pour le moment, il n’y a qu’une entrée faite au poste de police de la localité et que c’est à la Fédération mauricienne de basketball de mettre sur pied un comité pour enquêter en interne sur ce drame afin de mettre en lumière les manquements et situer les responsabilités. Après cette première enquête, il se peut que le dossier soit ensuite référé à la police. Mais, déjà, on sait qu’il n’y avait pas d’assistance médicale présente lors du match.
Manquement médical à deplorer
Le décès de Krishen Valaydon a choqué plus d’un. Comme l’a rapporté l’autopsie, il est mort des suites d’une insuffisance cardiaque. Ce qui interpelle plus d’un concernant ce malheureux incident, c’est l’absence d’un médecin et de first-aiders lors de ce tournoi national. Quid du protocole ?
Selon le Dr Allen Naraidoo, spécialisé en médecine du sport, la présence d’un médecin lors des championnats, peu importe le sport, est indispensable. «Quel que soit le niveau, la présence d’un médecin est très importante. Car à n’importe quel moment, il peut y avoir un accident comme cela a été le cas.» D’ajouter que dans plusieurs disciplines, ce ne serait pas la première fois qu’un tournoi est organisé sans qu’il n’y ait un médecin sur place. «Plusieurs fédérations nationales partent pour des championnats à l’étranger sans être accompagnées par des médecins. Elles ont uniquement des masseurs ou un infirmier. Toutefois, un médecin est très important pour prescrire des médicaments et faire des diagnostics.»
Selon des sources dans le millieu sportif, c’est la Sports Medical Unit (SMU) sous l’égide du ministère de l’Autonomisation de la jeunesse, des sports et des loisirs qui doit s’en occuper. Car, comme il est inscrit sur son site, depuis 1986, la SMU s’occupe de «préserver la santé de nos athlètes et pour améliorer leurs performances, fournir une assistance médicale et des premiers secours lors des compétitions nationales et internationales organisées localement».
Cependant, comme l’indiquent nos sources, il faut que les fédérations fassent appel à la SMU pour qu’elle se déplace. Mais depuis quelques années, leur présence n’est plus gratuite, comme l’a indiqué le président de la Fédération de basket-ball. «Il y a beaucoup de manquements depuis quelques années. Plus rien n’est responsabilisé à haut niveau. Avant que des tournois ne soient organisés, chaque athlète doit fournir un certificat médical attestant qu’il n’a aucune contre-indication pour jouer. Est-ce que la SMU jette un œil sur les certificats médicaux des athlètes des différentes fédérations? Est-ce que cette instance vérifie aussi que chaque fédération fasse le suivi médical des athlètes? Celui qui est décédé avait 38 ans. Depuis l’âge de 35 ans, les athlètes doivent faire des tests plus poussés. Est-ce que cela a été conseillé, fait et vérifié?» se demande notre source. Nous avons tenté d’avoir la version de la SMU à ce propos. Un préposé nous a indiqué qu’il fallait chercher des réponses du côté de la fédération. Sans plus.
Il nous revient de plus que le match se déroulait dans un cadre atypique. Alors qu’un match de basket comporte normalement trois arbitres, celui opposant Curepipe Starlight à Forest-Side ne comportait que deux arbitres. Le gymnase n’était pas équipé de civière, et n’a pas d’équipe d’assistance médicale de garde alors qu’il abrite trois fédérations dont celles de handball, basket et de tennis de table. Le retard du SAMU est aussi décrié, car ce n’est qu’une fois en route pour les urgences que Clady David affirme qu’il a croisé l’ambulance.
Les questions liées à la sécurité des sportifs refont surface
Le basket-ball mauricien est en deuil à la suite du décès de Krishen Valaydon, survenu mardi soir, à quelques secondes de la fin du match qui opposait son équipe, Forest-Side SC, au Curepipe Starlight Sporting Club (CSSC). L’autopsie en a attribué la cause à une insuffisance cardiaque («heart failure»).
Ce malheureux événement a soulevé quelques interrogations sur la sécurité des athlètes, que nous avons abordées avec le président de la Fédération mauricienne de basket-ball (FMBB), Hedley Han. Il a d’emblée exprimé sa tristesse par rapport à ce qui s’est passé et a tenu à présenter, en son nom personnel et celui de tous les membres de son comité, ses sympathies à la famille de Krishen Valaydon.
Un des points évoqués par les observateurs est l’absence sur les lieux, mardi soir, de secouristes. Hedley Han a dit ceci : «C’est un sujet compliqué. Le budget dont nous disposons ne nous permet malheureusement pas d’assurer la présence de secouristes à tous les matches.» Et la Sports Medical Unit (SMU), au moins un officier de cette unité n’est-il pas censé être présent sur les sites sportifs les jours de compétitions ? «Il faut savoir que le service du SMU n’est pas gratuit. Je ne peux pas vous dire le tarif exact dans l’immédiat mais je sais qu’il est assez élevé. Donc, le problème est le même, si on doit les faire venir à chacun des matches du championnat, cela représentera une grosse somme. Je tiens toutefois à préciser que selon les statuts de la Fiba (NdlR : Fédération internationale de basket-ball), chaque équipe doit être accompagnée d’au moins un secouriste lors de ses rencontres.»
Cela étant dit, la responsabilité de la fédération est donc engagée dans le sens que nous savons que beaucoup d’équipes n’ont pas de secouristes mais elles viennent au gymnase et sont quand même autorisées à jouer. A cela, Hedley Han affirme : «Nous savons ce qu’est le contexte local. Nous n’avons pas une ligue professionnelle. On joue particulièrement par passion du basket. Toutefois, ce qui est arrivé mardi soir exige que l’on s’asseye autour d’un table pour discuter des mesures de sécurité.» En ce sens, il se rendra, aujourd’hui, au ministère de l’Autonomisation des jeunes, des Sports et des Loisirs, accompagné de Jay Russeawon, l’arbitre de la rencontre de mardi soir, pour une réunion avec les officiers.
Qu’en est-il de l’assurance des joueurs ? «Tous les licenciés de la fédération sont couverts par une assurance. Celle-ci couvre l’aspect médical. Par exemple, s’il arrive qu’un joueur se blesse durant un match ou une autre activité organisée sous l’égide de la FMBB, les frais des traitements sont assurés jusqu’à un certain plafond. La police d’assurance fait aussi provision pour une compensation en cas de décès.»
Hedley Han poursuit en précisant que la FMBB exige, préalablement au début de la campagne, un certificat médical de chaque joueur attestant leur aptitude physique. «C’est une condition sine qua none à l’émission de la licence.» Krishen Valaydon, dit-il, avait soumis le sien à la fédération.
Le championnat sera-t-il suspendu, en attendant que tout ce qui a trait à la sécurité soit tiré au clair ? «Le match de ce soir, oui, définitivement (NdlR: Malherbes Harlems A vs PAS Mates). Pour ceux programmés durant le week-end, la question sera débattue lors d’une réunion du comité prévue samedi.»
Pour rappel, Krishen Valaydon est tombé à la suite d’un contact avec un joueur de l’équipe adverse. Il s’est relevé pour s’écrouler quelques instants après. Ceux sur place ont essayé de le ranimer en attendant l’arrivée du SAMU. Mais, comme celui-ci tardait, on l’a transporté à l’hôpital Candos où un médecin a constaté son décès.
Henri Hon Pin, assistant-coach de Forest-Side SC : «Triste et choquant»
«C’est dur. Très dur. Nous avons perdu un ami, un frère. Tous les membres de l’équipe sont encore sous le choc», dit Henri Hon Pin, assistant-coach de la formation de la Ville lumière. Krishen Valaydon, ajoute-t-il, vouait une véritable passion au basket. Il a pratiqué cette discipline durant environ deux décennies. Il avait rejoint le Forest-Side SC depuis quelque temps après quelques saisons passées au Curepipe Starlight. Décrit comme un bon vivant par Henri Hon Pin, Krishen avait 38 ans. Il était marié et père d’une fillette de 3 ans.
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