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Opposition: la vague des démissions gagne le Parti travailliste

9 septembre 2022, 12:00

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Opposition: la vague des démissions gagne le Parti travailliste

Dans la tragédie des défections, le MMM ne se sentira plus seul, car depuis le début de cette semaine, un vent étrange pousse certains au Parti travailliste à mettre les voiles loin des Rouges. Un phénomène qu’on attribue aux débaucheurs patentés du parti Soleil.

Après les Mauves… c’est la saison des Rouges. Le Parti travailliste (PTr) a enregistré plusieurs démissions cette semaine. Parmi les démissionnaires, sa secrétaire générale sortante, Kalyanee Juggoo, qui claque la porte de ce parti après 35 ans. D’ailleurs, elle a tenu une conférence de presse hier pour parler de son départ. Elle affirme que c’est un manque de considération à son égard qui l’a poussée à prendre cette décision. Au PTr, on maintient que c’est plutôt le refus de lui garantir un poste de secrétaire général et une investiture lors des prochaines élections générales qui est à l’origine de son départ.

De plus, les membres des Rouges indiquent que les démissionnaires auraient été appâtés par l’homme d’affaires Rakesh Gooljaury, proche de Pravind Jugnauth. Il a la réputation d’être à l’origine de plusieurs défections au sein de l’opposition. L’homme d’affaires a, pour sa part, fait savoir à l’express qu’il n’est pas derrière les démissions du PTr. Les membres du parti assurent que Kalyanee Jugoo se rapprochera du Mouvement socialiste militant (MSM) prochainement et elle pourrait avoir le poste de haut-commissaire en Inde avec le départ de Maya Hanoomanjee. D’ailleurs, Jean Harel Lamvohee, un des proches collaborateurs de Kalyanee Jugoo, également démissionnaire, a donné le ton hier lors de sa conférence de presse. L’ancienne secrétaire générale du PTr a même dû l’interrompre. «Mo aret la. Kalyanee pe dir ki mo inn koz bokou», a-t-il déclaré.

En effet, pendant une dizaine de minutes, Jean Harel Lamvohee a chanté la gloire du gouvernement. «Je suis dans la construction depuis longtemps. Je n’ai jamais vu autant de développements dans ce pays. Maintenant, l’opposition vient de dire qu’il faut arrêter les développements. Cela affectera l’emploi et les quincailleries par exemple. Nous ne pouvons pas changer une équipe qui gagne. Nous ne pouvons pas jouer avec l’avenir de nos enfants. La pandémie de Covid-19 a été bien gérée. Le Metro Express est une fierté. Je viens de passer dans le nord, je n’ai jamais vu autant de touristes dans le pays», a-t-il dit, avant que Kalyanee Jugroo ne l’interrompe. D’ailleurs, à une question d’un journaliste concernant son opinion sur Pravind Jugnauth, elle a déclaré : «Je ne vois pas la population injurier le Premier ministre comme elle le fait pour d’autres.» Dans son intervention aux côtés des démissionnaires, Ashok Aubeeluck parle même du «soley ki briye».

Au PTr, une source nous affirme qu’il ne serait pas étonnant de voir d’autres dé- missions au PTr pendant les prochaines semaines, ayant eu des informations que des émissaires du MSM sont à l’œuvre dans différentes circonscriptions. Un travailliste nous a fait cette déclaration : «Il y a eu 2 500 demandes pour intégrer le comité exécutif. Nous n’avons choisi que 400 membres. Il y a donc 2 100 personnes environ qui sont déçues. C’est tout à fait normal qu’avec son argent et l’appât du gain, le MSM puisse convaincre une quinzaine de frustrés sur 2 100 personnes déçues.» Parmi ceux qui ont rejoint le groupe de Kalyanee Juggoo, il y a un certain Gopee, habitant de la circonscription n°16, Vacoas-Floréal. La députée du PTr, Stéphanie Anquetil, ne nie pas que c’était un membre de son parti. «Nous ne l’avons pas vu ces cinq dernières années. Ce n’est que tout récemment que j’ai appris que sa candidature pour être membre du comité exécutif du PTr a été rejetée. Je crois que c’est la frustration qui l’a poussé à prendre cette décision. D’ailleurs, c’est un ami de Kalyanee Juggoo», rappelle-t-elle.

Le PTr est persuadé que les prochaines démissions pourraient venir de la circonscrip- tion n° 11, Vieux-Grand-Port/ Rose-Belle, où des proches du gouvernement tentent de débaucher. D’ailleurs, un groupe de sympathisants avait exprimé sa colère à l’issue du congrès national du PTr le 28 août. L’un d’entre eux avait même déclaré qu’il allait soutenir le MSM. Agacé, le leader des Rouges, Navin Ramgoolam, avait invité ceux qui veulent rejoindre le MSM à le faire.

Par ailleurs, l’équipe de débaucheurs du MSM tente de convaincre deux membres du comité central du Mouvement militant mauricien de démissionner afin de montrer que les membres de ce parti sont contre tout rapprochement avec le PTr. Nous avons contacté un membre de la direction du MMM qui a indiqué ne pas être au courant de cette manœuvre. «Tout ce que je sais, c’est que le MSM tente de débaucher en ce moment chez le PTr après la sortie de son leader.»

De son côté, le Reform Party a également enregistré une démission. Rama Ersapah a quitté le parti de Roshi Badhain durant la semaine. Il semblerait qu’une divergence de vue entre lui et la direction de son parti soit à l’origine de ce départ. Le leader du Reform Party n’a pas souhaité réagir. Cependant, des rumeurs circulaient parmi les membres de l’opposition que Rakesh Gooljaury aurait approché Roshi Badhain pour que le Reform Party s’associe au MSM. «Je n’ai rien entendu sur cette histoire», s’étonne-t-il, ajoutant que ce sont des rumeurs.



Questions à Kalyanee Juggoo : «J’ai reçu des propositions…»

Lors de sa conférence de presse, Kalyanee Juggoo, qui était secrétaire générale du Parti travailliste jusqu’à mardi, a été critique envers un article qui lui a été consacré dans notre édition de jeudi. A l’issue de la rencontre, nous sommes tombés d’accord pour une miniinterview. Kalyanee Juggoo dit regretter ses propos. Voici que ce qu’elle nous a répondu, et à d’autres questions, dont une posée la veille sur sa possible nomination en Inde.

Vous avez critiqué «l’express» lors de votre conférence de presse. Avez-vous lu l’article en question ?
Franchement, j’ai commencé à le lire quand j’ai reçu des appels téléphoniques qui se sont enchaînés. Finalement, je n’ai pu poursuivre ma lecture.

Juste pour vous rappeler que l’article ne vous critique pas comme vous avez fait mention et souligne même que vous êtes une femme de terrain, même si souvent cela n’est pas visible !
Alors si vous me le dites, donc je m’excuse auprès de l’express et quand j’aurai l’occasion je le dirai en public.

Dites-nous maintenant, avez-vous rencontré des émissaires du MSM avant votre démission ?
Non. Mais je peux vous dire que j’ai reçu des propositions…

…De la part du MSM ?
Comme je l’ai dit en conférence de presse, ne comptez pas sur moi pour vous faire des annonces aujourd’hui. Je réfléchis. Il se peut également que j’aille poursuivre mes études à l’étranger.

Votre ancien «campaign manager», Jean Harel Lamvohee, a fait les louanges du gouvernement. Donc tout laisse croire que vous allez vous joindre au parti du gouvernement ?
Il assume ses propos. Comme je vous l’ai dit, je réfléchis sur mon avenir politique actuellement.

Mais vous avez dit que le leader du MSM est jeune, est à l’écoute et n’est pas arrogant
Oui, j’assume ce que j’ai dit. Et je n’en dirai pas davantage.

Vous n’avez pas été dure envers votre ancien leader, Navin Ramgoolam. Pourquoi ?
Je ne suis pas ce genre de personne qui, dès qu’elle se sépare, commence à émettre des critiques. Il y a certaines choses que je n’ai pas appréciées et je les ai soulignées lors mon intervention. D’ailleurs, je lui ai parlé avant de lui envoyer ma lettre de démission. Et j’ai appris que j’étais libre de partir. Mais j’espère qu’il ou d’autres membres du Parti travailliste ne me critiquent pas sous la ceinture, sinon je leur répliquerai.

Si vous aviez été reconduite à votre poste de secrétaire générale, auriez-vous démissionné ?
Depuis la semaine dernière, je vous ai dit que je veux céder la place aux autres. Ce n’est pas une question de poste. Mais comme je l’ai avancé lors de la conférence de presse, certains au PTr n’avaient pas de considération pour moi. On me mettait de côté. Jamais ma photo ne paraissait avec eux. On ne m’informait pas quand il y avait des conférences de presse. Com- ment rester au sein de ce parti ?

Mais pourquoi à la veille de la passation du poste de secrétaire générale, vous avez décidé de démissionner et non avant ?
Vous savez très bien qu’il y avait le Covid et les activités du parti étaient au point mort. Ce n’est pas dans un moment pareil qu’on quitte un parti. Tout est retourné à la normale. C’est maintenant que je devais prendre une décision et je l’ai prise.

Est-ce que tout le «Constituency Labour Party» (CLP) du n°4 a démissionné ?
Ce CLP n’existe plus. Quand je n’avais pas reçu de ticket en 2019, tou finn devir anba lao.

Vous aviez dit que bien que vous n’ayez pas reçu de ticket aux dernières élections générales, vous avez été appelée à signer sur les formulaires des candidatures. Sans doute l’avez-vous fait avec des regrets ?
Je ne suis pas ce genre de personne qui va refuser d’assumer mes responsabilités. En tant que secrétaire générale, j’ai fait ce que je devais faire. Oui quelque part, j’avais une certaine tristesse.

Aujourd’hui vous êtes bien entourée. Pourquoi tant de gens, même des bébés, à cette conférence de presse ?
Ils sont venus par eux-mêmes. Il n’y pas eu de transport qui a été mis à leur disposition et ils n’ont pas été payés. Oui certaines mères ont emmené les bébés avec elles. D’autres souhaitaient venir, mais il faut de la place pour toutes ces personnes dans la salle.

Il se dit que vous pourriez être nommée à la place de Maya Hanoomanjee, au haut-commissariat de Maurice en Inde, est-ce vrai ?
Ou kapav krwar sa?