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Construction: haut risque et faible marge

21 septembre 2022, 18:00

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Construction: haut risque et faible marge

Un tableau de la situation actuelle de l’industrie de la construction au niveau mondial et local a été brossé par la plateforme commune, comptant quatre parties prenantes du secteur, qui se sont rejointes pour mieux faire entendre leur voix sur les sujets d’intérêt commun car l’industrie a été négativement impactée.

Cette plateforme commune réunit la Building and Civil Engineering Contractors Association (BACECA), la Building Materials Manufacturers Association (BMMA), l’Association of Contractors (ASSC), et la Mechanical and Electrical Engineering Contractors Association (MEECA). La plateforme, rencontrée jeudi, veut tirer la sonnette d’alarme sur les réalités des petites, moyennes et grandes entreprises. 

Le chiffre d’affaires du secteur de la construction devrait dépasser les Rs 18,7 milliards en 2021 et les Rs 23,3 milliards cette année, boosté par le projet du métro, et devrait davantage s’accroître l’année prochaine avec le projet de logements sociaux. 

Les entreprises du secteur font face à des difficultés existantes et nouvelles dont la plupart se sont aggravées avec les effets multiplicateurs du Covid-19 et de la guerre russo-ukrainienne. Aucun entrepreneur de la construction, petit ou grand, fournisseur ou contracteur, n’est à l’abri de difficultés financières aujourd’hui, a-t-on fait comprendre lors d’une conférence de presse le 15 septembre. Les associations révèlent que l’industrie fait face à de fortes difficultés et de nouvelles contraintes, à de la désorganisation avec parfois des retards de livraison, des problèmes pour répondre aux appels d’offres, ainsi qu’à la trésorerie qui se dégrade pour le moment. Les contracteurs ont beaucoup de mal à gérer leurs entreprises. 

«L’industrie est connue comme étant une industrie à haut risque et à faible marge», a déclaré Ravi Gutty, président de BACECA. Les points qui affectent sévèrement les entreprises de construction ont été soulignés. La BACECA constate que les entrepreneurs locaux sont gravement touchés par une pratique qui est devenue de plus en plus courante ces dernières années, où les ingénieurs ou les chefs de projet modifient excessivement les clauses de conditions, soit partiellement, soit en les supprimant complètement. Le contrat devient ainsi déséquilibré et unilatéral pour convenir très souvent uniquement aux clients, tout en ayant des graves répercussions sur les contracteurs. 

Les risques inhérents sont multiples. «Il y a des erreurs, des omissions ou encore des modifications tardives de la part des clients, la non-réalisation des travaux conformément aux contrats, les risques environnementaux, les risques organisationnels et ceux liés à la méthodologie elle-même.» 

Il s’avère que de telles modifications des clauses du contrat imposées aux contracteurs sont injustes car les entrepreneurs sont les seuls à assumer la plupart de ces risques, alors que tout contrat devrait favoriser un partage raisonnable des risques, quel que soit le projet de construction. 

La non-viabilité des contrats à prix fixe est une autre contrainte. Depuis 2020, le coût d’un chantier à son achèvement et à sa livraison est supérieur au budget initial. Dans le contexte économique actuel, le prix des matériaux et de l’énergie est volatil, en particulier pour les produits importés qui dépendent de plusieurs variables dont le coût des matières premières à la source, du fret, et du taux de change. Il est donc «pratiquement impossible pour tout entrepreneur d’estimer l’escalade des coûts pour des périodes dépassant six mois.» La BACECA demande donc que les contrats de construction supérieurs à six mois soient soumis à des clauses de fluctuations de prix jusqu’à ce que la situation économique se stabilise. Deux formules définies ont été proposées à l’EDB pour étudier la compensation des fluctuations des prix dans les contrats. 

Les garanties de paiement et de trésorerie dans le cadre de la réalisation des projets de construction sont un autre problème. Le risque de crédit a considérablement augmenté pour les entrepreneurs, notamment les entreprises privées, alors que les banques et les agences de financement renforcent les contrôles et deviennent plus prudentes pour donner des financements. C’est pourquoi certains pensent que les promoteurs devraient obligatoirement avoir à fournir une certaine forme de garantie de paiement, comme, une garantie bancaire, un lien sur la propriété de construction. Ou encore qu’il faudrait une loi qui empêcherait la vente d’une propriété sauf si tous les paiements sont réglés par le promoteur, ou des conditions dans le contrat qui protègent le contacteur en cas de faillite du promoteur. 

Les contracteurs connaissent des problèmes de trésorerie car de nombreux fournisseurs de matériaux de construction réduisent les facilités de crédit qu’ils accordaient avant la pandémie et demandent des paiements plus tôt en raison des conditions économiques à l’étranger. 

«Il est urgent de raccourcir les délais de paiement pour les contrats en cours, de revoir le montant des avances et le quantum de rétention dans le contexte actuel, afin de permettre aux entreprises de travailler dans des conditions saines», avance Ravi Gutty. «Le problème aigu de trésorerie peut avoir des conséquences très graves et l’entreprise peut être placée en liquidation et mettre la clé sous la porte en seulement quelque mois si les difficultés ne sont pas surmontées.» 

En sus de ces multiples difficultés, les entreprises locales font face à la concurrence de plusieurs contracteurs étrangers. De plus, comme dans d’autres secteurs, une pénurie de main-d’oeuvre qualifiée est à déplorer. Pour le court terme, on considère que le recours à la main-d’oeuvre étrangère est une nécessité. L’association demande donc une réduction des work permit fees qui sont jugés trop élevés. En outre, les modalités de la margin of preference pour les appels d’offres publics annoncés dans le Budget 2022/2023 sont attendues. 

Aux dires du président de BACECA, «La reprise économique est là mais elle n’est pas suffisante. Indéniablement et fort logiquement, le pays va enregistrer une hausse de l’activité dans le secteur de la construction, mais on est encore loin du niveau d’avant la crise du Covid-19. Le contexte économique reste très incertain avec des difficultés à prévoir, surtout pour le coût de l’énergie et des matériaux de construction.»

 

En chiffre

<p>Le secteur de la construction emploie directement 46 900 personnes, et davantage indirectement.&nbsp;</p>

 

 

Situation internationale 

<p>Il y a des perturbations au niveau mondial. Le prix de l&rsquo;énergie et le coût des matières premières sont en hausse suite à l&rsquo;escalade du taux d&rsquo;inflation mondial, aux problèmes au niveau des chaînes d&rsquo;approvisionnement liés à une hausse globale du fret après la reprise post-Covid-19 et les conséquences du conflit entre la Russie et l&rsquo;Ukraine. 75 % des entreprises mondiales de construction ont indiqué des retards dans leurs projets en raison des délais de livraisons plus longs pour les intrants et des pénuries de matériaux en 2021. Les prix des matériaux de construction ont été cette année au plus haut depuis la crise mondiale de 2007 et de 2009. Selon les prévisions mondiales, ces problèmes d&rsquo;inflation et de chaîne d&rsquo;approvisionnement devraient s&rsquo;atténuer dans les années à venir, mais entretemps l&rsquo;impact est énorme.</p>