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Éducation: la pauvreté joue un grand rôle dans l’échec scolaire
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Éducation: la pauvreté joue un grand rôle dans l’échec scolaire
Les examens du School Certificate ont débuté cette semaine. Tous les ans, un certain nombre de candidats échouent à ces épreuves, comme d’ailleurs à d’autres examens. Le cardinal Piat, lors de son homélie à la messe du Père Laval à Ste-Croix il y a une dizaine de jours, s’en est ému. Il s’attriste des 25 à 30 % d’échec aux examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC) et du «mauvais signal» du nombre de ceux qui n’ont pas brillé non plus aux examens du National Certificate of Education (NCE). Dans la foulée, il pointe du doigt un «système pas adapté» aux jeunes. Quid de ceux qui ont connu l’échec au PSAC ou au NCE ? Où en sont certains ?
En écoutant les propos du cardinal Piat, Devi (nom d’emprunt) n’a pas pu s’empêcher de penser à un de ses neveux, Jon (nom d’emprunt), qu’elle a tenté d’aider à maintes reprises, mais en vain. Âgé de 12 ans seulement, Jon est jockey pour un baron de la drogue. Jon était malgré tout voué à un bon avenir. «Mon frère et ma belle-sœur ne sont pas aisés. J’ai toujours tout fait pour leur venir en aide. Zot deux premiers zanfan inn aret lekol boner inn koumans gagne move fréquentation mais moi monn sey aide Jon cuma mo kapav mai malerezma linn tombe li osi», regrette Devi.
Pour elle, c’est le confinement qui a tout fait basculer, car auparavant, le jeune garçon brillait au niveau scolaire ainsi qu’en sport. «Je le faisais venir chez moi pour lui faire faire ses devoirs, etc. mais quand il y a eu le confinement, linn retourn dan so kartier. Ena enn bann gran dimounn inn atire li ar kass fasil.» Jon échoue à ses examens du PSAC. «Il a dit à ses parents qu’il ne continuera pas et comme il apportait de l’argent à la maison, ils ont accepté. Cela me brise le coeur...»
L’encadrement est crucial
Pour Devi, un accompagnement familial et un encadrement sont majeurs pour un enfant qui a connu l’échec scolaire. Selon elle, l’école que fréquentait Jon n’a pas su non plus apporter cet encadrement. «Lorsque l’école a repris après le confinement, Jon m’avait dit qu’il avait du mal à suivre certaines choses et que so miss ti pe gagne nerf kan ti pe pose li questions. Pour Jon, cela a été une raison de plus pour tout quitter.»
Matt (nom d’emprunt), 15 ans, fait partie de ceux ayant échoué aux derniers examens du NCE. C’était la seconde fois qu’il passait ces examens, et comme il a échoué, l’école où il suivait sa scolarité l’a renvoyé.
Pour ce jeune homme, qui pour l’instant est à la maison, le système lui a en effet porté préjudice. «Mo ti kontan aprann, mai deux ans mo panne cav swiv bien, paski kan ti ena konfinnman mo pa ti ena nimero mo bann profeser pou fer klas», explique Matt.
Malgré son jeune âge, l’adolescent est conscient qu’il était un slow learner, mais que c’est justement pour cela qu’il était mis à l’écart. De plus, comme il vient d’une famille «difficile», l’accompagnement scolaire était important pour lui. «J’avais du mal à capter certaines choses mais je voulais comprendre.» Ce qui, selon lui, a aggravé son cas est le Covid-19. Matt révèle qu’il avait attrapé le virus et qu’il a dû s’absenter pendant plusieurs semaines. «Je n’ai jamais pu rattraper mon retard», regrette-t-il.
Selon Edley Maurer, travailleur social à l’ONG Safire, il est en effet regrettable de dire que les cas d’échec ou d’abandon scolaire augmentent de plus en plus. «Les jeunes ont du mal à s’adapter non seulement à la structure de l’éducation mais aussi à la pauvreté. L’éducation est gratuite certes, mais la cherté de la vie pèse aussi sur la scolarité de beaucoup d’enfants.»
Il ajoute que beaucoup de jeunes enfants sont donc attirés par l’argent facile et que des adultes en profitent pour les faire tomber dans des guet-apens, comme les trafics, où il est facile d’avoir de l’argent. «Beaucoup de jeunes et d’enfants dans les quartiers défavorisés ont malheureusement de mauvais role models.» D’ajouter, que malheureusement certains parents aussi préfèrent que leurs enfants abandonnent l’école pour qu’ils puissent contribuer aux revenus familiaux à cause de la pauvreté, comme c’est le cas pour Jon par exemple.
Cependant, Edley Maurer affirme qu’il est bon de faire savoir aux jeunes que l’argent facile n’est pas l’unique porte de sortie à la pauvreté et que ne pas pouvoir continuer sa scolarité n’est pas un drame, ni une raison pour tomber dans de mauvais chemins. Pour cela, les bons role models sont importants. Comme Conchita Anthony, 20 ans.
Cette jeune femme qui travaille aujourd’hui dans une entreprise privée, a arrêté sa scolarité en CPE. «Mo ti passé, mai akoz ti pe gagne problem financier lakaz, mo ban parents inn aret moi lekol.» La jeune fille explique qu’elle est restée pendant des mois à la maison, jusqu’à ce que l’association Safire l’aide à suivre des cours et, par la suite, à obtenir un travail. «Pendant tout ce temps à la maison, je ne me suis pas laissée influencer. Je voulais être différente. Sa travail mo fer la, mo travail avek poule et pourtant mo ti extra per poule mais monn mett mo la peur de coter et zordi mo ankor pe travail», confie-t-elle.
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