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Eau 24/7: une ultime tentative avec Rs 7 milliards à dépenser sans appel d’offres ?
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Eau 24/7: une ultime tentative avec Rs 7 milliards à dépenser sans appel d’offres ?
Bientôt trois ans que la promesse d’eau 24/7 a été faite. Après deux changements de ministre, cinq changements de direction à la Central Water Authority et de nombreux milliards de roupies, Prakash Maunthrooa réussira-t-il ce pari avant les prochaines élections ?
Un ballon-sonde a été lâché dans les médias pour tester sans doute la réaction du public et de l’opposition à la proposition d’avoir recours à la procédure d’Emergency Procurement, procédure qui devient de plus en plus la règle que l’exception. Pourquoi cette urgence à donner Rs 7 milliards à la Central Water Authority (CWA) pour des projets alors que rien n’a vraiment été fait durant ces dernières années sauf les changements de Chief Executive Officer (CEO) ?
Selon un haut placé de la CWA, personne dans l’organisme n’est d’accord pour utiliser cette procédure, sauf un haut cadre. Il semble que même le board ait refilé la patate chaude au Conseil des ministres. «De plus, on voit mal les contracteurs remplacer 400 kilomètres de conduits en fer rouillés et en amiante – il y en a toujours – en trois ans, alors qu’il est déjà difficile de remplacer 50 km en un an.» On nous cite le cas du contracteur attitré de la CWA qui aurait dû exécuter neuf contrats entre 2016 et 2019 pour un montant de Rs 1,9 milliard et qui, valeur du jour, n’en a terminé même pas la moitié. On se demande même s’il ne faudrait pas ouvrir les appels d’offres aux firmes étrangères «comme Larsen & Toubro».
Notre interlocuteur nous fait comprendre que cette entreprise indienne est bien vue par le gouvernement. «C’est vrai, ses travailleurs ne sont pas bien traités, mais le business passe avant tout, et les travailleurs mauriciens ou même indiens après.»
Une autre source à la CWA est outrée par cette initiative : «Rs 7 milliards pour fournir l’eau 24/7 sans passer par des appels d’offres ! Qui financera ? Une banque étrangère ? Où est le plan pour le projet 24/7 d’ailleurs ? En a-t-on préparé un avant de vouloir jeter des milliards dans ce projet ? Ou est-ce maintenant que l’on va le préparer et prétendre une urgence pour contourner la Public Procurement Act ?»
Le plan directeur dans un tiroir
Justement, pour Osman Mahomed, il y a un plan directeur «qui sommeille au ministère des Services publics depuis mai 2021 ! Pourquoi après 16 mois prétexter l’urgence ?» se demande-t-il. «Nous, au Parti travailliste, ne comptons pas laisser faire et nous suivrons de près ce dossier, y compris à la reprise du Parlement.» Le député rappelle que même si on a recours à la procédure d’urgence, le CEO, en l’occurrence Prakash Maunthrooa, «shall evaluate the need for such extremely urgent procurement and decide in the manner to achieve value for money, with due regard to the prevailing circumstances… the procurement contract is awarded to suppliers who have a track record of supplying such goods, works, consultancy services or other services», comme l’exige la directive 60 émise le 30 novembre 2021 par le Procurement Policy Office, «après les abus commis pour les scandales de Pack & Blister et Molnupiravir, notamment».
Maunthrooa ne veut rien signer
Le CEO devra donc endosser toute la responsabilité d’une telle «aventure». Or, nous dit-on à la CWA, Prakash Maunthrooa ne veut signer aucun chèque ni de document important relatif aux contrats déjà alloués. «Cela, même si les avis juridiques internes les ont autorisés. Il faut maintenant référer chaque cas au State Law Office.»
Pourquoi Prakash Maunthrooa fait-il le difficile ? Notre interlocuteur : «Je ne sais pas s’il ne veut pas approuver les paiements aux contracteurs qui ont été sélectionnés avant son arrivée ou s’il se montre trop prudent, mais finalement le travail n’avance pas.» Pourquoi Prakash Maunthrooa se montrerait-il trop prudent ? «Il craint peut-être qu’on lui reproche quoi que ce soit.»
L’on apprend par la même occasion que Maunthrooa serait dans le viseur de certains au Prime Minister’s Office (PMO). Ce serait d’ailleurs pour cela qu’on l’a débarqué de plusieurs conseils d’administration et du PMO et «exilé» à la CWA avec un des projets les plus difficiles à accomplir : la fourniture d’eau 24/7.
Nous avons tenté en vain d’obtenir la version du nouveau CEO de la CWA.
À la CWA, on se souvient en tout cas comment l’ancien ministre Ivan Collendavelloo avait fait croire que le service 24/7 était déjà là. En parlant des réservoirs, bref, en jouant sur les mots.
Pour Osman Mahomed, les arguments proposés pour justifier le recours à l’Emergency Procurement, disant que trop de temps est perdu lors des contestations de contrats alloués, ne sont pas tenables. «Si l’on conteste, c’est qu’il y a matière à le faire. De toute façon, mieux vaut suivre les procédures pour s’assurer de la qualité du travail que de kwi vidé pour être dans les temps avant les prochaines élections ou pour d’autres raisons.»
«Non revenue water»
<p>À la CWA, un haut cadre est sceptique quant à la quantité d’eau perdue et que l’on évalue à 65 %. <em>«Ce chiffre a été estimé par d’anciens ingénieurs de la CWA qui l’ont ensuite rendu public. On prend la quantité d’eau quittant les réservoirs et on retire la quantité pour laquelle on est payé.»</em> Or, <em>«beaucoup de nos ‘Bulk Meters’ dans les réservoirs sont en panne, et cela a toujours été le cas».</em></p>
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