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Feuille de route pour le secteur bancaire: accélérer la transformation digitale du paysage financier
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Feuille de route pour le secteur bancaire: accélérer la transformation digitale du paysage financier
Le 55e anniversaire de la Banque de Maurice, célébré officiellement le 8 septembre, a été l’occasion pour des gouverneurs de banques centrales en Afrique et d’officiels de la Banque centrale de réfléchir sur les nouveaux défis posés aux institutions bancaires.
L’avènement technologique couplé à la «disruption» des activités bancaires traditionnelles force les banques centrales à revoir leur mode d’opération pour s’adapter aux défis de l’innovation dans le secteur financier. La célébration officielle du 55e anniversaire de la Banque de Maurice (BoM) a permis justement à un plateau relevé de gouverneurs de banques centrales africaines et d’officiels de la BoM, réunis au JW Marriott Hotel, jeudi, de se pencher sur les nouveaux défis que les institutions bancaires seront appelées à relever à l’avenir. La réflexion avait pour base une nouvelle feuille de route élaborée par la société de consultants Oliver Wyman pour définir les nouveaux contours du secteur financier.
Le gouverneur de la BoM, Harvesh Seegolam, a situé l’enjeu de cette étude sur l’avenir du secteur bancaire à Maurice face à l’urgence de se revisiter et de se remettre en question à la suite de la transformation enclenchée dans ce secteur. Qui, dit-il, doit se montrer résilient et innovateur. Une des recommandations porte sur l’objectif de doubler la contribution du secteur des services financiers au Produit intérieur brut (PIB) à moyen et long termes, le secteur bancaire devant y contribuer la plus grosse part.
Tout en se réjouissant de l’apport de la Mauritius Bankers Association (MBA), des directeurs de banques commerciales et des stakeholders, le patron de la BoM estime que le rapport signé du consultant Oliver Wyman et de son équipe traduit la vision et l’objectif stratégique du secteur bancaire en un plan d’action. De plus, la Banque centrale s’assurera de son exécution avec les acteurs de l’industrie (voir hors-texte).
Pour Harvesh Seegolam, après 55 ans de présence, la BoM doit poursuivre la démonstration de sa force institutionnelle et assurer la stabilité macroéconomique du pays. Une démarche qui doit se faire en parallèle à sa stratégie de modernisation, notamment le projet de revoir son cadre légal pour mieux s’adapter à l’évolution du secteur bancaire à l’échelle mondiale. À cet effet, il rappelle les progrès significatifs accomplis dans le toilettage du nouveau Bank of Mauritius Bill qui a bénéficié de l’expertise du Fonds monétaire international (FMI) pour sa préparation. Il précise que le nouveau texte de loi est prêt et sera soumis au gouvernement le mois prochain.
Politique monétaire
Autre priorité de la BoM : le remplacement de son cadre actuel de politique monétaire, datant de 2006, par un nouveau cadre tourné vers l’avenir, plus flexible pour cibler l’inflation et adapté aux réalités actuelles de l’économie mauricienne. Le nouveau cadre renforcera, dit-il, l’efficacité de la politique monétaire, avec un mécanisme amélioré de transmission. En même temps, la Banque centrale renforce sa surveillance des risques pour préserver la stabilité financière.
S’il se félicite de l’intervention financière de la banque pour sauver les entreprises victimes de la crise sanitaire par le biais de mesures conventionnelles et non conventionnelles, le gouverneur se réjouit que le système bancaire ait pu sortir indemne de cette crise avec un niveau de réserves appréciable. Il rappelle qu’à ce jour, la BoM a injecté USD 3,3 milliards sur le marché FOREX pour contenir la volatilité excessive liée au taux de change. Par ailleurs, même si les risques d’un dysfonctionnement du marché financier ne sont pas à l’ordre du jour, la BoM Tower doit aujourd’hui lutter contre d’autres défis, nommément une inflation galopante et des incertitudes face aux perspectives économiques sombres au niveau mondial.
Un des plus gros chantiers de la BoM demeure incontestablement l’avènement de la roupie digitale. Harvesh Seegolam a donc tenu de rappeler les étapes déjà parcourues avant que le projet de Central Bank Digital Currency (CBDC), la création d’une roupie digitale, ne devienne une réalité très prochainement. Cela viendra transformer, selon lui, «our currency and payment ecosystem». Dans la foulée, le gouverneur a fait une plaidoirie auprès de ses homologues africains pour qu’ils travaillent à la mise en place d’une plateforme régionale en utilisant le CBDC pour des paiements transfrontaliers.
La transformation digitale dans laquelle la BoM s’est embarquée sera reprise par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, dans son intervention à cette Governors’ Meet. Grâce à l’appui de plusieurs autres banques centrales et du FMI, il croit savoir, dit-il, que le projet pilote sera prêt d’ici la fin de l’année et note que cette mesure s’inscrit dans la stratégie du gouvernement visant à promouvoir la FinTech en tant que nouveau moteur de croissance. «La possibilité d’avoir des banques 100 % digitales à Maurice favorisera l’innovation financière, offrira une plus grande offre de produits aux Mauriciens et accompagnera le processus d’inclusion financière.»
La Banque centrale a su, depuis sa création en 1967, accompagner le pays dans toutes les étapes de sa transformation économique et financière. Le ministre cite le contrôle des changes qui a été progressivement libéralisé et suspendu avec la suppression du contrôle des capitaux en juin 1994. Le secteur des services a si bien prospéré, qu’il a apporté une contribution moyenne d’environ 75 % à la valeur ajoutée brute de l’économie au cours de la dernière décennie.
Vecteur de croissance
Ainsi, le ministre s’appuie sur ce postulat pour rappeler l’exemple du secteur bancaire mauricien, qui compte aujourd’hui 20 banques commerciales et représente un puissant vecteur de croissance et d’emplois qualifiés. À cet égard, il précise que les investissements directs étrangers (IDE) transitant par Maurice à destination du continent africain soutiennent 4,2 millions emplois. Ils contribuent également aux recettes fiscales à hauteur d’environ USD 6 milliards par an, soit 2,5 % de l’ensemble des recettes fiscales en Afrique.
Avec le recul, le ministre Padayachy constate que le pays a traversé la pire crise qu’il a dû affronter, avec des frontières et des segments entiers de l’économie fermés. «Nous avons connu deux contractions, de -6,9 % pour l’année fiscale 2019-2020 et de -5,4 % pour l’année fiscale 2020-2021 ; mais aussi d’un flux annuel de touristes qui est passé de 1,3 million de touristes en 2018-2019 à quelque 3 000 touristes en 2020-2021, soit un manque à gagner de Rs 100 milliards d’apport en devises étrangères.»
Aujourd’hui, Renganaden Padayachy observe que l’économie mauricienne a renoué avec la croissance, avec des perspectives positives. Il cite la croissance du PIB qui s’établira au-dessus de la barre de 7 % en 2022 et de 5 % en 2023 ; la barre du million de touristes qui devrait être à nouveau franchie en 2022 ; le chômage passant de 9,1 % en 2021 à 7,8 % en 2022 ; les investissements directs étrangers qui dépasseront Rs 20 milliards en 2022, soit une augmentation de 30 % par rapport à 2021.
Le ministre des Finances est revenu par ailleurs sur les mesures «qui ont amplement servi leur but et qui, par leur nature exceptionnelle, ne seront pas reconduites». Notamment le one-off grant qui a permis au gouvernement d’accroître sa marge de manœuvre pour atténuer les effets de la crise. Ou encore la création de la Mauritius Investment Corporation, des outils qualifiés comme étant «de formidables remparts contre la crise».
Le chiffre
<p><strong>2 millions </strong></p>
<p>D’après le ministre du Commerce, les Mauriciens consomment 2 millions de litres d’huile par mois. Sur une population de même pas 1,3 million d’habitants, cela fait 1,5 litre par mois par habitant, tous âges confondus !</p>
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